Asie

Thaïlande 2017 - 2

(suite de Thailande 2017 - 1)

Mercredi 22 novembre 2017 - De Khun Yuam à Mae Na Chon, l'étape redoutée et ... redoutable !

C'était l'étape qui m'intriguait le plus dans le circuit. En raison de ce que j'avais pu lire et surtout parce que je visais un kilométrage peut-être un peu trop important au regard du nombre de bosses à franchir et du bipède qui actionnait le moulin qui devait hisser en gros près de 120 kg (bonhomme + mulet + charges sacoches). Le sommeil a été un peu en pointillés pour ces raisons mais j'étais dans des conditions excellentes de confort.
Ce matin, 6h05 le clairon sonne. J'ai eu droit à un breakfast solide (deux oeufs frits, saucisses, plusieurs fruits, tartines, café). J'ai pris trois bananes pour le voyage. Beaucoup de bruits dehors : un car de japonais reprenait la route dès 6h30.
Grosse étape donc avec une dénivellation jamais imaginée et surtout avec des pentes également jamais gravies sur une aussi longue distance et surtout à répétition. J'ai fractionné mentalement en deux parties : la montée jusqu'à l'altitude maximale et ensuite la « descente » vers l'objectif du lieu de restauration et de couchage. Psychologiquement, c'était important pour moi. En gros de 7h à 12h-13h la « montée » et, après, la « descente ». En réalité, il y a eu partout et toujours des montées et des descentes !
Bilan : si j'ai souvent dû pédaler à 3,6 km/h en limite de chute, ce que je n'ai jamais fait dans aucun autre pays, j'ai fait l'étape de près de 75 km dans d'assez bonnes conditions. Ca fait bien longtemps que je n'avais pas mis ma carcasse à surpasser des difficultés. L'étape d'aujourd'hui vaut bien assez largement l'ascension d'un 6000 mètres. J'en sors assez réconforté.
La traversée depuis Khun Yuam passe par une multitude de vallons qu'il faut monter et descendre. Un seul gros groupement d'habitations avec des cultures à peu près partout dans les montagnes avec bien sûr du maïs mais aussi des tomates et des fraises et cela à plus de 1000 mètres d'altitude. Sinon, toute la traversée se fait bordée de forêts.
J'avais imaginé l'étape du soir dans un complexe bambous Hot Coffee totalement à l'écart de village, repéré par booking. Pas facile à trouver : merci la tablette avec la puce gps qui me permet de visualiser ma position sur fond de carte. L'établissement est saturé de ... moustiques mais est conçu de façon très artistique et pragmatique. J'ai droit à un bungalow privé en bambous avec grand lit, salle de bain, moustiquaire, bref de quoi remplumer un bipède aux orteils bien fatigués. L'établissement fait restaurant. Tout pour plaire donc !
Demain, courte étape pour Mae Chaem au pied du Doi Inthanon, point culminant de Thaïlande, que j'essaierai de grimper avec le Mulet après demain.

78 km +2840 m -2919 m

Jeudi 23 novembre 2017 - Mae Chaem, une ville-route …

L'hébergement du Hot Coffee est à recommander par la qualité de l'accueil, de la nourriture, mais aussi par l'ingéniosité artistique de tout ce qui a été bâti dans un lieu où l'on aurait volontiers mis une décharge car en pente à l'aplomb d'une rivière impétueuse. J'ai vu arriver une escouade de jeunes garçons et filles, balai à la main, frotter, nettoyer, ramasser les papiers, dégager les feuilles tombées des arbres ... C'est tout simplement les enfants de l'école chrétienne protestante juste de l'autre côté de la rivière qui comme à l'ordinaire faisaient ce petit travail en apparence sans aucune contrainte. On imagine les enfants de chez nous si on leur demandait de faire pareille chose ... Faut dire que le mari de la directrice du Hot Coffee est, lui, directeur de l'école.
Départ non pas aux aurores mais après avoir pris trois cafés (en général très bon en Thaïlande), mangé deux oeufs et deux tartines de pain confiture. La route est libre. Pas trop de camions comme dans la plupart des pays, mais des pick up, sortes de mulets mécaniques bons à tout faire. La campagne s'ouvre un peu plus que les jours précédents. Les cultures de maïs grimpent les pentes. Les rizières sont au fond des vallons mais aussi en terrasses. Tout se fait à la main ou presque. Mais l'heure de la récolte du maïs a sonné. Quel boulot ! Couper les panouilles, les mettre dans des sacs, les porter sur le pick up qui les conduit au lieu d'égrenage où se trouve un camion 4x4 ou un tracteur équipé de la machine à égréner, un autre pick up se place pour recueillir le maïs égrené tandis qu'un homme hisse les sacs de panouilles, les ouvre, les tend à un autre homme qui les verse dans l'égrenoir. La raffle vole projetée sur une énorme tas qui enfle de plus en plus. Bien sûr tout le monde est masqué. Les vaches voisines accourent et mangent avec délice les résidus. Très beau tableau pour peu qu'on prenne la peine de se poser un peu et de regarder. Tout cela se fait non pas dans des bâtiments d'une quelconque coopérative mais en bordure de champs. Le pick up vidé, l'autre pick up plein des grains de maïs, la machine à égrener s'arrête. Les voitures partent. Les suivantes se mettent en place …
L'étape est très courte aujourd'hui jusqu'à Mae Chaem. Un temple attire mon attention avec un escalier bordé de petites statuettes d'enfants rigolant, bien en chair. Des fonds de bougie restent encore collés au sol. Les lieux sont astiqués avec le plus grand soin. Mais personne …
L'entrée dans Mae Chaem est assez ordinaire voire presque lugubre avec toute une suite d'ateliers et de dépôts un peu glauques. On cherche le centre, en vain. Le repère est finalement un superbe bâtiment de police avec tout à côté une place qui finira par se remplir pour un marché de nuit probablement mais aussi avec une estrade pour grand orchestre avec les préparatifs qui vont bon train. Ce soir, est-ce la fête ? Le marché est au bord de la rivière Mae Chaem du même nom que le village, pas très aguichant bien que très populeux.
Je repère la route du Doi Inthanon, plus haute altitude terrestre de Thaïlande. Demain, c'est l'objectif : la grimpe de quelques 35 kilomètres de route pour atteindre les 2565 mètres. Une gesthouse m'accueille pour deux nuits. Difficile de communiquer même pour faire comprendre que je pars demain aux aurores et que le petit-déjeuner devrait être à 6h30. L'anglais n'est pas trop parlé ici. On verra bien ...

27 km +449 m -512 m

Vendredi 24 novembre 2017 - Trop dangereux, j'arrête à 2150 m

Aujourd'hui, l'objectif était d'atteindre le sommet routier du Doi Inthanon situé à 2565 mètres. Je suis parti allégé avec seulement nourriture, boissons, sacoche de réparation, nécessaire pour la pluie, puisque je dors encore cette nuit à Mae Chaem. Petit-déjeuner fantôme puisque j'ai droit seulement à du café et deux tartines de pain de mie sans rien de plus. Je dois rejoindre la route qui monte au Doi Inthanon et qui vient de Chiang Mai : 25 kilomètres environ qui sont d'après google earth assez continus montant à peine. La réalité est une route sans cesse tournante, très étroite, souvent défoncée, très empruntée par les pickups 4x4, et, bien sûr, avec des bosses aux pentes invraisemblables. Parfois je dois me pencher sur le devant du vélo pour ne pas basculer en arrière. Pas très pratique pour pédaler ... L'estomac criant famine, je fais deux arrêts pour ingurgiter un succulent chocolat au lait en bouteille et un yaourt multifruit (excellent pour le cycliste à toute heure de la journée).
L'intersection avec la route venant de Chiang Mai arrive 25 kilomètres après. Un poste de police conséquent avec barrage vérifie les véhicules. Alors, stupéfaction pour une route de montagne qui se termine en cul de sac tout là haut : le trafic est continu beaucoup plus intense dans le sens de la montée. Faut y aller, cycliste ! L'asphalte est large sans aucune marque blanche, puis se réduit au fur et à mesure des grands virages bien pentus, un grand classique thaïlandais !
A plusieurs reprises, je sens que les véhicules arrivent assez vite, la voie le permettant, sauf que le cycliste ne va évidemment pas à la même allure et, dans les virages serrés et très pentus, il choisit d'aller sur la courbe la plus large pour monter plus aisément, et donc traverse bien sûr la chaussée pour aller à contresens. Cela dit, c'est bien préférable d'être à contresens pour le cycliste car il voit les véhicules venir vers lui …
Bien sûr, de nombreux gestes très attentionnés pour signifier au cycliste qu'il n'est pas dans le bon sens qu'il doit venir sur la bonne file. Bienheureux les innocents qui n'ont jamais grimpé avec un vélo dans des courbes pentues à plus de 13% ! Etant de bonne composition, j'obtempère et me range dans la bonne file montante.
C'est là que, à deux reprises assez rapprochées, deux minibus montant à bonne vitesse m'ont frôlé, et, évidemment, m'ont conduit à faire un gros écart pour éviter d'être balancé par terre. Inutile de dire que, après la surprise, vient le moment de lucidité. La circulation devenant vraiment intense, étant obligé de zigzaguer un tant soit peu du fait de la pente, j'étais une proie évidente pour être sérieusement attrapé par un véhicule. A hauteur de great holy relics pagoda (vers 2150 m), je décide d'opter pour la plus grande probabilité de survie donc de redescendre à Mae Chaem.
Je suis tout de même frappé par l'imprécision des pentes, des dénivellations données par la cartographie google earth. Ainsi, le graphique de la montée de Mae Chaem au Doi Inthanon donne une courbe assez régulière mais sans bosses marquées dans les 25 premiers kilomètres. La réalité est tout autre puisque, au total, sans être allé au sommet à 2560 mètres puisque je suis redescendu après avoir atteint 2150 mètres, j'ai tout de même fait +1875 mètres en cumul de dénivellation positive (et autant en négative puisque revenu au point de départ par la même route). Donc, au fond, une bonne journée de pédalage !

62 km +1875 m -1875 m

Samedi 25 novembre 2017 - Mae Chaem - Hot, retour des camions

Pas mal la guesthouse de Mae Chaem, sauf qu'ils sont en dessous de tout pour le petit-déjeuner. Le départ s'est fait encore au lever du jour (bien brumasseux) car c'est bien plus agréable de pédaler le nez au vent dans la campagne qui s'éveille. Et puis ... je ne sais pas la dénivellation que je vais avoir même si je sais que j'ai à peu près 65-70 kilomètres pour atteindre à Hot l'auberge de Sripun, une amie à Daniel Duvergne. Une petite partie de route est commune à celle que j'ai faite hier vers le Doi Inthanon, mais très vite les paysages sont totalement différents. Direction le Sud avec, enfin, le regard qui peut s'étaler sur des horizons non fermés par des arbres. Je suis une sorte de route secondaire qui court la campagne en zigzaguant bien sûr et en franchissant - Thaïlande oblige - une multitude de bosses vallonnées avec, comme il se doit, des remparts à grimper petit petit et le corps en avant pour ne pas lever la roue avant. C'est aux environs de 800 mètres d'altitude que l'on pratique un maraichage à grande échelle avec même des circuits d'aspersion fixés à demeure. Rien n'est plat, les ouvriers sont à la peine, par dizaine dans les champs, chacun avec sa binette en train de sarcler. Pas une seule herbe entre les rangs !
Arrive la jonction avec la route 108 appelée encore route de Mae Sariang. On change de monde ! Cette grande artère part de Chiang Mai et reste l'accès principal au moins pour les marchandises à tout le Nord-Ouest du pays. Là j'ai vu les camions à la queue leu leu filer à très vive allure sur du revêtement très rapiécé sur une largeur de chaussée qui permet à deux camions de se croiser mais s'il s'y ajoutent deux engins à deux roues, ça ne passe plus. On longe la bouillonnante rivière Mae Chaem. Point la peine d'épiloguer sur le calvaire du bipède à deux roues.
Trois kilomètres avant le centre-ville de Hot, à droite, la guesthouse de Sripun. Logement idéal pour des cyclistes avec bungalow individuel tout confort, wifi, restauration possible, tout est tip top. J'ai eu droit à un Pad Thai maison pour cycliste affamé. Demain, Sripun me propose une escapade motorisée dans le parc national proche Op Luang.

69 km +1018 m -1214 m

Dimanche 26 novembre 2017 - Hot, Phrasingliao, Wat Sanku, Ob Luang, Doi Tao

Des noms surprises qu'un européen n'auraient pas trouvé facilement ! L'aubergiste Sripun m'a permis de découvrir de vraies originalités dans la région de Hot. D'abord, c'est le canyon de Phrasingliao aux colonnades de terre naturellement sculptées à environ 10 km du centre de Hot. Quelle n'a pas été ma surprise de voir pendue en surplomb une structure discoïdale extérieurement blanchâtre qui ressemble à un énorme rayon de cire d'abeilles. Puis, c'est l'entrée dans un vaste domaine bouddhiste. De très nombreux aménagements ont été bâtis pour recevoir les personnes souhaitant une ambiance de sénérité (avec des rappels qu'il convient de garder silence). Une école avec des jeunes élèves bouddhistes s'y trouvent. Certains s'affairent avec beaucoup de décontraction et de rires autour d'échaffaudages en bois. Un coin réception est assuré par quelques moines très au fait des nouvelles technologies électroniques. On souhaite une boisson ? On se fait servir, on ne demande pas d'argent mais un tronc est là qui au total fait plus donner d'argent. J'assiste à l'offrande de légumes portés par un homme avec une déférence, inhabituelle pour nous, envers le moine qui semble être très connu des lieux. Au fond d'une forêt du domaine, un lac artificiel avec en son milieu un temple, le Wat Sanku, une sculpture magistralement bâti en forme de pagode, le tout étant doré, aux reflets ondulents dans l'étang. Le tableau est impressionnant avec la lumière du soleil tamisée par les arbres.
Puis c'est la direction de l'entrée du parc national Ob Luang où Sripun retrouve trois autres collègues enseignantes qui animent une journée d'élèves sur les berges du torrent Mae Chaem. Ce parc national principalement forestier a été le lieu d'habitation sous porches et grottes 8000-9000 ans avant J.-C. Des peintures et des gravures ont été retrouvées. A noter que dans le hall d'exposition, on constate que les explications sont en thaïlandais, en anglais, en français. Apparemment des équipes françaises ont permis ces découvertes.
Dernier voyage de la journée : 30 kilomètres au sud de Hot, se trouve l'immense lac Doi Tao. C'est un lieu très touristique si l'on en croit la présence de nombreux petits restaurants sur des pontons en bordure de lac. Mais également la pêche semble être une activité lucrative et prisée. Les poissons sont séchés, grillés, vendus avec des conditionnements ou des présentations qui incitent à l'achat.
Demain, je file à Chiang Maï, aux aurores.

Lundi 27 novembre 2017 - Hot - Chiang Maï, presque ... plat !

Il fait encore nuit ce matin lorsque j'harnache le Mulet. Un peu moins de 100 km, ce n'est pas beaucoup quand c'est plat mais ... je me méfie encore des bosses possibles de la Thaïlande. Sripun et sa soeur se sont levées pour me faire un petit-déjeuner : café, saucisses, pain de mie, confiture d'orange. Sripun ne cesse de vouloir des photos avec vélo, sans, en portrait, devant l'auberge ... pour son site facebook. Finalement, je ne pars qu'à 7h. Je découvre les joies ... d'une route, certes à grande circulation, mais presque plate où l'on pédale sans effort surhumain ! Le vélo a l'air tout content. Il ne fait aucun bruit, pas de cliquetis de chaîne ni de torsion du cadre. Un régal. La température est parfaite, l'humidité est un peu moins prégnante, le ciel est nuageux mais sans pluie. La route 108 qui mène à la capitale provinciale est une deux fois deux voies très roulante avec beaucoup de trafic dans les deux sens. On a l'impression que de Hot à Chiang Maï on ne sort jamais tout à fait de la ville tellement les abords de la route sont occupés par des ateliers, des magasins, des concessions de matériel, de voitures ... Quelques temples émergent dont le très célèbre temple bouddhiste chinois de Chom Thong, célèbre notamment en raison des très belles peintures polychromes sur bois. Les bords de route sont tellement occupés que l'on ne voit quasiment pas d'agriculture ni d'élevage. Arrêt yaourt et demi-litre de chocolat au lait.
L'arrivée à Chiang Maï se fait sans surprise. On passe en bordure sud de l'aéroport. Un avion de la compagnie Lion atterrit juste à mon passage. C'est midi et demi, l'heure du casse-croute. Il n'y a que l'embarras du choix. Je piste les endroits où il y a le plus de monde, en général, pas trop mauvais signe pour le rapport qualité/prix. Je tombe sur un bistrot de marché où l'on présente une carte toute poisseuse et sans les prix, et qui sert aussi des bières ! Je choisis un mélange riz, haricots verts, porc, sauce ... piquante, oeuf frit. Bilan avec la bière Chang de 50 cl : 100 baths soit 2,5 euros.
Raguaillardi, j'entre dans Chiang Maï par le grand périphérique de la vieille ville qui est toujours carré et toujours avec 1,6 km de côté. Rien n'a évidemment changé depuis mon départ. L'accueil de Gilles à l'auberge All In One est parfait : « on t'attendait ! Tu as toujours la même chambre ». Sauf que l'employée me donne une autre chambre au rez-de-chaussée plus grande et plus confortable. Sympa ! Le carton du vélo est toujours là avec mes affaires laissées. Demain, je monte au Wat Doi Suthep puis au village Hmongs quelques kilomètres plus loin.

92 km +236 m -169 m

Mardi 28 novembre 2017 - Doi Suthep, temple majuscule, près des Hmongs

En écoutant les conseils de plusieurs qui sont montés au Wat Doi Suthep, un point commun ressortait : la pente terminale est terrible ! Bon, je me suis donc préparé mentalement et j'ai allégé au maximum le vélo. Donc juste la sacoche guidon avec les papiers et argent indispensables, l'appareil photo, le poncho au cas où, et un peu de liquide pour la soif. Léger, léger ! Je n'en revenais pas ce matin dans les embouteillages de Chiang Maï ! Je manoeuvrai du petit doigt ... Petit-déjeuner au spécial bar breakfast qui ouvre à 6h58. Puis, je file sur le boulevard de ceinture de la vieille cité (les deux côtés du carré) pour sortir à l'Ouest sur La route probablement la plus fréquentée des touristes ici. Tout une floppée de taxis rouges sont en attente.
Alors que j'amorce la montée, je vois déjà quelques cyclistes avec des vélos tout légers (comme celui de Jean-Yves !) descendre : sont-ils montés de nuit ? La route est très bien asphaltée, large avec des courbes à grands rayons au moins en partie basse, trois voies dont deux pour monter. Je passe devant le zoo de Chiang Mai où se trouve un couple panda mais que l'on ne peut voir que derrière une baie vitrée selon deux Français vus hier. La pente est très régulière, pas très forte ... ça roule tranquillement et régulièrement autour de 7-9 km/h. A gauche, de jeunes élèves courent qui font une compétition pour un semi-marathon de Suthep. Très vite, les concurrents font l'élastique, très surveillés par des commissaires sur pickup avec boissons et téléphones portables en mode photos. Je lève le pouce en passant à leur hauteur. Ils rigolent. Finalement ça monte longtemps ainsi mais pas encore le mur que je m'attendais à trouver. Lorsqu'arrive le panneau du dernier kilomètre avant le Wat Doi Suthep, au loin je vois que la chaussée devient rouge. Je me dis que cette fois, le mur est là. Les Thailandais ont cette pratique de peindre l'asphalte en rouge dans les passages très délicats. Mais, le ruban est plus impressionnant que vraiment avec un angle de pente hors norme. Et c'est tout surpris que je vois tout le caravansérail des taxis rouges stationnés et des camelots hélant les clients.
Mais, monter au temple, se fait en grimpant fort avec des marches certes mais durant un bon quart d'heure. Je réussis à mettre le vélo un peu caché derrière un appentis en bois. Et, c'est le souffle un peu court que j'arrive là haut où se trouvent ... des centaines de personnes de toutes nationalités. Les constructions sont vraiment imposantes, originales, très nombreuses, toutes avec de multiples statues représentant Bouddha. Des cierges, des bougies sont allumés. Les marchands du temple proposent discrètement leurs produits. Un photographe certainement professionnel positionne ses clients pour un cadrage et un éclairage optimal. Quatre moines bouddhistes se font ainsi tirer le portrait. Ambiance à la fois de recueillement mais aussi un peu de foire du trône.
Je reprends le vélo pour aller, 11 km plus haut, voir un village habité par une ethnie originaire de Chine : les Hmongs. Là, la route change de gabarit. Elle devient très étroite, et, après quelques kilomètres, la route est méconnaissable, pleine de trous à éviter. Heureusement, les taxis font très attention et passent à tour de rôle. Le brouillard est dense, la visibilité limitée à quelques dizaines de mètres de forêt. Après une surprenante descente à très fort pourcentage qui dure 1,5 km le village Hmong apparaît entre les arbres. Piège à touristes. De très nombreux étals avec probablement beaucoup de produits faits par les Hmongs. Pas de quoi mettre ce village comme un spot touristique ! Le café expresso est néanmoins très apprécié. Retour pour monter petit petit en se penchant en avant pour ne pas faire lever la roue avant. Puis, descente majestueuse derrière des taxis rouges jusqu'à Chiang Maï. Le Wat Doi Suthep est tout de même lui un vrai spot touristique de qualité.

42 km +1298 m -1298 m

Mercredi 29 novembre 2017 - L'intelligence de l'éléphant .... Maesa

Aller voir les éléphants, les femmes girafes, les ethnies particulières ... nombre d'opinions trouvées sur divers sites de réseaux sociaux y sont défavorables et déconseillent de tels projets. Pour les animaux, le risque est grand de généraliser des excès, des comportements abrutissants de l'Homme sur l'animal. J'ai voulu aller voir ce qu'il en était pour l'éléphant dit domestiqué, après avoir vu de nombreux éléphants sauvages dans les parcs nationaux africains. Maesa est à 26 km de l'auberge All In One. Un camp pour les éléphants s'y trouve. J'y file en vélo allégé des sacoches. La sortie (comme le retour) de Chiang Maï est sportive avec l'obligation d'avoir l'oeil du caméléon qui tourne dans tous les sens pour éviter les accrochages. Ca se calme à Mae Rim lorsqu'on quitte la route 107 pour prendre la 1096. Maesa Elephant Camp a l'apparence d'un grand parc animalier avec toute l'organisation nécessaire à l'accueil de milliers de personnes par jour. Beaucoup de personnels pour assurer les caisses, la sureté, le nettoyage, les cornacs, la restauration. Le vélo doit rester à l'extérieur du camp. Une présentation du savoir-faire des éléphants a lieu trois fois par jour. J'opte pour celle de 10h30. Beaucoup de monde déjà, des cars avec beaucoup de touristes chinois. Les éléphants sont avec leurs cornacs, la plupart avec les défenses en ivoire sciées. On vend des régimes de bananes dont sont très friands les pachydermes. Les éléphants ne sont pas attachés, libres de leurs mouvements guidés par le cornac. La foule présente ne leur fait pas peur dans la mesure où ils ... récupèrent les bananes. Ils acceptent même de prendre doucement avec leur trompe ceux qui veulent se faire photographier. Cabotins les éléphants ? Oui mais ... quand on les approche de près, on voit leurs yeux avec de gros cils qui observent tout, distinguant parfaitement le risque de danger ou non (comme tous les animaux) et discernant parfaitement non seulement leur principal intérêt immédiat (la banane plutôt que l'appareil de photos) mais aussi le risque de faire mal. Etonnant de voir deux jeunes femmes entourées par les deux trompes de deux éléphants. Elles étaient un peu affolées mais l'étreinte des trompes est restée toute légère. Ceci sans aucune intervention des cornacs.
L'heure de la démonstration a sonné. Des gradins entourent une surface proche de celle d'un terrain de foot. Tout est occupé. Se succèdent des jeux du cirque avec des éléphants qui saluent le public, font tournoyer la trompe, barrissent, jouent de l'harmonica, jouent au football en tirant des gros ballons sur le gardien éléphant qui réussit à dévier les premiers tirs mais se fait déborder avec le dernier tir qui entre dans les filets, tirent et entreposent des grumes, et ... prenant un pinceau peignent en direct sur du papier blanc de superbes et incroyables (si je ne l'avais pas vu !) tableaux : paysage, papillons, fleurs ... Tout cela sans un cri sans forçage des cornacs qui restent malgré tout toujours tout à côté de leur protégé.
Bilan Eléphant : j'ai découvert un animal extrêmement intelligent, sachant discerner, évaluer le contexte environnant, l'objectif cherché (par le cornac), avec une très grande conscience de leur force. Ainsi, un homme couché par terre devant l'éléphant, le pachyderme teste d'abord avec une patte effleurant le dos de la personne, puis allonge la patte pour la poser devant le corps et ensuite continue son chemin avec les trois autres pattes qui ne touchent pas la personne à terre. Je ne pense pas que l'on peut dresser des éléphants en les forçant, en les martyrisant. On ne peut qu'être admiratif de l'ingéniosité de l'Homme qui a su comprendre cet animal au point de devenir un vrai animal de compagnie (pour le cornac). Bien sûr, on entend dire que des éléphants ont tué leurs cornacs. Ce que j'ai vu, c'est une sorte de grand jeu (sans compter le plaisir de la baignade avec le brossage du corps) où l'animal ne paraît pas du tout être contraint, peut-être parce qu'il obtient aussi des récompenses (les bananes ...). Autre atout : les animaux ne sont pas enfermés ; ils sont dans un grand domaine forestier. Bilan positif d'après ce que j'ai vu.
En retournant, une ferme aux insectes ! Impressionnant quand on rentre de voir une sorte de museum avec des pièces tapissées de milliers d'insectes séchés, épinglés. Excellente conservation au demeurant. Au fur et à mesure de l'avancée de la visite, on finit par tomber sur des animaux vivants avec même une nursery. On a des papillons qui volent partout, qui se posent sur vous, des espèces évidemment très différentes de celles que l'on a coutume de trouver dans nos contrées. On dit bonjour aux iguanes, aux grosses araignées bien poilues, aux scorpions ... Ah ! le vélo ...

52 km +296 m -296 m

Jeudi 30 novembre 2017 - Dernier jour plein !

On ne se refait pas. Les habitudes culinaires françaises ont tout de bon. Le cachet du croissant au beurre accompagnant le pain grillé beurré donne une touche de raffinement déterminante pour bien commencer la journée, associé bien sûr à l'excellent café thaïlandais. Finir la journée avec des calamars à l'armoricaine, un verre à pied de vin rouge, une crèpe au sucre, c'est sans nul doute le signe de la ligne d'arrivée !
Aujourd'hui, le Mulet a été désossé pour retrouver son cachot. Le carton d'emballage a été sacrément crevé, déchiré à l'aller. J'avais un peu prévu. Le scotch large et résistant a comblé nombre de blessures pour que le Mulet ne s'échappe pas et qu'il ne soit pas au courant d'air ! Deux heures quand même pour boucler l'affaire. J'ai tout de même un peu d'inquiétude car, sont-ce les chocs thermiques des soutes non climatisées (alors -40°C à plus de 10 000 mètres d'altitude), le carton est beaucoup plus mou. L'important est qu'il soit accepté dans le premier avion. Après, même ouvert, les avionneurs sont obligés de le faire arriver à destination.
Du temps pour flâner ! Aujourd'hui c'est possible. Donc chasse aux multiples temples de la ville de Chiang Maï. A chaque nouvelle visite, on est émerveillé par la richesse, le talent, la persévérance des artisans et artistes qui ont édifié ces monuments. Les touristes chinois sont partout, courant dans tous les sens, vous bousculant sans un mot mais parlant très fort à leurs congénères, habillés comme s'ils allaient à un mariage avec robes longues, décolletés, petites chaussures à talon haut, et ... le bus rutilant qui laisse ronfler le moteur pour maintenir la climatisation. C'est très rigolo d'observer cela. Partout le spectacle des chinois en Thaïlande est le même. Je m'en étais rendu compte au Wat Doi Suthep il y a quelques jours.
Les troncs pour recueillir de l'argent sont placés un peu comme les autels, bien en vue à l'intérieur et au milieu des temples. Un moine est là pour prier à haute voie à la demande de personnes qui se penchent avec humilité pendant cette prière. On peut encore acheter des feuilles d'or que l'acquéreur applique ensuite à froid avec ses doigts sur une statuette des représentations journalières de Bouddha.
Les moines en tunique orange sont présents à peu près partout. Il y a des moines pour dialoguer avec ceux qui le souhaitent. Beaucoup de bruit dans un bâtiment : c'est une université académique pour le bouddhisme. Beaucoup de salles équipées d'ordinateurs et de jeunes moines bouddhistes. Tous les matins, on trouve les moines souvent par deux faire la marche pour collecter les dons que la population veut bien leur donner. C'est un grand récipient de forme ronde tenu calé contre la hanche par un bras qui leur sert de cabas.
Chiang Maï vieille cité avec les quelques restes d'anciennes fortifications délimitant un carré de 1,6 km de côté, s'est étendue de toutes parts, avec des ateliers, magasins, commerces, marchés, qui sont touche à touche hors la vieille cité. Mais la mine d'or de Chiang Maï reste l'économie du tourisme avec les temples bouddhiques, les ethnies importées, les éléphants, la Nature qualifiée de sauvage. Et ... on y trouve énormément de Farangs, blancs venus s'installer souvent pour commercer en zones franches de Thaïlande …

Le taxi a été commandé pour demain 15h30.

Vendredi 1er décembre 2017 - Coiffeur, taxi, cerbère guichetière !

Matinée occupée aux mille choses à ne pas oublier pour le retour. Avec une stratégie d'éviter de payer un surcoût pour le vélo. Bilan : deux sacoches pleines et une sacoche vide dans le grand sac qui sera « verrouillé » avec une grande élastique de 5 mètres. La quatrième sacoche sera le bagage cabine avec duvet, drap house, livres, polaire, anorak (puisqu'il parait que je serai accueilli par la neige), rouleau de collant pour le carton vélo, au cas où, tablette, sacoche de guidon avec les papiers. Le poids total ne doit pas dépasser sur la balance 30 kg alors que le poids réel est un peu supérieur. Tout va se jouer au comptoir d'enregistrement de Thai airways à l'aéroport.

Il y a un « barber » qui coiffe et rase en plein air. J'en profite pour lui faire faire une coupe « medium » comme il dit. Curieuse façon de couper : il utilise les ciseaux mais sur cheveux secs et, medium a dû vouloir dire la moitié de la tête ! Car il a cisaillé les deux côtés et l'arrière de la tronche, laissant intact tout le toit du cerveau (faut pas qu'il s'échappe !). Royalement fait pour deux euros !

Une petite virée dans le quartier des marchés, et l'estomac crie famine. Une bonne cote de porc avec ... devinez quoi !... des frites, accompagnée d'une excellente sauce et ... d'un verre de vin rouge d'Afrique du Sud, mais ... sorti du frigo donc sans trop de saveur.
Le taxi commandé pour 15h30 arrive à 15h. Le chauffeur est excité comme une puce ! Il commence à soulever prestement la carton du vélo avec une main ! Je pousse un cri. Il lache tout. Cool mon gars ! ... Toute la guesthouse est alertée. Je lui montre comment charrier le précieux emballage. La voiture est trop courte. Le carton déborde. Il commence à vouloir le faire rentrer de force en poussant ! Je lui fais signe d'arrêter et lui montre qu'en soulevant délicatement et en renversant le Mulet on le met en appui sur le haut des banquettes arrières et ... que ça ferme !

Quelques embouteillages mais les Thailandais restent stoïques et gardent globalement une conduite apaisée, respectueuse de l'autre même si on leur fait des queues de poisson. Chariot à l'aéroport. Le carton est pité verticalement. Merci chauffeur !
Dès l'entrée dans l'aérogare, passage au contrôle de sécurité. Le carton doit passer dans la machine. Juste, juste ... Au comptoir d'enregistrement de Thai Airways, personne sauf trois employés derrière le guichet d'enregistrement et du pesage des bagages en soute. 30 kg admis ! Je choisis une tête apparemment compréhensive. Je tombe sur un cerbère féminin digne des bandes dessinées. Elle trouve mon nom pour les trois avions. Elle me dit de mettre le bagage : je mets le gros sac de sacoches qui réellement fait 9,8 kg. Donc il me reste 20,2 kg pour le Mulet. Elle m'ordonne de mettre le carton vélo sur le tapis. Bien sûr, voyant que la longueur du carton est plus grande que le tapis peseur, je ... ne peux pas faire autrement que d'appuyer l'avant du carton sur l'autre tapis qui lui ne pèse pas, et maintient de mon bras un peu caché l'autre bord du carton en surveillant l'affichage du poids, montrant à la guichetière que je suis obligé de tenir le carton pour éviter qu'il bascule sur ... elle. Et, l'affaire est dans le sac. Pas de surpoids, pas de surcoût. Un mâle employé arrive pour prendre en charge le carton. Il part sur le tapis roulant en tenant de champ le vélo. Salut Mulet ! Je joins les mains pour que l'accompagnant comprenne que c'est ... fragile. Fin de l'épisode carton-vélo. Les contrôles ne sont pas terminés. L'immigration avec le tampon du retour à apposer dans le passeport, la police avec un contrôle un peu long qui utilise aussi une caméra (peut-être que c'est l'histoire du coiffeur qui fait douter le policier ?), puis un nouveau passage dans la machine aux rayons pour le bagage cabine. Difficile de s'échapper de Thaïlande !

Bilan ?

La boucle vélo que j’ai réalisée est relativement courte en distance (environ 750 km), mais très exigeante en raison de l’inclinaison assez terrible de beaucoup de pentes. Les motards semblent la faire couramment mais eux comptent essentiellement les milliers de virages. Le tracé des routes en Thaïlande paraît tout à fait spécifique : on trace d'abord au plus facile en longeant les cours d'eau, puis lorsqu'il faut franchir des cols, pas de tunnel, pas de tranchées, on trace pour que la distance soit la plus courte possible. Donc on trace allègrement avec des virages serrés et des pentes qui dans beaucoup d'endroits sont à au moins 20%. J'ai choisi comme pour mes autres périples de voyager avec une sécurité maximale donc un vélo lourd avec notamment tente et duvet dont je n'ai pas eu à me servir ayant trouvé partout des possibilités de loger en dur. Dans certaines portions, on est obligé de se pencher vers l’avant du vélo pour éviter que la roue avant se soulève. C’est la première fois que j’ai eu à pédaler à 3,6 km/h en limite d’équilibre. Au total, en dénivellations cumulées, c’est près de 16 000 mètres de montées et un peu moins de 15 000 mètres de descentes. La démultiplication que j'ai choisie avec le plateau sur 22 dents et le dérailleur sur 32 dents m’a fait avancer de 1,32 m par tour de pédale. C'est très peu. Mais c'est cela qui m'a empêché de devoir descendre du vélo et monter à pied en poussant.

Les paysages rencontrés sont en général assez fermés avec des forêts prédominantes. Les centres urbains les plus prisés par les touristes sont Chiang Maï et son agglomération, Pai, Mae Hong Son, et dans une moindre mesure Khun Yuam et Hot. Deux attractions majeures : la richesse artistique et le nombre des temples bouddhistes (et des moines), les éléphants et tout ce qui gravite autour : parcs, balades, soins, connaissance animalière.

Côté culinaire, pour le cycliste, les soupes vendues en bord de route sont très réconfortantes. Aucun risque puisque tout est cuit et recuit. Le jus des soupes est unique par les saveurs originales qu'on découvre. La café thaïlandais est vraiment de grande qualité. On trouve presque partout de l’expresso avec du café local, arabica principalement. En revanche, il est dur parfois d'avaler les plats trop épicés. Mais le très bon riz mis à toutes les occasions adoucit considérablement le feu avalé. Le mélange de saveurs de la cuisine thaïlandaise traduit un grand savoir-faire culinaire. Mais le cycliste solitaire devant assurer pour repartir le lendemain, je n'ai pas voulu faire trop d'expériences de nouveaux plats. Le Pad Thai est finalement un excellent compromis de plat unique. Il peut être d'ailleurs de plus ou moins grande complexité.

L'accueil des Thaïlandais est toujours et partout très doux et attentionné. Cependant, il est essentiel de respecter et de ne pas mettre en défaut l’honneur des Thaïlandais, au risque d’avoir des réactions insoupçonnées. On est dans une culture différente. A ne jamais oublier.

Thaïlande 2017 - 1

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Ouzbékistan - Kirghizistan - Chine

24/09/09 : 65 km, psychologiquement éprouvant !

Dénivelée montante : +920 m

Dénivelée descendante : -1427 m

Cette étape qui aurait dû être facile a été psychologiquement assez terrible. La route vers Irkeshtam c'est-à-dire vers la Chine devait être belle, pas trop ardue pour, après la frontière, être un vrai billard !

Le matin, après une nuit sous tente à environ 3300 m, tout est un peu givré. Mais il fait à peu près beau, et il n'y a pas de vent. La tente est pliée tant bien que mal, un peu raidie par le froid. La route devient ... une piste de cyclo-cross sur des dizaines de km, cette piste dont un panneau annonce qu'elle est faite et financée principalement par la Chine. En fait, on bâtit une nouvelle voie à côté de l'ancienne voie. Les terrassements ne sont pas terminées, les passages d'eau non plus. Le nouveau tracé s'enfile vers le sud-est et s'écarte des points GPS que j'ai enregistrés à partir de google earth. J'interroge les quelques chauffeurs de camions qui passent : il faut bien prendre la nouvelle piste vers le sud-est ! ... sauf que ça continue toujours de monter pour aboutir à un col situé à 3870 m ! De la boue, des pierres, du vent, de la pente à souhait ... petite vitesse bien sûr. J'ai de la peine à respirer avec une gorge brûlante (j'ai commis la maladresse de ne pas m'être rendu compte lorsque j'ai passé les cols à plus de 3500 m que l'air étant très sec et froid, il fallait que je place un textile devant la bouche pour réchauffer un peu l'air inspiré pour atténuer le choc thermique avec les bronches). Deuxième col à 3510 m. Et on descend ! mais sur une piste aux cailloux très en relief ! le vélo saute de plus en plus ... je finis par perdre la tente avec les chaos mais je m'en rends compte. Impressionnante descente d'une vingtaine de km : les vététistes se seraient régalés. Mais moi avec le poids que j'avais et surtout la peur de voiler mes roues voire de casser mon cadre, j'étais pour le coup vraiment toujours avec les freins en alerte et le nez deux mètres devant pour essayer de contourner les plus grosses pierres. ... Le vélo a tenu ! Arrivé à Nura, ce village-martyr détruit récemment par un tremblement de terre dont les maisons sont désormais des bungalows de chantier, j'ai pu trouver une soupe chaude, deux oeufs frits, du thé, de l'eau, du fanta, du ricoré. Reparti vers Irkeshtam, je veux passer la frontière chinoise aujourd'hui pour enfin pouvoir communiquer tranquillement avec les SMS et trouver des conditions de roulage un peu plus apaisées.

A la frontière, pour les formalités Kirghizes : RAS. En revanche, au premier contrôle de police chinois on me demande des yuans. Faisant semblant de ne pas comprendre je signifie aux trois policiers qui m'entouraient que "no change" en leur indiquant la direction de la Chine pour les "yuans". Ils insistent une deuxième fois en se rapprochant un peu plus de moi. Je répète dans une innocence absolue "no change" ... alors l'un des trois donne le signal de me laisser passer... Puis contrôle douanier. Là, c'est le grand cinéma. D'abord on m'indique que je dois rester en retrait du poste à une cinquantaine de mètres. Puis deux présumés douaniers viennent au pas avec les gants blancs. Chaque sacoche est inspectée à fond, toutes les photos prises sont visionnées une à une. A ma grande surprise le GPS ne pose pas de problème (alors que ce ne fut pas le cas il y a 10 ans lorsque j'étais entré en Chine par le Pakistan). Question sur ... le compteur km qui fait toujours autant rire les chinois que les ousbeks et les kirghizes. Entrée dans un sas avec le vélo pour passage aux rayons comme dans les aéroports. Et ... finalement, je me retrouve en territoire chinois avec de suite le "change" (dont évidemment je n'avais pas besoin puisque j'avais pu acquérir déjà des yuans à l'aéroport de Marseille). Un beau pylône de China Telecom m'indique avec certitude que là au moins le téléphone ne me posera pas d'inquiétude pour communiquer ma position : je suis en Chine !

La route devient goudronnée, ensoleillée, et c'est avec un subtil plaisir que je pédale tranquillement sans me soucier de tester le pylône de China Telecom. Une dizaine de km passent et, l'après-midi avançant, je me décide à chercher un endroit pour camper. Test du téléphone : négatif ! Pensant que c'est parce que je suis loin du "pylône" je repars de plus belle à la recherche d'un autre pylône. La soirée arrivant, je finis par décider de m'arrêter dans un très beau site de campement devant l'immense barrière du Pamir.

Au fait, c'est le jour de mon anniversaire ! Menu : du boeuf rizzoto lyophylisé et une pomme !

Depuis la tente, ... matin magique de la barrière blanche du Pamir

... une barrière immense qui dépasse 7000 mètres

Ca vaut le coup de se geler un peu !

les tons inimitables du Pamir

... en direction de la ... Chine ...

Ca commence à se réchauffer un peu !

Un vélo est toujours plus élégant debout que couché, non ?

"... Prends vite la photo parce que ... je me gèle !"

Faut dire qu'on est à ... 3779 m ... ça, ça n'était pas dans le road-book !

Ce sont principalement des camions chinois qui passent par Irkeshtam

A la descente, ils n'allaient quasiment pas plus vite que le vélo !

une "belle" piste toute neuve vers Irkeshtam ...

... un peu raide quand même ...

mais ... il a tenu le coup le mulet !

La végétation, ça réchauffe un peu ...

Bientôt le poste de contrôle de sortie du Kirghistan

Nura maintenant des roulottes et des baraques de chantier après le récent tremblement de terre

Ca y est, on est ... en Chine (le climat change très nettement)

Il fera bien meilleur que la nuit dernière ...

Mais où est donc le pylône de China Telecom ?

25/09/09 : 117 km, les montagnes russes de la Chine !

Dénivelée montante : +1100 m

Dénivelée descendante : -1410 m

Très beau lever de tente. Inquiet par l'absence de possibilité de donner ma position géographique, je décide d'aller au plus vite à Kashgar car là au moins je suis sûr de pouvoir contacter la famille par téléphone et par internet. Ils sont sans nouvelle au moins depuis Sary-Tash. Pédalage assez facile sur une belle route goudronnée sans trop de camions bien que les dénivelées ne soient pas négligeables. Le paysage est en montagne "russe" avec de temps à autre des ensembles militaires surgis de nulle part. Arrivée en fin d'après-midi au village de Wukia avec une route en pleine construction et tout en poussière ! Achat de raisin, de poires, de pommes, de lait vitaminé (on en trouve parfois), de saucisses de Strasbourg à la chinoise (c'est moins gras et bien meilleur), puis ... arrêt dans un magasin de China Telecom pour essayer de comprendre l'absence de liaison téléphonique avec la France. Ils ne savent pas, mais, me disent-ils, par un téléphone fixe ça marche ! Ils me proposent d'essayer. On fait alors le numéro de Laure : un message enregistré indique de suite qu'il y a une "erreur" ... Mais, me disent-ils, à Kashgar pas de problème : tout marche et le téléphone et internet. Un peu rassuré, je continue pour trouver un lieu de campement à l'écart de ce gros village dans un terrain vague à une dizaine de km.

On ressent déjà l'influence climatique du désert du Taklamakan

Le désert est au bout là-bas ...

Pas de rosée du matin

une route vallonnée avec très peu de circulation

... quelques rares chameaux en liberté

... des formes et des couleurs pour le rêve ...

26/09/09 : 115 km, enfin Kashgar ! Depuis Tashkent : 9 jours pour 965 km

Dénivelée montante : +420 m

Dénivelée descendante : -1180 m

Nuit sèche (aucune humidité !), la tente est prestement rangée. Départ matinal car il reste encore 110 à 120 km jusqu'à Kashgar ! ... et je commence à être sérieusement obsédé par l'impossibilité de pouvoir rassurer mes proches sur ma position géographique. La route est bonne, assez tranquille. Je m'arrête pour acheter raisins, pêches de vigne. L'autoroute est là, je pense accessible aux cyclistes. Enorme embouteillage du fait d'un ... barrage de police doublé d'un barrage militaire ... Ambiance ! ... Le cycliste que je suis semble les laisser indifférents. Je passe sans difficulté, arrive petit à petit au Chinibag Hotel à Kashgar. Et là, ce qu'on me dit me paraît dépasser l'entendement : depuis les évènements d'Urumqi (juillet) où il y eut des affrontements entre Hans et Ouïgours qui ont fait 400 morts, toute communication avec l'extérieur de la Chine est impossible dans tout le Xinjiang tant par téléphone que par fax que par internet.

 

L'influence du désert est manifeste !

On a l'impression que tout a soif ...

La bifurcation soit pour gagner le Kirghiztan par le col de Torugart soit rejoindre Kashgar

Les troupeaux sont nettement plus importants

Kashgar, avec des scooters et des motocyclettes électriques comme dans toutes les villes chinoises

27/09/09 : 71 km, Kirghistan, Och ... pas terrible ! La décision est prise

Le Chinibag Hotel était un très bel hôtel de luxe. Il n'est plus qu'un hôtel très moyen du fait d'une absence d'entretien. Pour quelqu'un qui vient de pédaler près de 1000 km depuis 9 jours, c'est néanmoins extrêmement confortable. Enfin une douche chaude ! Les tarifs sont à 220 yuans la nuit (soit 23 euros) avec petit-déjeuner (au contenu très médiocre par rapport à ce que j'avais pu trouver dans ce même hôtel il y a une dizaine d'années). Quasiment pas ou très peu de monde, alors que, habituellement, cet hôtel est le spot préféré des touristes ...

J'ai réservé pour deux nuits. Mais j'ai pris la décision d'arrêter mon périple à vélo dès le 27. Je n'ai pas pu donner ma position géographique depuis 4 jours (depuis Andijan ou peut-être Sary-Tash au Kirghiztan). En regardant la suite de mon périple qui passe par le sud du désert du Taklamakan et le plateau nord du Tibet, je me rends compte que je suis dans le Xinjiang jusqu'au-delà de Ruoqiang puis j'entre sur le plateau nord du Tibet où d'après mon ami Benjamin les communications téléphoniques ne sont pas certaines. Bilan : pour les contacts par SMS téléphone, je suis donc dans l'impossibilité de communiquer quoi que ce soit (d'envoyer et de recevoir) durant environ 25 jours ; pour internet, en considérant que Xining serait le prochain contact cybercafé, je serai dans l'impossibilité de communiquer durant 3000 km. Impossible pour moi d'accepter et surtout de faire accepter à mes proches une aussi longue absence et une aussi longue incertitude. Je décide donc d'arrêter le périple à vélo à Kashgar et de trouver le moyen de joindre mes proches dans les meilleurs délais.

Après consultation à Kashgar, le scénario le plus réaliste avec vélo et bagages est de passer par Urumqi qui est une plaque tournante essentielle pour le Xinjiang. Rejoindre Urumqi avec le vélo c'est 24 heures de bus couchette. Puis je décide de rejoindre Pékin par un train direct Urumqi - Beijing (environ 52 heures), espérant que dès la sortie du Xinjiang l'envoi de SMS à la famille sera possible. Les choses se sont alors précipitées : je prends le bus dès le 27 au soir pour arriver à Urumqi le 28 au soir puis je repars d'Urumqi par train direct pour Beijing le 29 au soir. Je peux ainsi espérer envoyer le SMS du signe de vie dans la nuit du 29 au 30 septembre dès la sortie de la traversée du désert. Ainsi depuis le 23 septembre (date de mon dernier envoi de SMS à Sary-Tash) ma famille sera restée sans nouvelle durant environ 7 jours. En l'état de ma situation, c'est le plus court délai sans information que je peux envisager. C'est cette solution que je choisis, préférant le train à l'avion (d'Urumqi à Pékin) pour la raison évidente qu'avec le train j'ai tout de même la possibilité d'apercevoir plus de 3760 km de traversée de la Chine en passant notamment par Lanzhou et Xi'an.

J'aurai pu reprendre le vélo par exemple à Lanzhou. Toutefois, pour moi le périple Tashkent - Pékin que j'envisageais reposait sur un intérêt personnel principal lié à trois zones géographiques : la traversée du Kirghiztan que je viens de faire, celle du sud du désert du Taklamakan (Xinjiang), celle du plateau nord du Tibet. Quel que soit le scénario, en l'état actuel de la situation de fermeture des communications, on ne peut traverser raisonnablement que la première zone (celle que j'ai faite). Aussi, j'ai préféré opter pour la jonction de Pékin par train.

A Kashgar, la statue de Mao assiégée nuit et jour par ... l'armée

Des rues peu bruyantes du fait de la généralisation des moteurs électriques pour les motocyclettes

le 27 au soir, j'embarque avec mon vélo dans un bus-couchettes pour Urumqi

28/09/09 : 24 heures de bus Kashgar - Urumqi

Toute la nuit, toute la journée, transfert par bus avec relais de chauffeurs. On a été contrôlé par la police et par l'armée au moins 20 fois en 24 heures. Arrivée à Urumqi le 28 à 21h. De nuit, trouver un hôtel avec vélo et sacoches, pas facile ! Je suis tombé sur un vieil hôtel au style très impérial mais sans entretien depuis longtemps. En revanche, beaucoup de personnel mais ... quasiment aucun touriste ! Comme par hasard la télévision dans la chambre pouvait s'allumer mais aucune chaine ne fonctionnait ...

La route nord du désert du Taklamakan (Tarim) un vrai calvaire, toujours en chantier ... avec une intense circulation de jour comme de nuit, à déconseiller pour les vélos !

Quelques arrêts pour restauration rapide et pause pipi ... (bien calculer pour 24h !)

... Un ciel voilé par les vents de sable et noirci par les particules de carbone

Quelques installations solaires photovoltaïques

Ce n'est pas de la neige, ce sont des dépôts salins

 

Sympa l'ambiance ... plus de 20 contrôles entre Kashgar et Urumqi !...

29-30/09/09 - 01/10/09 : 52h de train pour rejoindre Beijing

Comment faire pour que le vélo voyage dans le même train que moi ? De l'hôtel à la gare ferroviaire, j'ai pris un taxi marque Citroën (si, si !) avec le vélo dans le coffre (qui ne pouvait pas fermer). La gare ferroviaire est bondée, très gardée par la nombreuse police présente. Evidemment je ne passe pas inaperçu avec mon vélo chargé ! Une employée me prend en charge. J'essaie de lui faire comprendre que le vélo doit absolument voyager avec moi jusqu'à Beijing. "Pas possible" me répond-elle. Alors je fais le pied de grue arcbouté sur mon vélo. Comprenant peut-être qu'elle a affaire à un ... basque, on commence par prendre un billet de train pour moi. Mais j'insiste en disant qu'il me faut un billet de train pour le vélo ... Pendant ce temps, les gens ... poussent dans la queue au guichet. L'employée nous conduit moi et mon vélo au service des bagages et essaie de trouver une solution. Après une bonne heure, elle me dit d'aller au guichet prendre un billet pour le ... vélo mais je dois laisser le vélo (sans les sacoches) au service bagages. Elle me certifie que le vélo sera à Beijing à partir du 1er octobre à 14h (c'est-à-dire à mon arrivée). Ne pouvant pas faire autrement que d'accepter, j'obtempère et m'en vais avec mes sacoches dans les bras dans la salle d'attente pour patienter jusqu'au départ du train à 20h03 à peu près convaincu que je n'aurai pas le vélo à mon arrivée... Deux heures avant le départ, la même employée vient me dire qu'elle n'est plus en service, mais que je dois la suivre avec ... mes sacoches ! Un peu troublé, j'obtempère encore pour me retrouver dans la salle d'attente des VIP. Je suis considéré comme VIP probablement car je suis vraiment le seul ... "tourist" présent dans la cohue de la gare. Ambiance soft, en fait. Je serai accompagné avant tout le monde sur le quai pour prendre place dans ma voiture où je retrouve des personnes de la salle d'attente "commune" qui s'étaient un peu inquiétées de mon départ subit ! Tout va bien ... mais le vélo ? ... Dans la nuit, le train traverse une partie désertique sur plusieurs centaines de km pour sortir du Xinjiang et rejoindre le Qingaï. Magie de China Telecom, je compose fébrilement mes numéros familiaux et, oh! miracle, le SMS est ... envoyé ! Je crois rêver, mais non ça a l'air d'être bien parti ! Je peux me rendormir tranquillement sur ma couchette ... Le service ferroviaire dans le train est assez remarquable avec beaucoup de personnel tant pour le ménage que pour la restauration que pour ... la police ! Contrôles encore et toujours ! Etant le seul "étranger", je suis l'objet de toutes les attentions mais dans le bon sens du terme : on me donne à manger (c'est vrai que je viens de passer pas mal de jours à pédaler et que j'ai besoin de me remplumer un peu), on me fait même d'office un massage chinois dans le couloir devant toutes les personnes du wagon (intéressante mais virile expérience tout de même !).

Je prends quelques photos à la volée : pas terribles images mais cela donnera une idée des paysages traversés. Quelques haltes pour se dérouiller un peu les gambettes dans les gares. Dans la soirée du 30, on est entre Lanzhou et Xi'an dans des formes de paysage assez encaissées mais terriblement transformés. je m'avance vers ce qui m'avait semblé être un wagon-restaurant. C'est en entrant dans une nouvelle voiture du train que j'entends un cliquetis de chaine assez surprenant dans un train. La surprise est de taille ! Deux pieds sont enchainés et essaient de bouger sur la petite échelle qui permet de descendre de la couchette supérieure. Je lève les yeux et vois un homme poignets menottés se contorsionner pour descendre tant bien que mal sous la surveillance de deux policiers, devant les voyageurs qui regardent assez ébahis cette scène étrange ! ... J'ai peine à croire que c'est la réalité, pourtant c'est ainsi ! Incroyable mais vrai ! ... Repas rapide dans un wagon-restaurant bondé : assez bon tout de même.

Le matin, le ciel reste très brumeux et un peu jaunâtre : pas surprenant compte tenu des émissions polluantes présentes.

Train Urumqi - Beijing T70 20h03 Salle d'attente de la gare d'Urumqi

Urumqi, la place de la gare ferroviaire sévèrement contrôlée par la police et par l'armée

Ma couchette à l'étage intermédiaire

De l'eau très chaude est toujours disponible

Quelques champs d'éoliennes

Matin du 30 : le SMS a pu être envoyé ! On est sorti du Xinjiang

De superbes montagnes de 5000 m le Qingaï est proche

Arrêt détente, contrôle technique du train

Les modes de transport très communs : les petits porteurs et le ferroviaire

Le maïs sèche à plat sur les toits et au sol, quelques cultures sous serre

Le fleuve jaune

 

Logements urbains, anciens et ... à venir

La collecte des déchets en tricycle

Les chinois sont des terrassiers ! ... Etudes d'impacts, études paysagères ??

Avec le seul "tourist" du train : la photo !

Au matin le ciel n'est pas ... très limpide !

La raison : les émissions de particules de la combustion par charbon

Le TGV entre Beijing et Xi'an ... et des trains de voyageurs à deux niveaux

Plus on se rapproche de Beijing plus le ciel est ... bleu ! Effet 60e anniversaire ??

01/10/09 : Beijing ... très agréable !

Surprise de taille : plus on se rapproche de Beijing, plus le ciel devient bleu ? Et, de fait, l'arrivée à Beijing se fait sous un soleil radieux avec un ciel d'une pureté surprenante. Est-ce un effet du 60e anniversaire que l'on fête aujourd'hui en très grandes pompes ? A-t-on arrêté les usines pour la circonstance ? Toujours est-il que durant les trois jours où je suis resté à Beijing, le ciel est resté bleu !

Arrivé à la gare à 14h, mon inquiétude est grande pour le ... vélo. Je réussis à trouver le service des bagages, montre mon ticket. On me dit d'attendre. Une heure passe : rien. Un employé voyant mes sacoches et parlant anglais regarde mon ticket, se renseigne, et me dit que l'on va aller chercher le vélo ! Je lui fais répéter croyant avoir mal compris. On attend ensemble encore une heure de plus. Puis, il se lève, va dans le service et s'adresse à un employé avec le papier du vélo : ... cinq minutes après, je le vois arriver roulant apparemment bien (je n'avais pu mettre aucune protection à Urumqi). Pas de problème, le service ferroviaire chinois c'est ... mieux que la SNCF ! 52 heures pour faire 3760 km : pas mal du tout !

Reste maintenant à trouver un hôtel car mon programme est simple : obtenir une modification du billet d'avion de retour prévu pour le 23 décembre !

Les trois hôtels autour de la gare ferroviaire sont complets (Festivités du 60e anniversaire !). J'ose alors essayer de joindre en taxi l'hôtel Lu Song Yuan que m'avait recommandé l'Ambassade de France et où j'avais fait une réservation mais pour le 22 décembre ! Trouver un taxi qui accepte mon mulet métallique ... c'est cher, 30 dollars soit le quintuple du prix normal.... La suite sera facile. L'hôtel a une chambre de libre. Je réserve deux jours, et me pose ... en attendant demain : assez de questions réglées pour aujourd'hui ! La célébration du 60e anniversaire en cours à la TV chinoise est impressionnante ... mais où est la vraie Chine là-dedans ? L'hôtel est très bien placé dans un vieux quartier Hutong très calme avec encore des maisons anciennes, beaucoup de petites ruelles très propres, très sécurisées, avec de beaux arbres (le 3ème matin, j'ai même pu entendre des pics tambouriner sur les troncs d'arbres à côté de l'hôtel). Fin du fin : internet est mis à disposition. J'ai pu communiquer longuement sur le Tchat du Blog. Laure m'a appelé à l'hôtel. J'ai pu expliquer longuement mes tribulations depuis ... Sary-Tash ...

L'hôtel Lu Song Yuan dans le quartier Hutong très calme et très agréable

Beaucoup de petites boutiques, lieu privilégié de promenade en plein centre de Beijing

D'excellentes spécialités avec procédé de cuisson tout à fait inhabituel

Les installations ne sont pas toujours aux normes (?) mais les pompiers veillent avec du matériel ... adapté

Les gens jouent au mahjong... au milieu de la chaussée

02/10/09 : changement du billet d'avion

Nouveau problème à régler aujourd'hui : changer les billets d'avion prévus pour le 23 décembre ! Le vélo reste bien sagement à l'hôtel. Je profite du taxi de français repartant à l'aéroport. Terminal 2 ! Le comptoir d'Air France est au fond de l'aérogare. Trois hôtesses AF sont là : pas une ne parle le français ! Le changement des billets peut se faire avec départ le 5 octobre. Reste le problème du vélo car il faut prendre deux avions : Beijing - Charles de Gaulle et Charles de Gaulle - Pau. On me promet une "box" pour emballer le vélo à 6h30 le matin du 5, et un transfert automatique Beijing - Pau. Super les nanas d'Air France ... sauf que le 4 au soir je dois trouver un lieu de couchage. Là, on fait le terminal avec une hôtesse AF de long en large, pas moyen pour l'hôtesse de trouver quoi que ce soit. En fait je trouverai au 2ème sous-sol un Lounge qui me permettra de passer la nuit du 4 ... à croire que les hôtesses ne connaissent pas le terminal 2 ! Deuxième surprise ... de taille : la box promise pour le vélo n'existe pas ! ...

Après léger paiement pour le changement des billets d'avion, je reviens rassuré en taxi à l'hôtel Lu Song (85 yuans). Au passage, je peux constater le modernisme architectural du monde hypercapitaliste de ... Beijing.

On est bien à Beijing !

pas moins de cinq rocades autoroutières encerclent Beijing

Le ciel est effectivement très bleu ! ...

03/10/09 : un petit tour à la Grande Muraille ...

Inscription pour une journée à Samantaï à environ 120 km de Beijing pour une excursion à l'un des lieux les plus intéressants pour voir le Great Wall !

En réalité je suis seul, j'ai donc un chauffeur, une guide pour moi toute la journée. Je n'ai jamais autant dû converser en anglais (décidémentl la Chine m'aura beaucoup violenté dans ce voyage !) la guide ne parlant que cette langue dite universelle ! La sortie de Beijing au petit matin est aisée et très agréable ... toujours le ciel bleu. Une heure et demie pour arriver au pied du grand site de Samantaï. Péage, parking, ... et c'est parti ! montée aisée en direction de la muraille qui serpente sur la crête. De beaux escaliers bien refaits pour belle-mère mais qui montent tout de même pas mal. Au bout de quelques kilomètres la sélection se fait, ma jeune guide lâche prise... rendez-vous à 12h30. La grimpette est agréable. Quelques marchands du temple mais dans l'ensemble le site est très bien tenu avec un important personnel pour assurer la sécurité et la propreté des lieux. Des tours ponctuent le cheminement tortueux de la muraille, quelques meurtrières sont visibles. Quelqu'un me demande en anglais de la rassurer dans la montée ... naturlich ! .. en fait c'est une avocate française qui travaille en Corée du sud et dont le mari traine un peu les pieds dans cette montée de la muraille ! Je rencontre ainsi deux couples de français avec lesquels on bouclera ce très beau circuit aérien. De retour, la guide est en bonne forme pour un déjeuner à la chinoise, puis retour à Beijing pour la cérémonie du thé : une belle présentation mais je préfère très nettement le thé à la menthe des marocains et des algériens ...

La Grande Muraille à Samantaï ponctuée par les tours - notez l'alimentation solaire de l'éclairage public

Samantaï - aperçu général vers l'ouest

La propreté est un vrai atout des sites touristiques - des escaliers reconstitués

Samantaï, un long ruban le long des crêtes

Des tours de garde tous les 100 mètres de muraille environ

Les aménagements touristiques restent limités - jeu de descente un peu plus rapide par cable

La cérémonie du thé, élégant, cher, pas nécessairement le "meilleur thé du monde" quoi qu'en disent les chinois

04/10/09 : A vélo place Tien An Men

J'ai osé prendre mon vélo pour joindre la place Tien An Men depuis l'hôtel. Inutile de dire que j'ai très bien mémorisé l'itinéraire au fur et à mesure que j'avançais dans les rues. Noir de monde ! Quasiment impossible d'approcher. Les cérémonies du 1er octobre pour le 60e anniversaire de la Chine Populaire ont fortement marqué l'opinion publique et gonflé le sentiment nationaliste. Ce qui est à la télévision impressionnant est sur le terrain beaucoup moins exceptionnel. Reste que la foule est là bien présente. Mais qu'est-ce à l'échelle de la Chine réelle ?

Impression réelle de fierté nationale ... la "Porte de la paix" très bien encadrée

Tien An Men ... la jeunesse, la ... mémoire de l'Homme du 5 juin 1989 !

A Tien An Men par tous moyens

Feu vert pour le vélo ...

... mais pas pour le téléphone au Xinjiang !...

05/10/09 : le retour

Trouver un taxi qui accepte de transporter un vélo à l'aéroport !... oui, en payant quatre fois le prix normal ! A 6h30, comme convenu avec Air France, je suis au comptoir pour acheter la "box" le carton d'emballage du vélo. Mais il n'y a pas de "box" ! On me donne des morceaux de carton avec lesquels je dois faire un "paquet". Les pédales sont dévissées pour être tournées vers l'intérieur du cadre, le guidon est aligné sur le cadre, la roue avant est démontée ... le tout est ficelé tant bien que mal par l'employé de l'aéroport ! Je réussis à faire adresser l'ensemble directement à Pau pour m'éviter un changement problématique de terminal à Charles de Gaulle. Surcoût 80 euros. Arrivé à Pau, vélo et sacoches sont bien là. L'axe de la roue avant est tordue. Mais je m'attendais à pire !

La Chine ... belle dans les vitrines et ... au clair de lune ...

La Chine, un rêve et ... une leçon ...

 

PS : l'explication du ciel bleu de Beijing dans ce qui suit :

"Un dispositif sans précédent pour empêcher la pluie le 1er octobre à Pékin

le 23/9/2009 à 18h37 par AFP

La Chine va déployer des moyens sans précédent pour empêcher la pluie ou le brouillard de gâcher les festivités du 1er octobre à Pékin qui marqueront le 60e anniversaire du régime communiste, ont annoncé mercredi les journaux.

L'Armée de l'air va utiliser 18 appareils qui lâcheront des produits chimiques de dispersion de la pluie dans l'atmosphère, tandis que "48 véhicules antibrouillard" utiliseront des moyens similaires dans les aéroports de la capitale, a rapporté le quotidien Global Times.

"C'est la première fois dans l'histoire de la Chine que les modifications artificielles du temps sont faites sur une échelle aussi large", a relevé Cui Lianqing, un météorologue de l'Armée de l'air cité par le quotidien.

La première parade militaire en dix ans, un défilé d'au moins 100.000 personnes et un feu d'artifice géant seront les points forts des festivités du 60e anniversaire de la proclamation par Mao Zedong de la République populaire de Chine place Tiananmen, au coeur de Pékin.

Un temps clair est particulièrement souhaité pour la parade militaire qui sera l'occasion pour la Chine d'exhiber ses derniers équipements de haute technologie.

Cet anniversaire a été précédé d'un déploiement policier encore supérieur à celui constaté lors des jeux Olympiques d'août 2008 dans la capitale, assorti de nombreuses interdictions, telle celle de la vente de couteaux.

La Chine avait pour la cérémonie grandiose de l'ouverture des JO déjà lancé quelque 1.100 fusées antipluies au-dessus du stade olympique, le "Nid d'oiseau". Les registres météorologiques signalent 30% de risque de pluie un 1er octobre sur Pékin."

Le procédé technique consisterait à envoyer dans les nuages des cartouches d'iodure d'argent de la taille d'une cigarette à partir de lance-roquettes météorologiques.

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Thaïlande 2017 - 1

Le Doi Inthanon sommet de la Thaïlande à 2565 mètres, voilà un bel objectif ! Quand Daniel Duvergne, rencontré à El Chalten au pied du Fitz Roy dans la Patagonie argentine, m'a parlé de la rude pente qui l'avait mené là haut avec son vélo, je lui ai demandé de m'envoyer des photos. Une autre culture, d'autres paysages ... un autre monde ! Un cycliste ceinturé de bagages peut-il aborder l'ancien Royaume du Siam montagneux, à la langue et à la calligraphie si étranges pour un européen ? Il faut tenter !

Un petit circuit dans le Nord de la Thaïlande est vite tracé dans une région très proche de la Birmanie et du Laos, habité par des ethnies venues, paraît-il, de l'Himalaya : les Hmongs, agriculteurs et éleveurs, les Akhas dans les villages d'altitude, les Karens migrants du Myanmar (Birmanie) voisin ... Point trop de préparation pour une découverte respectueuse de ce pays et de ces habitants, ce pays du sourire où le bouddhisme est très présent.

J'ai esquissé une boucle à l'Ouest de Chiang Mai, la "Rose du Nord". Les écrits de quelques cyclistes que j'ai pu trouvés me paraissent un peu effrayants avec des pentes comme nulle part rencontrées. Il paraîtrait que les Thaïlandais seraient très économes des virages ! ... et donc auraient des chaussées attaquant tout droit la pente ! A vérifier ... Aussi, je n'envisage que des distances journalières assez modestes, avec ... néanmoins quelques incertitudes sur les dénivellations qui paraissent assez conséquentes d'après les tracés Google earth.

tracé imaginé ...

Périple réalisé

Trois avions successifs sont nécessaires pour atteindre Chiang Mai. Toulouse-Francfort d'abord avec Lufthansa, puis, avec Tai Airways, Francfort-Bangkok et Bangkok-Chiang Mai. De belles frayeurs en perspective pour le transport du vélo !

Il faut désosser le vélo pour le transporter, emballé et bien calé (si possible !) dans un carton. L'opération a été exécutée avec Elie, fidèle accompagnateur de mes périples à Mulet.

Lundi 13 novembre 2017 - Prémices favorables ...

Bruits feutrés ... L'aérogare de Toulouse-Blagnac se réveille. Murmures ensommeillés, vagues bientôt déferlantes des valises à roulettes, tip tap des talons sur les dalles carrelées du grand hall tout en courbe de l'étage Départ, avertissements réguliers pour ne laisser aucun bagage sans surveillance.
Mon Mulet est tout timide dans son emballage cartonné. Un petit chien, encagé lui aussi, vient lui tenir compagnie. Thomas m'a mené tôt ce matin. Merci à lui qui doit assurer quatre ouvertures de formations Orsys à Toulouse Compans Caffarelli. Comme d'habitude, j'ai été gaté hier d'abord chez Laure puis chez Thomas. Ninon et Baptiste ne voulaient pas me laisser partir ...
La vigilance est grande. Pas moins de sept militaires harnachés comme il se doit, patrouillent et veillent, déambulant en pointillés dans la grande allée.
Luthansa, première compagnie ce matin de Toulouse à Francfort, avant les deuxièmes et troisièmes avions avec Thaï Airways. Le trajet le plus long se faisant avec Thaï, ma franchise bagages en soute est de 30 kg vélo inclus. Le poids du carton vélo ayant subitement diminué de 10 kg, je passe dans les clous de la franchise bagages : sacré Mulet quand même ! Il est vraiment compréhensif ! Cette fois, ce sont deux employés qui viennent au comptoir d'enregistrement pour récupérer le chariot sur lequel le Mulet (dans son carton avec ... la tente, la sacoche outils, le casque) est pité. Amabilité d'usage vis-à-vis des conducteurs du chariot : « Ne me le cassez pas trop ! ... », « Ne vous inquiétez pas ... » . Euh ! ... si un peu quand même au vu de mon expérience de janvier dernier à ce même aéroport où le manutentionnaire avait balancé le précieux carton sur le tapis d'accès à l'antre de l'avion ... Couloirs interminables pour une dame âgée ayant parcouru les moindres recoins des étages d'arrivée et de départ, déboussolée par les panneaux chiffrés pourtant très clairs mais pour les initiés surtout.
Le temps d'une petit cluc (une petite sieste pour les non initiés !) après un verre de sauvignon et l'A320 atterrit à Francfort. J'ai vu passer le carton vélo à travers le hublot, en équilibre sur le toit en tole d'un chariot. Le conducteur a sans doute pris un virage un peu serré ! Le Mulet avait presque deux pattes dans le vide mais ... il est resté en place.

Mardi 14 novembre 2017 - Thaïlande, et si la réputation disait vrai ?

Francfort, la qualité allemande ? Un employé est à quatre pattes sous les sièges du hall d'attente de l'aérogare, entrain de nettoyer avec une brosse à dents les moindres recoins des sièges ! Il faut dire que tout est d'une propreté irréprochable.
Le deuxième avion Francfort - Bangkok est un Airbus A350, le tout dernier né de la famille. Il est rutilant, reconnaissable de nuit à son pare-brise tout en rondeur. Le bruit de ses réacteurs au décollage rappelle celui du gros A380, avec une puissance surprenante (et silencieuse) qui nous fait monter très vite au-dessus des nuages. L'avion est plein comme un oeuf. Beaucoup d'asiatiques. Les tenues des hotesses sont comme dans les livres d'images, l'accueil - incompréhensible par les mots - est tout en délicatesse avec les mains jointes et la tête souriante qui s'anime comme un encensoir ! J'hérite d'un voisin de siège qui déborde du gabarit autorisé, m'obligeant à me caler un maximum à droite. Même s'il est tout sourire, le monsieur germanique est un radiateur étonnamment efficace, et ... même un peu trop ! Quand donc les avionneurs mettront des sièges adaptés pour ce genre de gabarit ! Des rangées de neuf sièges (par trois) laissent certes un peu plus de places pour les jambes mais bizarrement la qualité commence déjà à se détériorer : la tablette avant se deplie doublement mais n'est plus tout à fait horizontale donc le plateau de repas tourne dangereusement lorsqu'on veut tailler le porc ou le poulet, le dossier du siège est raide mais surtout fait un bruit de plastique froissé dès qu'on essaie de se caler un peu mieux. Sinon, tout le reste est au top, notamment les portes-bagages cabines. La qualité de service de Thaï Airways paraît tout de même en-dessous de celle de Singapore Airways : aliments fades, dessertes des repas beaucoup trop longues ... Mais ce sont des remarques de riches ! Le cycliste est largement comblé globalement.
L'aéroport de Bangkok est très bien renseigné : juste les panneaux qu'il faut, placés au bon endroit. Le transfert pour le troisième vol à destination de Chiang Mai (vol intérieur) se fait sans complications : pas de transfert d'aéroport, récupération des bagages et donc du vélo à Chiang Mai, passage à la police, à la sureté, à l'immigration. Un aéroport comme tous les aéroports internationaux mais où tout paraît simple. Le Wifi est gratuit. L'accès aux avions se fait essentiellement par cars, il y a très peu d'accès par tunnels mobiles. L'ambiance paraît bon enfant. On ne ressent pas de tensions, les patrouilles se font très discrètes à l'intérieur de l'aérogare même si elles sont très visibles aux écrans de télévision intérieurs. Entrerai-je dans un monde à part ?
Chiang Mai, objectif atteint avec un boeing 777 qui a roulé sa bosse ! Je vois trois silhouettes oranges, smartphone brandi, monter l'escalier. L'avion a donc trois moines bouddhistes. La nuit est vite tombée - nous sommes en zone tropicale. 6h30, c'est la fin du jour. De très beaux choux-fleurs orangés parsèment le ciel. Ca réconforte après avoir traversé au décollage une capitale presque complètement invisible du fait de la pollution que l'avion a très vite traversée. En approchant de Chiang Mai, une vision irréelle : les villages et les petites villes présentaient de très belles broderies lumineuses comme si les étoiles s'étaient décalquées au sol.
La sortie de l'aéroport passait évidemment par la case récupération des bagages. Le carton vélo est arrivé en premier. Le carton était tout mou (un coup de froid et chaud mal encaissé), la douane avait ouvert sans ménagement. Je recolle tant bien que mal les plus gros trous et déchirures. Le sac de sacoches est sur le tapis roulant quelques minutes après. Un petit coup de change d'argent pour payer le taxi. Beaucoup de monde partout. Après avoir essuyé un refus, j'obtiens finalement un taxi grand modèle qui, après un coup de téléphone, est arrivé dix minutes après. En gros 7 euros. All In One, c'est l'auberge recommandée par Jean-Yves, où je descends. Didier le franco-suisse aubergiste, depuis 30 ans en Thaïlande, m'avait réservé la chambre, a mis à ma disposition une pièce où je peux laisser le carton vélo pour le retour. D'excellentes consignes sur papier indiquent ce qu'il convient de ne pas faire, les restaurants recommandés, les sorties à faire. Comme j'ai ... faim, je file au restaurant recommandé n°1 (dénommé Dash comme la ... poudre), et finis par déguster un excellent poulet mandarin avec sauce caramélisée et bien sûr riz, no spicy, mais qui quand même piquait pas mal, et ... une bière. Je me dis que je vais devoir faire attention à ne pas trop ... manger car si la cuisine est aussi fine partout (pour un peu plus de 6 euros), le pédalage risque de piquer un peu du ... nez ! Je vais déballer le vélo demain ...

Mercredi 15 novembre 2017 - Réapprendre la canicule …

Six heures de décalage, ça compte ! Réveil en pleine nuit, puis calage mental pour se convaincre qu'il est bien 1 heure du matin. Le jour bondit vers 6h30. Un petit déjeuner à la française, c'est toujours bien agréable avec le croissant, le pain beurre confiture, la salade de fruit frais, le jus d'orange, et ... le café agrémenté de quelques nuages de lait. Et ... où en est le Mulet qui dort encore dans son carton ?
Je cisaille précautionneusement les collants, extirpe la tente, le casque, la sacoche outils, la roue avant, la béquille, la selle. Je délivre enfin le vélo tout ratatiné avec son guidon de travers et ses pédales rentrés vers l'intérieur. Beaucoup de trous dans l'emballage, mais je verrai ça plus tard. Comme d'habitude, tout se remonte à peu près bien même si les pas de vis commencent un peu à foirer. Au bout d'une petite heure, le Mulet est d'aplomb, avec toutefois un des boulons de la béquille qui renâcle à se visser à fond. Je gonfle tant bien que mal. Test dans la rue …
Déjà à 9h, la chaleur est accablante. Chiang Maï est une ville grouillante avec plein de magasins, d'étals de rue. Je suis dans la vieille ville. Ambiance que l'on peut qualifier d'à peu près normale : les voitures ne roulent pas trop vite, les motos et scooters se font systématiquement arrêtés pour contrôle par la police, quelques vélos, des taxis rouges ... On ne se sent pas en grand danger. Vite à la recherche d'une station-service pour gonfler correctement le vélo. Je finis par faire le tour de la vieille ville pour trouver non pas une station-service mais un mécanicien cycliste qui, en touchant juste avec le pouce, déclare que le vélo est ... gonflé.
Pas facile de se retrouver dans cette ville importante puisque les noms des rues ne sont pas toujours écrits en une calligraphie compréhensible. La mémorisation des enseignes de magasin est finalement un bon moyen de retrouver All In One.
Immersion dans la chaleur tropicale aujourd'hui. J'ai pu trouver l'itinéraire de sortie de la ville pour demain, le vrai début du périple à vélo. Midi, l'heure de l'apéro ? Ici la sagesse doit l'emporter car il faut pédaler tous les jours. Une affichette retient mon attention : calamars à l'armoricaine. Trop bon ! C'est un cuisinier français qui les a préparés, venu ici il y a quatre ans, un fana de la course à pied qu'il pratique depuis 35 ans. Magasin 7 eleven. L'enseigne serait partout présente en Thaïlande. Presque tout le nécessaire pour le cycliste sauf les fruits ... Boites de thon, Coca-cola, sprite, biscuits ... de quoi tenir en mode survie. Quelques moines orangés, pas mal de locaux avec un masque couvrant la bouche et le nez, beaucoup de peaux blanches aussi ... Faut dire que c'est une affaire pour des européens : de la nourriture excellente pas chère avec un soleil quasiment assuré et des suites de temples bouddhistes ... un dépaysement assuré !
Ce soir, j'ai décidé d'être plus sage pour la nourriture. Manger classique pour assurer ... c'est un peu mon passe-partout. Pizza maison donc chez le parisien qui court au moins cinq fois par semaine, avec ... une bonne bière Chang très légère et désaltérante. Tout à côté se trouve un hybride entre bar-café-restaurant qui ne fait que des petits-déjeuners adaptés à chaque pays à partir de 6h58 (sic) le matin. Donc, demain matin, à 6h58 le vélo piaffera devant l'hybride !

Jeudi 16 novembre 2017 - Cool et ... le piège des pentes s'ouvre !

Ca y est. Enfin, je chevauche le Mulet chargé de tous ses atours habituels. Le petit-déjeuner est copieux, un américain teinté de français. La sortie sur l'artère de contournement de la vieille ville est difficile : penser à la conduite à gauche, à la lenteur du vélo, aux stationnements intempestifs des taxis, aux déports à droite l'oeil dans le rétroviseur que j'ai dû changer de côté. Le repérage de la veille me fait naviguer presque les yeux fermés. La sortie de la ville est très longue. Comme pour toutes les villes un peu conséquentes, l'étalement urbain s'opère principalement le long des axes routiers. Je longe pas mal de terrains militaires sur l'axe 107 : un superbe golf, des terrains pour le tir, pour les chevaux, pour l'artillerie. L'effigie du nouveau Roi est partout. La circulation urbaine dure au moins une trentaine de kilomètres. Après Mae Rim, bifurcation à gauche pour remonter la 1095. Ca roule tranquillement mais ça roule bien. La chaleur commence à sévir et ... les premières pentes surprennent. Arrêt café : étonnant de qualité ! Je demande un expresso et j'ai droit à un vrai expresso mais d'une finesse qui me fait interroger le tenancier. C'est du café local de l'arabica. J'oserai une comparaison avec le meilleur café de Colombie que m'avait fait découvrir Gustavo à Bogota. Ragaillardi, je continue mon pédalage mais ... ça s'incline et ça tourne ... durs ! Et ... ça n'en finit pas. J'ai failli m'arrêter pour continuer à pied en poussant le vélo. J'étais alors à 4 km/h et parfois à moins à la limite de la chute. J'avoue que j'ai dû aller au-delà de la limite que je ne veux pas dépasser de 75% de mes capacités. Arrivé en haut du premier col, vite manger et boire, je frise l'hypoglycémie : tout y passe banane, yaourt, biscuits, coca-cola, Fanta. Je pensais que c'était fini ! Les pentes reviennent encore plus fortes. Zigzags un peu obligés mais gare aux véhicules qui montent qui ne comprennent pas toujours qu'un cycliste est, par nature, en déséquilibre constant et donc louvoyant de côté. Je fais deux pauses boisson. Mais je remonte sur l'engin à pédales et pousse, pousse ... jusqu'à trouver le Cool Bananas, l'auberge réservé avec ... booking, et qui est en réalité un infâme taudis. Faut faire avec ! Je niche dans une case en bambous. C'est un écossais qui a construit ce Cool Bananas en pleine forêt de montagne. Tout est archi poussiéreux ... et je suis complaisant ! Pour manger il faut aller à plus d'un kilomètre en contrebas. J'écris ce texte de ce « resto » très typico thaïlandais, la télé à fond, les habitants tuant le temps attendant le client de la route. Et ... demain, l'écossais me dit que les pentes sont très ... pentues en faisant une grimace très éloquente.
Bref, pour un début, je suis soigné ! Sans doute vais-je revoir mes ambitions à la baisse ! Ce soir, je suis en bord de route, dans la montagne, dans la forêt, sans pouvoir manger correctement. Demain, je dois et m'économiser pour pouvoir tenir le coup, et arriver à surmonter les terribles cotes ... Pas sûr que ce soit très possible.

67 km +1270 m -167 m

Vendredi 17 novembre 2017 - Plus facile en contournant le mauvais sort

Je n'étais pas très fier hier soir dans ma cabane en bambou. Comme repas du soir, une maigre boite de thon et une demi-pomme. Dans la nuit, j'ai remis ma cervelle en mode Thaïlande et ... ça m'a été bien utile ! Ce matin petit-déjeuner sous les bambous préparé par l'écossais : café pain miel oranges. Pas mal. Le miel était bien sûr dans une bouteille de ... scotch, écossais oblige ! Ce miel provient en réalité du ramassage dans la forêt par des locaux qui vont piller les essaims sauvages en coupant les rayons et en les pressant pour faire couler le miel. Je repars avec trois bananes en plus offerts par son épouse. Le jour pointe à peine. Je file …
Je me suis promis de ne jamais forcer ou presque. D'où rétrogradage des vitesses plus que d'habitude. Les montées et les descentes s'enfilent dans cette vallée où hormis la route tout est impénétrable. Bien souvent je pense à la région du café en Colombie. Je m'oblige des arrêts toutes les heures et demi pour boire un café (mais accompagné cette fois d'une tasse de thé), manger une banane. Les pentes me paraissent beaucoup moins problématiques à monter qu'hier. C'est très curieux. Et pourtant elles seraient plus fortes. Mais, à la différence d'hier, les portions pentues sont beaucoup plus courtes avec des replats qui font récupérer un peu.
On change de région avec entrée dans la région de Mae Hong Son. La chaussée devient assez dégradée. Beaucoup de virages, pas de perspectives paysagères notables sinon des forêts épaisses et pentues, un peu de culture de maïs, des rizières avec pas mal de main d'oeuvre y travaillant. La traversée en vélo se fait plus calme, moins de circulation. On peut voir des quantités de libellules et de papillons inconnus dans nos contrées, et des serpents écrasés (avec pour l'un de très beaux anneaux épais et très réguliers) ou même vivant levant la tête, essayant de traverser la chaussée en ouvrant une gueule impressionnante. Je l'ai contourné et ai eu le temps de le photographier.
Passage recommandé par le Memorial Bridge et le Pai Canyon, très prisés des touristes qui vont à Pai. Peu d'intérêt néanmoins.
Pai est une très grande ville. Beaucoup de propositions d'hébergements. J'ai trouvé un hôtel très correct qui me permet de bien récupérer. Journée bonne sans problème avec des pentes que j'ai pu apprivoiser. Demain, parait-il, un gros col à franchir ...

72 km +1980 m -2370 m

Samedi 18 novembre 2017 - Col de Phang Mapha, Soppong chez les Shan

Pai était en fête hier soir. La place du jardin public était remplie de manèges. Après la tombée du jour, les backpackers se sont repliés dans la rue principale jonchée d'étals en tout genre installés devant les magasins en dur. Ambiance festive et nocturne pour - voyez comme je suis sérieux - un plat de pâtes à la carbonara et une maxi bière. En réalité, de carbonara il n'y avait que l'étiquette : pas de parmesan ou de fromage rappé, pas d'oeuf, quelques bouts de ficelles de lardons, mais des oignons en plus des pâtes. En revenant à l'hôtel, surprise au pays du bouddhisme, deux femmes sont voilées de noir des pieds à la tête. Seuls leurs yeux jouent les périscopes. Ignorance totale des passants.
Dodo tranquilou. Le petit-déjeuner a été vite enfilé car pas grand chose à se mettre sous la dent.
Je sors de la ville en passant devant l'aéroport. Direction : le col de Phang Mapha à 25 km. La montée se fait en mille virages avec parfois des pentes aux épingles à cheveux qui atteignent les 20%. Alors, l'oreille aux aguets, je traverse la chaussée pour prendre la partie large du virage, à contresens. C'est moins fatiguant. Une grande entrée à droite : c'est Lum Nam Pai Sanctuary Wildlife. J'entre dans le parc. Six militaires sont au pied d'un mât. J'entends les 8 coups de 8h sonner d'une pendule proche avec, comme chez nous ce fut une mode il y a une cinquantaine d'années, un carillon qui timbrait l'air de l'Ave Maria de Lourdes. Surprise ! De suite après, levée des couleurs : le drapeau thaïlandais est hissé.
Quelques morceaux de bravoure quand même avant d'atteindre le col. La vue de là haut est un peu bouchée sur les montagnes alentours. C'est le grand bric à brac pour touristes avec même une énorme roue qui semble amuser beaucoup de jeunes montés en motos ou en petits bus. Rencontre d'un cycliste irlandais qui pédale dans l'autre sens. Comme ce capharnaüm n'est pas trop mon truc, j'enfile la descente longue d'une vingtaine de kilomètres. Je suis en pays Shan, une ethnie venue de Birmanie. Les montagnes s'ouvrent sur des terres défrichées, travaillées quasiment sans moyens mécaniques : maïs, riz, élevage ... Soppong est le point de chute que je me suis fixé dans mon programme imaginé à partir de Google earth. Comme surgi de nulle part, un important lieu de négoces est là de part et d'autre de la route. C'est Soppong. J'ai envie d'une bonne soupe. Je vois pas mal de monde attablé. Donc, ce doit être bon ! Un régal ce fut ! Tout est bouilli donc pas de problème. A la table à côté, quatre moines bouddhistes semblent très occupés. Je sollicite une photo. Réponse positive. Un plat est apporté au centre de leur table. Chacun se sert avec des couverts, à tour de rôle, tout en gardant une main pour tapoter le ... smartphone. Les Shan seraient plutôt bouddhistes, mais j'ai vu aussi une croix juste à l'entrée de la localité.
Rassasié, je finis par trouver le Soppong River Inn, en bordure de rivière. Un petit cabanon avec tout confort m'est attribué. De quoi bien récupérer !

48 km +1220 m -995 m

Dimanche 19 novembre 2017 - Soppong à Mae Hong Son, courte mais grosse étape sous la canicule

Bonne nuit, mais petit-déjeuner très léger. Je veux partir aux aurores. L'itinéraire est simple : suivre les mille virages de la 1095. Simple mais très éprouvante pour les nerfs car ça ne fait que monter et descendre et remonter et ... jusqu'au dernier kilomètre avant d'arriver à Mae Hong Son. Chapeau les cyclistes qui peuvent faire cet itinéraire depuis Chiang Mai en deux fois moins de temps que moi ! Rien d'extraordinaire dans cette étape sinon qu'avec la quantité de virages est associée une même quantité de pentes explosives à près ou plus de 20%. Quelques-unes ... bon ... mais ça dure toute la journée. On passe encore quelques cols sans nom avec des descentes vertigineuses qui font le pendant des montées que l'on vient d'entreprendre.
Bref, il faut de la persévérance, surtout avec le poids à tirer, à hisser, sous ... un cagnard de plomb (plus de 35°C à partir de 11h). La fringale n'arrange pas les choses. C'est vrai qu'hier soir j'ai eu droit à un Pad Thai, bon certes, mais j'en aurai mangé trois. Je me suis arrêté à une vingtaine de kilomètres de Mae Hong Son pour manger une soupe : excellentes sont les soupes sur les bords de route avec plein de fines herbes odorantes, des bouts de viande porc, poulet, un jus qui vous fait trembler de plaisir l'estomac. En arrivant durement à Mae Hong Son car les coups de pédale sont lourds, je décide d'abord que j'ai très faim, très soif, ensuite que demain je dois avoir une journée sans pédalage.
Je trouve non sans mal un hôtel correct tranquille central pour donc deux nuits.
Sur les conseils de Daniel puis de deux Suisses rencontrés au bistrot où j'ai mangé ce soir, demain peut-être essaierai-je une virée motorisée vers un village chinois aux portes de la Birmanie.

72 km +1923 m -2256 m

Lundi 20 novembre 2017 - Immersion à Mae Hong Son et ... réparation !

8h ! Je n'étais pas encore sorti des nimbes bouddhiques que la montre a sonné la levée du corps. Finalement, j'ai fini par ne rien décider pour la visite touristique que j'envisageais hier. Bien m'en a pris.
Petit-déjeuner spartiate avec juste un peu de café et deux tartines confiturées. Le petit hôtel serait-il un peu chiche ? Flânerie, puis balade à pieds pour saluer les deux plus renommés temples de la ville : le Wat Chong Klang et le Wat Hua Wiang. Très entretenus, ces lieux sont des trésors d'architecture et de décoration. Les jeunes moines drappés de couleur orange jouent, rigolent, s'amusent avec chats et chiens en leur donnant quelques boulettes. Je suis frappé par leur jeunesse.
La descente au marché est toujours un choix favori lorsqu'on aborde une ville nouvelle étrangère. Ambiance sereine, beaucoup de monde dans les travées mais pas de hausses de tons de voix, pas d'esclandre. Imprégnation obligée car tout le monde se salue le plus souvent en joignant les mains. Quelques photos permises, rares sont les refus. Beaucoup de légumes, de fruits, de viandes souvent préparées en tout petits morceaux sur place par des femmes assises en tailleur et maniant une sorte d'énorme couteau entaillant au ras des doigts.
Hier soir, les deux Suisses me disaient que les Thaïlandais portaient très souvent un pistolet caché sous le vêtement et n'hésitaient pas à s'en servir ! Je leur disais qu'au contraire, la petite immersion que je fais depuis mardi me donne l'impression d'une extrême gentillesse et correction. Sans doute, ne suis-je pas resté encore assez longtemps ?
Gros déjeuner ce midi avec soupe et plat complet. Faut requinquer la bête ! En rentrant à l'hôtel, un pressentiment commence à devenir envahissant. Depuis Chiang Mai, dès que je dépasse une vitesse de l'ordre de 15 km/h, j'ai le vélo qui godille un peu de l'arrière comme si à chaque tour de roue quelqu'un donnait un coup de pied de travers. Rien ne frotte pourtant. Comme j'ai déjà eu ce type d'incident, je préfère éviter un possible éclatement. En regardant de très près, sur une vingtaine de centimètres l'enveloppe du pneu arrière est distendu, montrant un début de hernie. En regardant encore plus près, des fissures apparaissent ! De suite, je suis le conseil de Daniel qui m'a indiqué, au cas où un incident technique se produisait, l'atelier de Ed Titan, excellent réparateur de vélo. Je file vite dans la rue principale, fais trois fois l'aller-retour pour finalement atterrir à son petit atelier. Ed ? ... Oui. Je me sens déjà sauvé ! Explications tactiles pour qu'il voit bien où est le problème. Je lui demande de changer le pneu. Il n'en a qu'un ! Mais la chambre à air est aussi fissurée ... donc il change tout. Le réglage des freins est vérifié, ajusté. Les passages de vitesses sont auscultés avec force vis vissées, dévissées, réglages des dérailleurs avant et arrière. Le Mulet n'en peut plus de ... plaisir et ... le bonhomme qui pédale, lui, est aux anges !
Le pressentiment avait donc une vraie justification !
Dans les trois prochains jours, il y aurait encore beaucoup de virages donc beaucoup de pentes raides à gravir ...

Mardi 21 novembre 2017 - Mae Hong Son à Khun Yuam ... transition

Hier après-midi, surprise ! En rentrant à l'hôtel, trois policiers m'attendaient. Sans même dire bonjour, le passeport est demandé. Comme le chef tournait beaucoup les pages, je lui précise celle où se trouve le tampon avec la date d'entrée sur le territoire thaïlandais. Puis, je m'avance vers la dame tenancière mais, à peine ai-je esquissé un pas qu'un des policiers me somme de reculer d'un pas et de me mettre face au chef ! Ca me rappelle les pratiques en Chine où j'avais eu droit à une obligation de reculer de 50 mètres pour ensuite me faire fouiller par des contrôleurs gantés de blanc jusqu'à regarder mes photos une à une. Communication est faite de la copie de mon passeport par les moyens modernes du smartphone. Puis, l'ambiance s'apaise. Ils voient le vélo. Apparemment ils comprennent un peu l'anglais. Je leur dis que je viens de Chiang Maï. Ils me demandent mon âge. Epouvantés, ils s'en vont.
Je demande à la tenancière si les contrôles sont ainsi fréquents. Elle me répond que c'est la police pour l'immigration. Fin de l'épisode.
J'ai senti la tenancière un peu surprise quand même. Elle avait pourtant bien rempli la fiche du client avec toutes les indications réglementaires. Du coup, elle m'offre des crêpes, un peu spéciales car c'est fait avec de la farine de riz (de couleur verte) avec des graines de céréales et enrobant du sucre mais en cheveux. J'ai hésité puis ai goûté et en ai mangé plusieurs, avec demande d'avoir au petit-déjeuner deux crêpes. Excellente formule. Je n'ai pas osé en demander dix pour le vélo !
La route de Mae Hong Son à Khun Yuam est sans histoire, sans trop d'intérêt paysager. On traverse une zone de montagne boisée de partout, quasiment sans peuplement tout au moins en bordure de la route. Il semblerait qu'elle ait été sinon financée du moins très utilisée pour le transport militaire par les Japonais durant la deuxième guerre mondiale. C'est une douloureuse histoire et pour les japonais et pour les habitants de Khun Yuam cet épisode qui a fait l'objet d'un musée que je suis allé voir à l'entrée de Khun Yuam avec un beau monument financé par bon nombre de nations dont la France pour sceller la fraternisation entre les belligérants de l'époque.
Quelques gouttes de pluie sont tombées mais qui n'ont pas duré. Les deux ou trois jours qui suivent risquent être les plus redoutables si j'en crois les relations quasiment diaboliques de ceux qui ont osé s'aventurer à vélo sur cette portion qui doit culminer au Doi Inthanon, le point le plus haut de la Thaïlande. Point d'interrogation donc ! ...

72 km +1320 m -638 m

(suite Thaïlande 2017 - 2 )

Tashkent Kachgar 2009 - 1

Ouzbékistan - Kirghizistan - Chine

Chronique en images

 

15/09/09 : Uzbekistan Airways plus facile qu'Air France !

Juste avant de partir d'Eysus, j`ouvre mes mails : l`Ambassade de France m`annonce que le 16 je dois animer une conférence sur le développement durable au Centre Culturel Francais à 17h ! Je pars avec Elie à l`aéroport de Pau : évidemment avec Air France rien n`est jamais clair. Je dois payer 50 euros pour le vélo de Pau à Paris. Heureusement la sympathique compagnie de Fabrice et de Lucien venus à l`aéroport me calme un peu ... J`atterris à Roissy 2D ce qui m`évite de devoir recourir à la navette. Un employé de Roissy me voyant envahi par les sacoches et le big carton m`interroge et me répond : "Non, pas de surpoids pour Uzbekistan Airways, le vélo ne partira pas". Dure attente jusqu`à 20h. Les guichets d`enregistrement ouvrent. Je ne dis rien. Je présente vélo et sacoches. La tension retombe un peu : le vélo peut partir mais avec 20 euros. J`en aurai donné le triple !! Merci Uzbekistan ! Je discute pas mal avec les employés qui veilleront jusque dans l`avion que le vélo a bien été embarqué. Nuit tranquille dans un super avion : un long cigare Boeing 767 très confortable, rapide au décollage, peu bruyant, avec atterrissage à la minute près à Tashkent.

16/09/09 : Tashkent pour deux conférences

Queue d`une bonne heure pour la douane. Le vélo est là mais le carton est tout déchiré avec une sacoche en l`air. Je veux récupérer la totalité des bagages, le vélo ... On me dit que le vélo "is too heavy ... money !" Alors, je prends le vélo tout seul et leur dis que j`ai déja payé ... fin de l`épisode. Je sors de l`aéroport de Tashkent, m'entend interpellé "André !" par une personne venue me chercher,de l'Ecole Française de Tashkent. Je remonte le vélo, trouve une clef de 15 pour bien fixer les pédales, gonfle les pneus à 5 bars, change de l`argent, arrive à l`hôtel réservé par l`Ecole Francaise, et ... met le vélo dans la ... chambre ! 11 h arrive avec la conférence à faire sur le parc national des Pyrénées : un public d`enseignants et de jeunes élèves, très attentif avec plein de questions dont celle d'un garçon du primaire : "Mais pourquoi ne restez-vous pas bien tranquille chez vous à la retraite ?" ... à méditer !

Déjeuner sympa avec les enseignants de l`Ecole. Puis, ... faut penser aux provisions : savon, biscuits, fruits secs, nescafé, eau ... et, à 17h, la conférence demandée sur le Développement durable, avec un auditoire très diversifié qui fréquente assidûment le Centre Culturel Français.

Demain matin, lever à 5h pour départ à 6h au lever du jour : mais il faut trouver la sortie de Tashkent !

17/09/09 : 1ère journée de vélo et a priori ça roule bien en Uzbékistan puisque 145 km ont été parcourus

Dénivelée montante : +1350 m

Dénivelée descendante : -620 m

Galère pour trouver la bonne sortie de la ville de Tashkent ! Mais dès que l'on est sur le bon axe, deux fois deux voies en général, le rythme devient amusant. Beaucoup de cheminées d'usines mais qui paraissent hors service. Arrivée à Angren vers 11h30 et déjeuner avec ... l'armée dans un petit resto de bord de route, avec purée, nouilles enrobés dans une sauce sans viande, et avec ... un litre de Coca ! Après, filant un bon train, je continue vers le lac de barrage que je dépasse pour m'arrêter camper au point de changement de direction qui demain me fera attaquer le col à 12%. La tente n'est pas située au meilleur endroit ! Toute la nuit j'ai assisté à une circulation infernale de poids lourds, à croire que les chauffeurs attendent la nuit fraiche ! Le téléphone ne passant pas, le Monsieur qui a accepté l'installation de ma tente m'a gentiment proposé de me monter un peu plus haut pour me permettre de donner ma position par téléphone ; puis redescente et ... nuit un peu en pointillés (il faut dire que j'étais placé juste à l'endroit où les camions rétrogradaient pour amorcer la rampe de 12 %).

Les routes rapides d'Ouzbékistan (à la sortie de Tashkent)

Une des nombreuses cheminées du trajet

Des systèmes ingénieux (et mécaniques) d'irrigation

Les camions, compagnons obligés du périple !

Sympas les nombreuses haltes où l'on peut acheter des fruits

Ah ! le casque, beaucoup de succès auprès des enfants

... qui examinent attentivement mon road-book

Des ruches ... ça me rassure !

18/09/09 : 120 km aujourd'hui. Rude journée avec un col à 12% pendant 15 km ... avec vent de face !

Dénivelée montante : +990 m

Dénivelée descendante : -1800 m

Sacrée montée avec, d'emblée, un panneau l'indique, une pente à 12% durant 19 km avec vent de face sur une route défoncée par les camions durant au moins 50 km. Heureusement, le col de Marie-Blanque gravi chaque semaine dans les Pyrénées m`a servi. Pas de panique, le mulet bien que passablement chargé a rempli sa mission sans broncher. En haut je dois traverser deux tunnels gardés par des militaires avant et après, donc avec quatre contrôles. Descente super sauf que la route était complètement défoncée, le mulet a sauté comme un cabri mais a tenu les chocs. Deux contrôles encore. C`est fou comme les policiers voient de suite le compteur kilométrique du vélo. Je me suis rallongé d`au moins 30 km pour avoir voulu aller à Quqon. Couchage sous tente encore dans un champ un peu humide, après une réception sympathique au raisin chez les propriétaires. Les enfants étaient aux anges avec mon casque. Mais je constate une tuile de taille : le réchaud est hors service, la pompe de pression ne fonctionnant plus : pourquoi ?? J`avais évidemment prévu beaucoup de choses ... sauf cela. Comment vais-je faire sans pouvoir faire réchauffer quoi que ce soit ? Manger froid et cru ... Il faudra bien que je fasse avec...

Pour la première fois Kashgar est annoncé ... loin !

La pub ... à voir du ciel !

Belle et longue route sans problème

19/09/09 : 108 km, Andijan mais le téléphone ne passe pas

Dénivelée montante : +110 m

Dénivelée descendante : -20 m

Au troisième jour, je suis à Andijan vers 13h30 après être parti à 6h30 au lever du jour. C'est tout proche de la frontière Kirghize que je franchirai demain. La route a été sans problème. A l'entrée d'Andijan, un énorme rond-point. Des femmes nettoient les abords. Elles se laissent photographier. Entrée dans la ville par une pause casse-croute dans un bistrot local très occupé. Trouver un hôtel n'est pas simple dans cette cité industrieuse. Alors que je cherchais, un automobiliste s`arrête, comprend que je suis un bonhomme bizarre et ... me donne ... 25 000 soum soit environ 15 euros ... Je finis par tomber sur l'hôtel Royal.

Au total, depuis trois jours plus de 380 km. Je suis dans mes prévisions. Cet après-midi, je me suis enfin lavé à fond à l`eau chaude. J`ai une super chambre tout confort à l'hôtel Royal pour 40 $ avec petit déjeuner. Mais le téléphone ne passe pas ! L'hôtelier me donne l'accès sans limite à internet : à moi le Blog TashkentPekin.free.fr ! Je finis par démonter le réchaud MSR et commence à comprendre le double procédé de sabotage (par qui ? les douaniers ?) : le réservoir d'essence n'a plus de joint de fermeture, la pompe à pression n'a également plus de joint. Heureusement, j'ai les joints de secours., MSR vendant en même temps que son réchaud toute une batterie de pièces de remplacement. Après remontage, miracle, la pompe fonctionne à nouveau, le réchaud brûle ! La salle de bain de l'hôtel sent l'essence ! Super (au sens propre et figuré), je pourrai manger chaud !

La petite tente, seul lieu d'intimité ...

... mais pas trop longtemps !

l'apéritif au raisin offert par la famille Ousbek qui m'accueille

En vallée de Fergana, la culture du coton est très présente

Qui veut me piquer le vélo ! Notez le tracteur à trois roues ...

Les belles dames nettoient les bords de route à Andijon

Sympa non ? ce sourire

Tiens-toi bien petit bonhomme !

Très gentil ! mon hôtelier Ouighour d'un jour

20/09/09 : 71 km, Kirghistan, Och ... pas terrible !

Dénivelée montante : +615 m

Dénivelée descendante : -140 m

D'Andijan à la frontière Kirghize, c'est un vrai jeu de piste ! J'ai dû me tromper un peu car j'ai pris de toutes petites routes où bien sûr la police était présente. Douanes Ouzbek et Kirghize avec une longue file de camions en attente côté Ouzbek, et ... rien côté Kirghize. Je profite de l'avantage du vélo pour me faufiler. Passage de la frontière sans problème. Change de 25$ en Som la monnaie Kirghize. Och est une ville assez bordélique où l'on est interpellé par tout le monde sans aucune forme de politesse, avec brutalité même : "tourist" ... Soif ! J'ai avalé deux bières et ai fini par trouver un hôtel cher à 1500 Som sans petit déjeuner dans un quartier très animé avec beaucoup de jeunes paraissant désoeuvrés, et beaucoup de ... policiers. Je fais les provisions dans une épicerie où, oh ! miracle, je trouve fromage (style gruyère), fruits, gaufrettes, coca, fanta, eau plate, pain rond. J'ajoute une heure de plus à ma montre.

Commençant à m'apercevoir des lacunes du téléphone, j'envoie un message à la famille pour les avertir de possibles trous géographiques :

Un message important pour la famille : hier à Andijan, le téléphone ne passait pas. Donc si vous ne recevez rien c`est uniquement parce que ça ne passe pas (pas de relais adapté à Orange dans le secteur). Mais j`essaie d`envoyer systématiquement chaque jour un SMS à Dominique, à Laure, à Thomas. A partir de demain je suis dans la vraie pampa avec une seule ville qui sera en Chine Kashgar mais je ne compte y arriver que dans 9 à 10 jours. Bien sûr j`essaierai d`envoyer les SMS tous les jours mais je ne sais pas si quand je les envoie ils arrivent.

Journée chaude et assoiffante. Trouver la frontière avec le Kirghistan est un vrai jeu de piste. Contrôles comme dab mais sans Pb. Och ... il faut vite en partir. Je vais acheter des vivres et demain je vais essayer d`atteindre Gulcha. Puis après, cols jusau`à 3600m puis Sary -Tach puis frontière chinoise et encore 2 à 3 jours si tout va bien pour atteindre Kachgar. Bisous à tous.

Une école agricole publique d'Ouzbékistan

et ... en face une école confessionnelle

De nombreux puits de pétrole sur le chemin

21/09/09 : 87 km, rude journée avec 3h de vent de face. J'atteins Gulcha

Dénivelée montante : +1430 m

Dénivelée descendante : -845 m

Lever à 5h30 mais ... c'est trop tôt pour le soleil ! Départ à 7h30 heure locale. La pluie est là mais ne dure pas trop longtemps. Terrible vent de face durant 3h de vélo. J'ai bien cru que je n'allais pas pouvoir parvenir à Gulcha. La route est une longue ligne droite qui traverse un long vallon (style canal de Berdun en Aragon). Des paysans ramassent le foin à la fourche et l'empilent sur un ... camion. Je suis doublé par beaucoup de très grosses voitures sombres style Audi, Volkswagen, 4 x 4, roulant à vive allure (est-ce la route de la drogue vers l'Afghanistan comme le disent certains ?). Contrôles de vitesse par la police. Une belle route permet d'accéder à un un col mais la descente est ... une route en travaux. La piste est rude pour le mulet métallique mais il tient le coup. Je finis par arriver à Gulcha vers 15h. Achat de quelques provisions (Coca, biscuits, eau). Enfin je suis en altitude avec un air beaucoup plus facile à respirer qu'à Och ! Gulcha, cité bizarre qui ressemble aux ventas espagnoles avec une rue principale commerçante et des étals de part et d'autre. Un peu à l'écart, une gastiniza me permet de passer une nuit tranquille à 150 som (ça me change de l'hôtel d'Och avec la nuit à 1500 som !). Je mange un plov pour 120 som : riz, patates, viande, avec une salade de tomates. Le téléphone ne passe pas, pas d'internet.

Le temps n'est pas terrible ...

Une belle vallée montante

Le cheval, une seconde nature ...

les roulottes très fréquentes au Kirghistan

De beaux horizons à atteindre

de la route à la piste, les difficultés arrivent !

le cimetière toujours un peu à l'écart

souples mais solides les ponts d'accès

22/09/09 : 81 km, piste défoncée, fort vent de face

Dénivelée montante : +1530 m

Dénivelée descendante : -155 m

Pas terrible le temps ce matin. La piste est là et sera là désormais jusqu'à la frontière chinoise sauf quelques portions goudronnées après Sary-Tash.

Au-dessus de Gulcha, ça commence à bien monter sur une piste défoncée par les camions qui sont encore nombreux : poussière et pollution assurées. Le vent ne m'aide pas : il est fort et vient du sud ! Donc je l'ai dans le nez en permanence. Compte tenu de ces éléments, j'ai prévu de faire environ 80 km aujourd'hui. En fin d'après-midi, je mets ma tente chez un paysan Kirghize qui m'a donné pain et caillé (c'est super bon mais super efficace pour la constipation !). Soirée très sympa : je visite et prends des photos. Le téléphone ne passe toujours pas. J'aurais bien aimé rester un jour de plus. La nuit, pluie et ... neige. Je suis à environ 2900 m.

Temps pas terrible ce matin en partant de Gulcha

La piste montante avec fort vent de face

Un entretien constant pour les passerelles

des paysans avec de petits troupeaux

la neige n'est pas très loin

un plaisir sans camion et sans vent !

une forme d'habitat en hameaux

des couleurs de Bolivie ou d'Islande ...

pacifique paysage mais pas très gras pour le bétail !

Ca y est, il y en a un qui arrive !

les enfants à l'école sont tous en uniforme

Un bon équilibre avant/arrière est nécessaire

Les terrassiers chinois à l'oeuvre ...

la famille Kirghize qui m'a accueilli

l'eau courante, un seul point collectif

l'animal, vital pour la survie de la famille

le foin est stocké sur les toits

Monsieur et Madame ... vont bientôt faire le pâté !

les bâtiments annexes en terre

on stocke les bouses pour le chauffage

on engrange le foin à la fourche

le silo aux pommes de terre

curieux les gamins !

tiens, une visite ...

23/09/09 : 56 km, cols à plus de 3500 m, dures conditions ...

Dénivelée montante : +1120 m

Dénivelée descendante : -700 m

Il a plu, neigé, fait du vent toute la nuit. La tente est très confortable avec une excellente isolation, un matelas qui ne se dégonfle pas, un duvet très douillé, un sac à viande en soie : le pied ! Le plus dur est ... d'en sortir ! Ce matin, surprise : la neige est aux environs de 3100 m. Or il me faut aujourd'hui passer au-dessus de cette altitude ! J'espère que les camions qui ont circulé la nuit ont dégagé un peu la neige de la "route" ...

Je pars tôt au point du jour avec la tente mouillée. La piste du col de Taldyk est très boueuse, glissante. Le col est 12 km au-dessus à environ 3600 m. Les camions arrivent, le vélo tient debout mais c'est difficile avec le vent de face, le froid, la piste glissante, le poids qui me contraignent d'être à la limite de l'équilibre entre 4 et 5 km/h c'est-à-dire qui m'obligent à consacrer beaucoup d'énergie à l'équilibre latéral pour ne pas tomber. Infernal au bout de quelques km. Je suis habillé comme en hiver avec deux paires de gants, le collant par-dessus le cycliste, le bonnet en alpaga sur la tête. Je pédale dans la boue et les cailloux au milieu des camions. Mais ... ça monte. Petit à petit, l'horizon du col se rapproche. Je dépense beaucoup d'énergie à calculer, à ne pas trop donner dans les muscles pour continuer à garder la lucidité qui me permettra de ne pas exploser. Là encore, la montée du col de Marie-Blanque par tous les temps m'a beaucoup servi : penser aux pieds lorsqu'ils commencent à devenir insensibles, ne pas trop tirer sur les bras, ne pas trop se dandiner, arrondir les coups de pédales bien régulièrement, garder les épaules le plus relâchées possible ... et le col arrive. Descente ensuite ! C'est fini ? Non, un autre col suit. La piste est toujours en travaux : ah ! ces chinois ! La descente vers Sary-Tash ! Ca y est, c'est passé ! Les chinois logent regroupés à part du village dans des sortes de caisses de chantier. Une bonne soupe chaude, de la bière, ... les montagnes du Pamir sont là, on les devine plus qu'on ne les voit car elles restent très encapuchonnées. C'est avec beaucoup d'émotion que je revois ces majestueux sommets tout blancs dix ans après être venu au Pic Lénine. Achat de quelques vivres (coca, biscuits, fanta, eau). En un seul point, le téléphone semble passer, faiblement mais peut-être suffisamment pour pouvoir envoyer ma position par SMS ... Ca marche ! Les SMS sont partis. mais seront-ils reçus ? Soulagement ! Je décide de continuer une vingtaine de km après Sary-Tash. vers Irkeshtam. L'après-midi éclaircit un peu le paysage, la grande et large vallée s'ouvre, le Pamir scintille de ses glaciers qui paraissent tout proches. Je suis à 3300 m. Je trouve un coin pour la tente un peu à l'écart de la piste. Ce soir, purée !...

Ce matin, la neige est à 3100 m !

La montée au premier col est raide et boueuse

... à la limite de l'équilibre pour mon chargement ...

Le paysage est somptueux

Premier col déjà au-dessus de 3400 m

Alors mulet, tu es content ? ..

Facile avec un moteur !!

deuxième col ...

... à près de 3600 m

la descente vers Sary-Tash

après le froid de l'altitude, un peu de douceur : de l'eau, de la verdure ...

... pour un peu de bétail

... et quelques fermes

Au fond, encapuchonnées les montagnes blanches du Pamir

la grande vallée de Sary-Tash à plus de 3000 m

un paysage marqué par les soubresauts périodiques de la Nature

Quelques yourtes encore en place fin septembre à plus de 3000 m

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Photo du jour

24/02/24

 Un sous-marin dans la baie de Puerto Montt devant les fumerolles du volcan Chaiten