Juste avant de partir d'Eysus, j`ouvre mes mails : l`Ambassade de France m`annonce que le 16 je dois animer une conférence sur le développement durable au Centre Culturel Francais à 17h ! Je pars avec Elie à l`aéroport de Pau : évidemment avec Air France rien n`est jamais clair. Je dois payer 50 euros pour le vélo de Pau à Paris. Heureusement la sympathique compagnie de Fabrice et de Lucien venus à l`aéroport me calme un peu ... J`atterris à Roissy 2D ce qui m`évite de devoir recourir à la navette. Un employé de Roissy me voyant envahi par les sacoches et le big carton m`interroge et me répond : "Non, pas de surpoids pour Uzbekistan Airways, le vélo ne partira pas". Dure attente jusqu`à 20h. Les guichets d`enregistrement ouvrent. Je ne dis rien. Je présente vélo et sacoches. La tension retombe un peu : le vélo peut partir mais avec 20 euros. J`en aurai donné le triple !! Merci Uzbekistan ! Je discute pas mal avec les employés qui veilleront jusque dans l`avion que le vélo a bien été embarqué. Nuit tranquille dans un super avion : un long cigare Boeing 767 très confortable, rapide au décollage, peu bruyant, avec atterrissage à la minute près à Tashkent.
16/09/09 : Tashkent pour deux conférences
Queue d`une bonne heure pour la douane. Le vélo est là mais le carton est tout déchiré avec une sacoche en l`air. Je veux récupérer la totalité des bagages, le vélo ... On me dit que le vélo "is too heavy ... money !" Alors, je prends le vélo tout seul et leur dis que j`ai déja payé ... fin de l`épisode. Je sors de l`aéroport de Tashkent, m'entend interpellé "André !" par une personne venue me chercher,de l'Ecole Française de Tashkent. Je remonte le vélo, trouve une clef de 15 pour bien fixer les pédales, gonfle les pneus à 5 bars, change de l`argent, arrive à l`hôtel réservé par l`Ecole Francaise, et ... met le vélo dans la ... chambre ! 11 h arrive avec la conférence à faire sur le parc national des Pyrénées : un public d`enseignants et de jeunes élèves, très attentif avec plein de questions dont celle d'un garçon du primaire : "Mais pourquoi ne restez-vous pas bien tranquille chez vous à la retraite ?" ... à méditer !
Déjeuner sympa avec les enseignants de l`Ecole. Puis, ... faut penser aux provisions : savon, biscuits, fruits secs, nescafé, eau ... et, à 17h, la conférence demandée sur le Développement durable, avec un auditoire très diversifié qui fréquente assidûment le Centre Culturel Français.
Demain matin, lever à 5h pour départ à 6h au lever du jour : mais il faut trouver la sortie de Tashkent !
17/09/09 : 1ère journée de vélo et a priori ça roule bien en Uzbékistan puisque 145 km ont été parcourus
Dénivelée montante : +1350 m
Dénivelée descendante : -620 m
Galère pour trouver la bonne sortie de la ville de Tashkent ! Mais dès que l'on est sur le bon axe, deux fois deux voies en général, le rythme devient amusant. Beaucoup de cheminées d'usines mais qui paraissent hors service. Arrivée à Angren vers 11h30 et déjeuner avec ... l'armée dans un petit resto de bord de route, avec purée, nouilles enrobés dans une sauce sans viande, et avec ... un litre de Coca ! Après, filant un bon train, je continue vers le lac de barrage que je dépasse pour m'arrêter camper au point de changement de direction qui demain me fera attaquer le col à 12%. La tente n'est pas située au meilleur endroit ! Toute la nuit j'ai assisté à une circulation infernale de poids lourds, à croire que les chauffeurs attendent la nuit fraiche ! Le téléphone ne passant pas, le Monsieur qui a accepté l'installation de ma tente m'a gentiment proposé de me monter un peu plus haut pour me permettre de donner ma position par téléphone ; puis redescente et ... nuit un peu en pointillés (il faut dire que j'étais placé juste à l'endroit où les camions rétrogradaient pour amorcer la rampe de 12 %).
Les routes rapides d'Ouzbékistan (à la sortie de Tashkent)
Une des nombreuses cheminées du trajet
Des systèmes ingénieux (et mécaniques) d'irrigation
Les camions, compagnons obligés du périple !
Sympas les nombreuses haltes où l'on peut acheter des fruits
Ah ! le casque, beaucoup de succès auprès des enfants
... qui examinent attentivement mon road-book
Des ruches ... ça me rassure !
18/09/09 : 120 km aujourd'hui. Rude journée avec un col à 12% pendant 15 km ... avec vent de face !
Dénivelée montante : +990 m
Dénivelée descendante : -1800 m
Sacrée montée avec, d'emblée, un panneau l'indique, une pente à 12% durant 19 km avec vent de face sur une route défoncée par les camions durant au moins 50 km. Heureusement, le col de Marie-Blanque gravi chaque semaine dans les Pyrénées m`a servi. Pas de panique, le mulet bien que passablement chargé a rempli sa mission sans broncher. En haut je dois traverser deux tunnels gardés par des militaires avant et après, donc avec quatre contrôles. Descente super sauf que la route était complètement défoncée, le mulet a sauté comme un cabri mais a tenu les chocs. Deux contrôles encore. C`est fou comme les policiers voient de suite le compteur kilométrique du vélo. Je me suis rallongé d`au moins 30 km pour avoir voulu aller à Quqon. Couchage sous tente encore dans un champ un peu humide, après une réception sympathique au raisin chez les propriétaires. Les enfants étaient aux anges avec mon casque. Mais je constate une tuile de taille : le réchaud est hors service, la pompe de pression ne fonctionnant plus : pourquoi ?? J`avais évidemment prévu beaucoup de choses ... sauf cela. Comment vais-je faire sans pouvoir faire réchauffer quoi que ce soit ? Manger froid et cru ... Il faudra bien que je fasse avec...
Pour la première fois Kashgar est annoncé ... loin !
La pub ... à voir du ciel !
Belle et longue route sans problème
19/09/09 : 108 km, Andijan mais le téléphone ne passe pas
Dénivelée montante : +110 m
Dénivelée descendante : -20 m
Au troisième jour, je suis à Andijan vers 13h30 après être parti à 6h30 au lever du jour. C'est tout proche de la frontière Kirghize que je franchirai demain. La route a été sans problème. A l'entrée d'Andijan, un énorme rond-point. Des femmes nettoient les abords. Elles se laissent photographier. Entrée dans la ville par une pause casse-croute dans un bistrot local très occupé. Trouver un hôtel n'est pas simple dans cette cité industrieuse. Alors que je cherchais, un automobiliste s`arrête, comprend que je suis un bonhomme bizarre et ... me donne ... 25 000 soum soit environ 15 euros ... Je finis par tomber sur l'hôtel Royal.
Au total, depuis trois jours plus de 380 km. Je suis dans mes prévisions. Cet après-midi, je me suis enfin lavé à fond à l`eau chaude. J`ai une super chambre tout confort à l'hôtel Royal pour 40 $ avec petit déjeuner. Mais le téléphone ne passe pas ! L'hôtelier me donne l'accès sans limite à internet : à moi le Blog TashkentPekin.free.fr ! Je finis par démonter le réchaud MSR et commence à comprendre le double procédé de sabotage (par qui ? les douaniers ?) : le réservoir d'essence n'a plus de joint de fermeture, la pompe à pression n'a également plus de joint. Heureusement, j'ai les joints de secours., MSR vendant en même temps que son réchaud toute une batterie de pièces de remplacement. Après remontage, miracle, la pompe fonctionne à nouveau, le réchaud brûle ! La salle de bain de l'hôtel sent l'essence ! Super (au sens propre et figuré), je pourrai manger chaud !
La petite tente, seul lieu d'intimité ...
... mais pas trop longtemps !
l'apéritif au raisin offert par la famille Ousbek qui m'accueille
En vallée de Fergana, la culture du coton est très présente
Qui veut me piquer le vélo ! Notez le tracteur à trois roues ...
Les belles dames nettoient les bords de route à Andijon
Sympa non ? ce sourire
Tiens-toi bien petit bonhomme !
Très gentil ! mon hôtelier Ouighour d'un jour
20/09/09 : 71 km, Kirghistan, Och ... pas terrible !
Dénivelée montante : +615 m
Dénivelée descendante : -140 m
D'Andijan à la frontière Kirghize, c'est un vrai jeu de piste ! J'ai dû me tromper un peu car j'ai pris de toutes petites routes où bien sûr la police était présente. Douanes Ouzbek et Kirghize avec une longue file de camions en attente côté Ouzbek, et ... rien côté Kirghize. Je profite de l'avantage du vélo pour me faufiler. Passage de la frontière sans problème. Change de 25$ en Som la monnaie Kirghize. Och est une ville assez bordélique où l'on est interpellé par tout le monde sans aucune forme de politesse, avec brutalité même : "tourist" ... Soif ! J'ai avalé deux bières et ai fini par trouver un hôtel cher à 1500 Som sans petit déjeuner dans un quartier très animé avec beaucoup de jeunes paraissant désoeuvrés, et beaucoup de ... policiers. Je fais les provisions dans une épicerie où, oh ! miracle, je trouve fromage (style gruyère), fruits, gaufrettes, coca, fanta, eau plate, pain rond. J'ajoute une heure de plus à ma montre.
Commençant à m'apercevoir des lacunes du téléphone, j'envoie un message à la famille pour les avertir de possibles trous géographiques :
Un message important pour la famille : hier à Andijan, le téléphone ne passait pas. Donc si vous ne recevez rien c`est uniquement parce que ça ne passe pas (pas de relais adapté à Orange dans le secteur). Mais j`essaie d`envoyer systématiquement chaque jour un SMS à Dominique, à Laure, à Thomas. A partir de demain je suis dans la vraie pampa avec une seule ville qui sera en Chine Kashgar mais je ne compte y arriver que dans 9 à 10 jours. Bien sûr j`essaierai d`envoyer les SMS tous les jours mais je ne sais pas si quand je les envoie ils arrivent.
Journée chaude et assoiffante. Trouver la frontière avec le Kirghistan est un vrai jeu de piste. Contrôles comme dab mais sans Pb. Och ... il faut vite en partir. Je vais acheter des vivres et demain je vais essayer d`atteindre Gulcha. Puis après, cols jusau`à 3600m puis Sary -Tach puis frontière chinoise et encore 2 à 3 jours si tout va bien pour atteindre Kachgar. Bisous à tous.
Une école agricole publique d'Ouzbékistan
et ... en face une école confessionnelle
De nombreux puits de pétrole sur le chemin
21/09/09 : 87 km, rude journée avec 3h de vent de face. J'atteins Gulcha
Dénivelée montante : +1430 m
Dénivelée descendante : -845 m
Lever à 5h30 mais ... c'est trop tôt pour le soleil ! Départ à 7h30 heure locale. La pluie est là mais ne dure pas trop longtemps. Terrible vent de face durant 3h de vélo. J'ai bien cru que je n'allais pas pouvoir parvenir à Gulcha. La route est une longue ligne droite qui traverse un long vallon (style canal de Berdun en Aragon). Des paysans ramassent le foin à la fourche et l'empilent sur un ... camion. Je suis doublé par beaucoup de très grosses voitures sombres style Audi, Volkswagen, 4 x 4, roulant à vive allure (est-ce la route de la drogue vers l'Afghanistan comme le disent certains ?). Contrôles de vitesse par la police. Une belle route permet d'accéder à un un col mais la descente est ... une route en travaux. La piste est rude pour le mulet métallique mais il tient le coup. Je finis par arriver à Gulcha vers 15h. Achat de quelques provisions (Coca, biscuits, eau). Enfin je suis en altitude avec un air beaucoup plus facile à respirer qu'à Och ! Gulcha, cité bizarre qui ressemble aux ventas espagnoles avec une rue principale commerçante et des étals de part et d'autre. Un peu à l'écart, une gastiniza me permet de passer une nuit tranquille à 150 som (ça me change de l'hôtel d'Och avec la nuit à 1500 som !). Je mange un plov pour 120 som : riz, patates, viande, avec une salade de tomates. Le téléphone ne passe pas, pas d'internet.
Le temps n'est pas terrible ...
Une belle vallée montante
Le cheval, une seconde nature ...
les roulottes très fréquentes au Kirghistan
De beaux horizons à atteindre
de la route à la piste, les difficultés arrivent !
le cimetière toujours un peu à l'écart
souples mais solides les ponts d'accès
22/09/09 : 81 km, piste défoncée, fort vent de face
Dénivelée montante : +1530 m
Dénivelée descendante : -155 m
Pas terrible le temps ce matin. La piste est là et sera là désormais jusqu'à la frontière chinoise sauf quelques portions goudronnées après Sary-Tash.
Au-dessus de Gulcha, ça commence à bien monter sur une piste défoncée par les camions qui sont encore nombreux : poussière et pollution assurées. Le vent ne m'aide pas : il est fort et vient du sud ! Donc je l'ai dans le nez en permanence. Compte tenu de ces éléments, j'ai prévu de faire environ 80 km aujourd'hui. En fin d'après-midi, je mets ma tente chez un paysan Kirghize qui m'a donné pain et caillé (c'est super bon mais super efficace pour la constipation !). Soirée très sympa : je visite et prends des photos. Le téléphone ne passe toujours pas. J'aurais bien aimé rester un jour de plus. La nuit, pluie et ... neige. Je suis à environ 2900 m.
Temps pas terrible ce matin en partant de Gulcha
La piste montante avec fort vent de face
Un entretien constant pour les passerelles
des paysans avec de petits troupeaux
la neige n'est pas très loin
un plaisir sans camion et sans vent !
une forme d'habitat en hameaux
des couleurs de Bolivie ou d'Islande ...
pacifique paysage mais pas très gras pour le bétail !
Ca y est, il y en a un qui arrive !
les enfants à l'école sont tous en uniforme
Un bon équilibre avant/arrière est nécessaire
Les terrassiers chinois à l'oeuvre ...
la famille Kirghize qui m'a accueilli
l'eau courante, un seul point collectif
l'animal, vital pour la survie de la famille
le foin est stocké sur les toits
Monsieur et Madame ... vont bientôt faire le pâté !
les bâtiments annexes en terre
on stocke les bouses pour le chauffage
on engrange le foin à la fourche
le silo aux pommes de terre
curieux les gamins !
tiens, une visite ...
23/09/09 : 56 km, cols à plus de 3500 m, dures conditions ...
Dénivelée montante : +1120 m
Dénivelée descendante : -700 m
Il a plu, neigé, fait du vent toute la nuit. La tente est très confortable avec une excellente isolation, un matelas qui ne se dégonfle pas, un duvet très douillé, un sac à viande en soie : le pied ! Le plus dur est ... d'en sortir ! Ce matin, surprise : la neige est aux environs de 3100 m. Or il me faut aujourd'hui passer au-dessus de cette altitude ! J'espère que les camions qui ont circulé la nuit ont dégagé un peu la neige de la "route" ...
Je pars tôt au point du jour avec la tente mouillée. La piste du col de Taldyk est très boueuse, glissante. Le col est 12 km au-dessus à environ 3600 m. Les camions arrivent, le vélo tient debout mais c'est difficile avec le vent de face, le froid, la piste glissante, le poids qui me contraignent d'être à la limite de l'équilibre entre 4 et 5 km/h c'est-à-dire qui m'obligent à consacrer beaucoup d'énergie à l'équilibre latéral pour ne pas tomber. Infernal au bout de quelques km. Je suis habillé comme en hiver avec deux paires de gants, le collant par-dessus le cycliste, le bonnet en alpaga sur la tête. Je pédale dans la boue et les cailloux au milieu des camions. Mais ... ça monte. Petit à petit, l'horizon du col se rapproche. Je dépense beaucoup d'énergie à calculer, à ne pas trop donner dans les muscles pour continuer à garder la lucidité qui me permettra de ne pas exploser. Là encore, la montée du col de Marie-Blanque par tous les temps m'a beaucoup servi : penser aux pieds lorsqu'ils commencent à devenir insensibles, ne pas trop tirer sur les bras, ne pas trop se dandiner, arrondir les coups de pédales bien régulièrement, garder les épaules le plus relâchées possible ... et le col arrive. Descente ensuite ! C'est fini ? Non, un autre col suit. La piste est toujours en travaux : ah ! ces chinois ! La descente vers Sary-Tash ! Ca y est, c'est passé ! Les chinois logent regroupés à part du village dans des sortes de caisses de chantier. Une bonne soupe chaude, de la bière, ... les montagnes du Pamir sont là, on les devine plus qu'on ne les voit car elles restent très encapuchonnées. C'est avec beaucoup d'émotion que je revois ces majestueux sommets tout blancs dix ans après être venu au Pic Lénine. Achat de quelques vivres (coca, biscuits, fanta, eau). En un seul point, le téléphone semble passer, faiblement mais peut-être suffisamment pour pouvoir envoyer ma position par SMS ... Ca marche ! Les SMS sont partis. mais seront-ils reçus ? Soulagement ! Je décide de continuer une vingtaine de km après Sary-Tash. vers Irkeshtam. L'après-midi éclaircit un peu le paysage, la grande et large vallée s'ouvre, le Pamir scintille de ses glaciers qui paraissent tout proches. Je suis à 3300 m. Je trouve un coin pour la tente un peu à l'écart de la piste. Ce soir, purée !...
Ce matin, la neige est à 3100 m !
La montée au premier col est raide et boueuse
... à la limite de l'équilibre pour mon chargement ...
Le paysage est somptueux
Premier col déjà au-dessus de 3400 m
Alors mulet, tu es content ? ..
Facile avec un moteur !!
deuxième col ...
... à près de 3600 m
la descente vers Sary-Tash
après le froid de l'altitude, un peu de douceur : de l'eau, de la verdure ...
... pour un peu de bétail
... et quelques fermes
Au fond, encapuchonnées les montagnes blanches du Pamir
la grande vallée de Sary-Tash à plus de 3000 m
un paysage marqué par les soubresauts périodiques de la Nature
Quelques yourtes encore en place fin septembre à plus de 3000 m
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