Goma Nairobi 2012 - 1
Le volcan Nyiragongo est situé en République Démocratique du Congo, près du lac Kivu. C'est un des quatre volcans de la planète à avoir un lac de lave en incandescence permanente. En février dernier, avec Dominique, nous sommes allés découvrir l'un des quatre, l'Erta Ale en Ethiopie : fantastique émotion de voir la terre vivre là devant ! Le Nyiragongo a, paraît-il, le plus grand cratère de lave incandescente au monde. Son accès est facile.
Le volcan Oldonyio Lengaï est à 1000 km à vol d'oiseau plus à l'est en Tanzanie, près du lac Natron. Il présente la particularité d'être encore un peu actif mais avec une lave (carbonatite) qui, au contact de l'air, blanchit.
Après avoir glissé sur le blanc de la neige, roulé sur le blanc des salars, le blanc de la lave m'attend ! Allez Mulet, prêt pour affronter les mille collines ? Goma - Nairobi, la belle Afrique en relief ...
Goma - Nairobi : Préparatifs
Après le Maroc cet automne 2011, j'ai dû changer la cassette du pédalier. J'ai choisi une cassette en céramique car c'est théoriquement plus solide. J'ai dû encore changer les billes de l'axe de la roue avant. La corrosion du sel du Salar d'Uyuni a eu raison de ce roulement pourtant annoncé comme étanche. Sinon, tout est pareil. Le fidèle Mulet va encore m'accompagner.
Au matériel habituel de vélo s'ajoute le matériel pour monter aux volcans. Renseignements pris, ces deux volcans ne nécessitent pas de matériel de type piolet, crampons, casque, cordes ... En revanche, il faudrait des chaussures adaptées, un sac à dos, des vêtements pour le froid et la pluie. Des bâtons ? Ce serait mieux. Mais peut-être peut-on en trouver sur place. Je prends mon sac à dos grosse capacité. Pourquoi ? Il est léger. Il permet d'enfourner la tente et le matelas et donc n'augmente pas le volume sur le porte-bagage arrière. Dans les ascensions, l'étanchéité du sac devrait m'assurer d'avoir un duvet sec. Je laisse à la maison le filtre à eau, le réchaud à essence, la gamelle, les bidons d'essence, le thermos. L'expérience m'a montré qu'on peut s'en passer. Je vais porter une paire de chaussure supplémentaire pour être sûr d'avoir toujours une paire de chaussures sèches. Les Merrel que j'utilise pour pédaler sont en cuir à semelle avant assez rigide, une sorte de modèle intermédiaire entre des chaussures de tennis et des chaussures de montagne. Je les mettrai pour monter au volcan Nyiragongo. Elles ne sont pas montantes donc protègent peu les chevilles. Je les ai testées en montagne avec des guêtres. Ca doit pouvoir suffire. Pour le froid et la pluie, rien de plus que mon matériel habituel de vélo. Je ne vais pas à 6000 m ! Mais je risque être trempé si j'en crois les quelques images que j'ai pu voir sur la montée au volcan Nyiragongo. Aussi, j'ai acheté d'autres chaussures légères qui, en plus de m'assurer d'avoir des pieds au sec pour pédaler après le premier volcan, me permettront de marcher plus facilement durant le trek au Ngorongoro. Sinon, je prends tout le matériel "classique" habituel dans mes cinq sacoches Ortlieb (voir le menu matériel de la page d'accueil). J'ai remplacé le matelas gonflable "automatiquement" Thermarest par un matelas plein alvéolé qui se plie en accordéon, excédé par les crevaisons. J'ai encore acheté un rétroviseur à plus grand champ de vision.
Les visas
Quatre visas sont nécessaires : Rwanda, République Démocratique du Congo, Tanzanie, Kenya. Pas de problème particulier pour les deux derniers pays. Pour le Rwanda, il n'y avait pas d'indication sur le site de l'ambassade du Rwanda à Paris pour un visa à entrées multiples. Visas-express a néanmoins pu l'obtenir. Et pour le Congo, l'agence Rwandan Adventure a pu obtenir un visa tourisme à moindre coût (50 $) pour pemettre d'accéder au volcan Nyiragongo. Coût total des quatre visas : 305 euros.
Quelle compagnie aérienne ?
Lorsqu'on a un vélo, moins il y a de changements d'avion, plus vite on peut normalement récupérer son vélo. J'ai pris KLM avec juste deux avions depuis Toulouse : un premier jusqu'à Amsterdam, un deuxième Amsterdam-Kigali (Rwanda). Pour le retour, toujours la même compagnie avec un premier vol de Nairobi à Amsterdam, et un deuxième vol d'Amsterdam à Toulouse. Il faut noter qu'au moment de la réservation (en octobre 2011), le tarif le meilleur marché (900 euros AR) pour les vols choisis étaient, non pas dans les agences mais chez KLM directement. Avantage non négligeable : le droit d'avoir deux bagages en soute de 20 kg chacun. Comme dans presque tous les voyages un peu lointains, le vélo n'arrivera vraisemblablement pas le 1er février au soir à Kigali. D'où la précaution que j'ai prise de rester un jour de plus à Kigali pour espérer récupérer en bon état le Mulet.
Départ, le 1er février 2012 de Toulouse. Retour, le 3 mars.J'atterris à Kigali au Rwanda. Je joins Gysenii/Goma en bus, le Mulet sur le toit. Je grimpe le Nyiragongo grâce à une agence locale Rwandan Adventure. Puis, vélo jusqu'à Arusha sauf pour la zone aux bandits, identifiée par mes amis Rwandais, que je passerai en bus. Puis, avant Arusha, détour pour aller voir la Montagne des dieux - le volcan à la lave blanchie Oldoynio Lengaï, avec probablement une agence locale. Après avoir rejoint Arusha, direction nord pour atteindre Nairobi au Kenya.
La connexion internet dans cette zone de l'Afrique ne sera pas probablement toujours garantie ... Patience, bipèdes bien-aimés, je ... pédalerai, et quand je pourrai, j'écrirai le journal sur ce site.
24 janvier 2012 : Aïe !
Première surprise ... désagréable : l'agence ZIGZAG avec laquelle je devais aller au volcan Lengaï m'a annoncé hier lundi 23 janvier qu'elle annulait le voyage en raison d'un nombre trop faible de participants ... La contrariété doit faire partie de ... l'Aventure ! Du coup, hier soir, j'ai écrit ... partout sur internet pour voir si je ne pouvais pas me joindre à un groupe qui monterait à ce volcan fin février ... L'attente ... doit faire partie aussi de ... l'Aventure ! Wait and see ... Puis, le volcan voisin du Nyiragongo (le Nyamuragira) situé à quelques km au NO est entré en éruption ... Superbe ! mais ... j'attends des nouvelles (fraiches) de l'agence avec laquelle je dois monter au ... Nyiragongo ! Zen ...
La famille de ma fille Laure s'est agrandie le 18 janvier, d'une petite Ninon ! Bonheur ...
25 janvier 2012
Hier avec cette histoire d'annulation pour le trek du Lengaï, j'ai eu la tête en huit ! Mais, trois réponses encourageantes de ... là-bas ! D'abord, Moses de Tanzanie qui m'a dit qu'il y avait plein de minibus à Arusha qui pouvaient me conduire à Mto Wa Mbu, puis, ensuite, au lac Natron, et là demander un guide Masaï pour monter au volcan. Ensuite, Gilbert Aurèche, un accompagnateur de montagne de La Réunion, qui connait bien la Tanzanie et qui m'a dit la même chose. Enfin, Marcel Walter qui dirige l'agence Mapendano et qui pourrait peut-être trouver une solution. Bref, l'idée de monter au volcan Lengaï en arrivant par mes propres moyens au "camp de base" du lac Natron puis de trouver un guide sur place pour y monter, fait ... son chemin.
27 janvier 2012
Les contacts pris et la réflexion personnelle m'ont décidé à aller malgré tout tenter de monter le volcan Lengaï. A moi de trouver les moyens d'accéder au lac Natron puis sur place de trouver un guide local pour monter au volcan. D'après ce qu'on m'a dit, c'est tout à fait possible. On verra donc ...
28 janvier 2012
J'ai peut-être une proposition pour le Lengaï ! ... Je suis entrain de négocier un tarif en ... anglais ... par internet ... avec un ... Masaï ! ... Gôônflé ! .. Finalement, je me rends compte qu'on n'a peur de rien chez les Etché (euh! ... sauf des ... bandits sur la route !) ! A suivre ...
29 janvier 2012
Perseverare Bascum est ! ... Monsieur Matata m' a dit : Akuna Matata ... autrement dit I agree .. pas de problème ! Je traduis : j'ai pu négocier (en espérant avoir bien ... tout compris) pour 465 $ 3 jours avec guide, véhicule, nourriture, montée (et ... descente) au volcan Lengaï plus deux nuits supplémentaires sous ma tente dans un camping à Mto Wa Mbu alias la "rivière aux moustiques", village que j'atteindrai en vélo.
30 janvier 2012
2 fois 23 kg de bagages sans supplément : le luxe ! Le carton vélo (23 kg plus ... 100 g) et deux sacoches jumelées avec hard élastique (environ 10 kg). En cabine, je prends finalement mon sac à dos grande capacité dans lequel j'ai fourré tous les vêtements, la tente (sans les arceaux ... ce n'est pas autorisé) et le matériel solaire (panneau pliant, chargeurs, raccords), et ma sacoche guidon (gps, carte, boussole, lunettes de soleil, appareil photo ..), plus les cadeaux que je dois porter à l'épouse de Bosco (doctorant rwandais actuellement à l'Université de Pau). Ce lundi ... calme à Eysus, beau soleil : je profite à fond de l'air des Pyrénées ...
31 janvier - 1er février 2012
Rendez-vous à l'Universite de Pau avec Bosco le doctorant rwandais qui devait me donner quelques petites affaires à transporter pour son épouse. En fait de petites affaires, il y avait un sac plein comme un oeuf avec parfum, crèmes, habits pour leur petite fille de six mois, tondeuse à cheveux, appareil pour mesurer l`acidite, l`oxygène, un gros tournevis ... Puis, déjeuner à La Vague avec les copains habituels : Ross, Fabrice, Lucien, Jean-Michel ; un bonjour à Brahim. "Reviens-nous entier".... Puis, Léguevin chez ma fille où j`ai eu le bonheur de voir Ninon agée de seulement 15 jours, toute calme, découvrant un peu plus de la Vie à chaque minute. Diner et dodo chez eux. Dringgggggggggg à 2h30 : faut y aller ... sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller le petit monde ... Séance laborieuse de grattage de pare-brise ... ca caille ! et direction l`aéroport de Blagnac. Trouver le parking P1, se garer le plus près de la sortie vers l'aéroport, trouver un chariot, charger en équilibre le vélo bien emballé ... en avant, dans le noir et le silence froid de l'aérogare. Pas un chat, et pourtant KLM demandait d'arriver 3 heures avant pour les vols intercontinentaux ! A 5h30, on commence l`enregistrement. Tout passe normalement : "combien le vélo ?" 15-20 kg, en réalite 23 kg. les deux sacoches jumelées avec l'élastique pour ne faire qu'un seul deuxième bagage en soute. Le sac de montagne, lui, gonflé à fond (en cabine) avec ... l'énorme tournevis pliant dont j'ignorais l'existence !...
A Toulouse, ils m'ont tout fait sortir et me déchausser car ... ca sonnait toujours ! mais ils n'ont pas vu le tournevis !! Décollage frileux mais c'est parti normalement. Arrivée à Amsterdam un peu en retard. A l'évidence, le changement d'avion pour les bagages, avec si peu de temps (à peine une heure), ne peut pas se faire. Embarquement glacial dans l'Airbus 330-200 et séance de dégivrage des ailes de l'avion : une bonne douche chaude quand ca caille, pas mal non ? Apparemment ça doit cailler ! Avec 20 minutes de retard, on décolle. L'oiseau est bondé !! Oui, oui, Kigali doit être une destination prisée. Et j'ai à côté de moi une belle plante de l'Ouganda qui ne rentrait pas tout à fait dans le siège Airbus, et qui avait en prime un énorme sac qu'elle ne pouvait laisser qu'à ses pieds car il ne pouvait pas entrer dans les coffres en cabine. Vous imaginez aisément la suite : ses jambes ont évidemment empiété sur mon domaine réservé sous le siège de devant, ont commencé à prendre appui sur les miennes car, si elle voulait étirer un minimum ses orteils, elle ne pouvait pas faire autrement que de les emboiter sous le siège qui m'était normalement dévolu ... A plusieurs reprises, j`ai dû envoyer des messages secs et pointus en direction de son pied : elle était désolée, elle croyait que c'était le pied du ... fauteuil ! Je fus sauvé par la pause pipi de la dame. J'en ai profité pour blinder ma limite avec ma voisine qui fut ainsi dans l`impossibilité de franchir la barrière bien consolidée de ma sacoche de guidon rehaussée de mes chaussures superposées savemment et bloquées par ma jambe gauche ! Non mais ! ... Le tournevis ! n`a pas échappé aux contrôleurs hollandais ! I`m sorry but ... pas moyen de récupérer ce qui, il faut le reconnaître, était probablement un excellent outil ! Ah, sacré Bosco ! si encore tu me l'avais dit, je l'aurai mis en soute !...
Arrivée à Kigali à l'heure. Il faisait déjà nuit noire ( ... oui c`est normal, n`est-ce pas Ross ?) à 19h. Tout a été réglé en 40 minutes : contrôle passeport, visa, récupération des bagages et ... du vélo. Incroyable ! L`accueil de Madame Egidia épouse de Bosco, et de son chauffeur (le frère de Bosco) fut parfait avec une belle pancarte à mon nom. Le vélo rentra dans le coffre qui resta à moitié ouvert (le Mulet a des grands pieds et voulait les faire respirer ... l'accoutumance m'a-t-il dit à l'oreille !). Direction l`hôtel Le Printemps, car l`auberge que j`avais réservée ne convenait pas; aux dires d'Egidia, à un professeur ... Très bel accueil du propriétaire Aaron qui m`a donné une très correcte chambre avec douche chaude, entrée et petit salon avec télé ... qui marche ! De suite, direction la messagerie pour dire à la famille que j'étais bien arrivé avec toutes mes affaires. Repas simple mais avec une très bonne brochette de capitaine (c'est du poisson ... bien sûr !) et une excellente Primus, bière locale très douce et pas forte.
Jeudi 2 février 2012
Ce matin, séance d'accoutumance. Passer de -5°C à 33°C-34°C à l'ombre à Kigali n'est pas nécessairement évident pour l'organisme. Ce matin, déjeuner copieux, montage du vélo : roue avant, réglage freins, montage du guidon, de la selle, des pédales, du porte-bidon, des sacoches, gonflage. En une petite demi-heure, c'est fait. Puis, direction la gare routière de l'autre côté de la capitale pour voir les bus recommandés par Bosco. Kigali-Gisenyi avec Virunga express class (n'oublions surtout pas "class" ...), et la compagnie Takwa qui fait la liaison avec la Tanzanie (pour passer en bus la zone aux bandits). Bien sûr, je fais trois fois plus de km car je me suis planté de direction, mais j'y suis arrivé : mon vélo rechignait un peu au début puis je l'ai gonflé à 4 bars et, là, parfait, il respirait bien ! Il faut dire que c'est peut-être un peu normal qu'il ait besoin d'être ... gonflé ! Donc, demain, normalement départ pour Gisenyi (qui jouxte Goma, la frontière justifiant les deux appellations différentes) mais on ne sait pas trop l'heure ! Retour par un cheminement différent qui me fait rencontrer plein de monde. Je commence à comprendre les politiques qui appliquent la technique du toque-manette, car ... ca marche vraiment bien ! Quand tu cherches quelque chose, tu t'arrêtes. Avec un beau sourire, tu abordes une personne en donnant l'impression que tu es complètement paumé ! et ... c'est là que la magie prend : d'où viens-tu ? que fais-tu ? pourquoi fais-tu ça ? ... Bref, tout se déroule petit à petit. Au bout de cinq minutes, on prend les coordonnées mail et ... on finit peut-être par se présenter aux élections. Ici, à Kigali, en comptant 20 contacts par jour, il me faudrait 40 000 jours pour être maire de la capitale du Rwanda !! Tout ça pour dire que les gens sont très accueillants et n'en veulent pas trop aux français semble-t-il (je n'avais pas du tout eu cette impression lorsque j'étais venu en 2008). Le deuxième juge français qui a établi des conclusions qui paraissent logiques sur l'assassinat du précédent président, a, à l'évidence, rassuré bon nombre de rwandais (francophones). Et pourquoi tu ne parles pas anglais ? Je réponds : juste quand il faut, et puis ... tout le monde parle anglais, et le francais est si beau, si nuancé ... Le français, m`a répondu un rwandais, est la langue de l'Amour, l'anglais est la langue des affaires ... Il a tout compris celui-la !
Taxi-moto : vous connaissez ? Prenez une belle moto indienne quatre temps pour faire moins de bruit, un conducteur jeune de préférence, plutot habile pour zigzaguer entre les voitures, les piétons, les camions, les bus, les vélos, et vous grimpez à l'arrière. Le casque est évidemment obligatoire mais ne peut pas se serrer à votre tête, donc il s'enlève de la tête lorsqu'on dépasse 40 km/h (il faut le tenir) ; la visière est bien sûr fendue, et vous agrippez derrière vous l'anneau métallique qui doit servir à vous tenir. Pas trop à l`aise ? Il ne faut pas avoir trop de mauvaises pensées ... alors vous flattez le conducteur pendant qu'il slalome, et ... finalement, vous arrivez à bon port pour pas trop cher. Expérience amusante ! Je pensais prendre mon vélo pour aller changer de l'argent mais ... la roue avant était crevée ! Comme la nuit tombe très vite dans ce pays, j'ai pris un ... taxi-moto. Kigali comme Bujumbura au Burundi est envahi par ces taxis à bas prix. Pas de taxi-velo cependant ...
9h-13h 35 km +240 -180
Vendredi 3 février 2012
Texto reçu à 14h45, heure française : suis arrivé à Gisenyi. Internet demain.
Ah! l'Afrique ... Tout est toujours ok quand on demande, toujours oui ... pas contrariant ! Ce vendredi matin départ de l'hôtel à la nuit car on m'avait dit qu'il fallait être à la gare routière à 6h pour le départ du grand bus qui pouvait charger mon vélo. Les routes de Kigali sont bien éclairées, pas trop de circulation ... juste un vélo-fantome déambulant au pif pour essayer de retrouver le chemin de la veille qui m'avait conduit après pas mal de détours à ladite gare routière. Environ 15 km à faire. J'ai finalement trouvé le bon itinéraire, plus court qu'hier ! Nuit noire avant la gare routière. Attention aux trous. J'éclairai avec ma frontale. un gentil moto-taxi m'a suivi pour m'éclairer un peu plus. Merci. Au bureau de Virunga business class, trois dames : le vélo ... ne peut plus être chargé. Je leur raconte l'épisode de la veille où l'on m'avait dit : pas de problème ! J'ai envie de me facher, mais c'est le matin de bonne heure ... alors je leur dis qu'il fallait me trouver une solution ! Palabres, coups de téléphone ... le grand bus peut peut-être charger le vélo. Quand ? ... dans la journée ! Je fais le pied de grue au milieu d'une foule gesticulante au milieu des centaines de petits minibus qui partent dans toutes les directions. Le grand bus à 8h ! puis ... le grand bus à 9h ! puis ... là, tu vois le grand bus ? C'est en réalite un bus un peu plus grand que les petits ! Il est 10h. Le coffre pour mettre le vélo est tout plat. Le vélo ne rentre pas même sans les sacoches. Je tords le guidon. Ca rentre jusqu'à la moitié. je finis par démonter la roue avant et ... juste juste, ça ferme. Ouf ! Les cinq sacoches et le grand sac à dos sont engouffrés dans le bus ... bondé. Dur le voyage mais ... je finis par arriver à bon port : Gisenyi la belle est là devant avec le superbe lac Kivu.
Une foule de gamins s'agglutine autour de moi et autour du bus. Je remonte méthodiquement tout : roue avant, guidon, réglage des freins, fixation des sacoches. La chaîne était coincée... Tchiao les momes ! ... Sous les applaudissements j'essaie de me faufiler vers la sortie. Pas d'asphalte bien sûr, du dur de dur avec des cailloux vilains ... Je finis par descendre vers le lac et trouve là ... une superbe route goudronnée presque vide de circulation. Hello ! ... je m`arrête. Un cycliste jeune m`interpelle. C'est un guide de l`office du tourisme qui me donne une belle carte de Gisenyi et du Rwanda. Je l'invite à prendre un pot. Fils d`un papa ivoirien et d'une mère rwandaise, il a choisi le Rwanda avec le lac Kivu, a tracé le premier circuit pour vélo longeant le lac côté rwandais avec haltes lodge et camping (250 km). Un gars sympa ... Je file hors de Gisenyi vers le sud pour trouver le Paradis Malahide Lodge où Tom, de Rwandan Adventure m'a réservé deux nuits. Ce soir, je plante ma tente.
5h-15h 55 km +320 -275
Samedi 4 février 2012
Nuit au bord du lac Kivu. Pas froid sous la tente. Au matin, tsi, tsiiiiii.... Vite le spray anti moustiques ! Redodo ... Le clapotis de l'eau et la lumière du jour finissent par arrêter ma longue nuit. Omelette aux oignons pour le petit déjeuner. Toilette, rasage. Départ à vélo pour Gisenyi à une quinzaine de km. Repérage pour la frontière avec le Congo et surtout pour retrouver la route de Kigali que je dois prendre mardi après le Nyiragongo. A mes questions, des réponses toujours positives, à l'africaine. L'un me dit c'est par là, l'autre c"est justement de l`autre côté ... Je finis par trouver après une bonne heure d'aller-retour. Et ... je finis par trouver un cybercafé dans un étage de maison !
Le lac Kivu, petit paradis ... c'est vrai. Mais un enfer de paradis car le diable rode au fond du lac. Il y a des millions de m3 de méthane qui dorment au fond - pas en sous-sol non au ... fond du lac. Je rencontre un plongeur qui travaille pour l'entreprise francaise (Chambery) qui doit extraire le gaz. Je suis à la base travaux et je vois tous les ateliers qui assemblent les tuyaux (de 50 cm de diamètre, épais de 3-4 cm) en les soudant pour la longueur voulue. Puis, on tire avec un bateau le tuyau et on le laisse se poser au fond du lac. L'entreprise a un système sous-marin de pompage qui n`a pas marché jusqu`à maintenant mais qui devrait trouver la solution pour pomper ce gaz, le filtrer, afin qu`il alimente une centrale électrique. Le Rwanda serait largement assuré pour sa consommation à condition que le réseau de distribution soit à la hauteur ... Au fond, loin dans le lac, une tour de forage : ce sont les israeliens qui essaient une autre solution technique.
Le problème est que deux volcans tout proches et actifs sont là : le Nyaburagira et le Nyiragongo, avec deux systèmes de failles différents. Le Nyaburagira vient de produire trois mois d'explosions, le Nyiragongo a ce lac de lave toujours en fusion qui de temps à autre comme en 2002 dégueule vers Goma/Gisenyi au ... bord du lac avec une agglomération de plus d'un million d'habitants. La tempête sur le lac Kivu avec une inversion des eaux et la ... d'après les spécialistes, tout peut sauauauter !!
7h-14h 58 km +155 -125
Dimanche 5 février 2012 - Lundi 6 février 2012 Volcan NYIRAGONGO
Départ prévu pour le volcan Nyiragongo à 8h. On doit passer me prendre au lodge. Personne ... Je fais téléphoner : dans cinq minutes ... Innocent arrive avec son chauffeur. Innocent est le guide. On rejoint huit autres personnes, toutes américaines sauf deux : un espagnol et un allemand. On change de véhicule pour la frontière Congo/Rwanda. Formalités classiques côté Rwanda. Rebelote côté Congo. Une heure passée. On change à nouveau de véhicule pour deux 4x4 très confortables et récents. Trente km de pistes. On arrive à Kibati, l'entrée du parc national des Virungas côté Congo. Le directeur du Parc nous fait les commentaires d'usage sur la sécurité. La taxe d'entrée pour le volcan est de 200$ par personne (déjà payée). A 11h, l'équipe s'ébranle. J'ai pu récupérer deux batons de ski ... (pour le vieux !). Traversée douce mais rapide en forêt. La pente devient plus raide au bout de 20 minutes. Ca marche vite. Devant, un garde armée, au milieu les toutous, puis derrière le guide, les porteurs et les militaires armées. Il faut dire que l'an dernier 12 gardes du parc ont été tués. Je signale au guide que la marche est trop rapide, et lui montre à quelle vitesse on marche dans les Pyrénées. Halte 1h après. Et ... on prend le rythme pyrénéen. Deuxième halte à l'endroit où le volcan en 2002 a craché sa lave qui est descendue jusqu'à Goma (près de 1 million d'habitants). On sort de la forêt, on commence à trouver les seneçons et les lobellis. La pente se durcit encore. Pas mal de personnes commencent à peiner. Et ... là haut, à 30 minutes, on voit les six petites cabanes qui vont nous accueillir pour la courte nuit, tout au bord du ... cratère ! J'arrive le premier (avec l'accord du chef) ... Miracle attendue mais qui dépasse ce que j'imaginais : le lac de lave est bouillonnant tout au fond vers -500 m (on est à 3500 m). Il y a une première terrasse circulaire (mais tout est circulaire ici), puis une deuxième terrasse et des éboulis qui montent jusqu'au bord du cratère où nous sommes. Le diamètre du cratère est de près de 2 km. On ne fera pas le tour car c'est interdit à la suite de l'accident d'un japonais qui a basculé dans le ... cratère et qu'on n'a jamais retrouvé. La nuit sera magnifique, non elle sera exceptionnelle par la beauté de la Vie au-dessous de nous. La lave à 1200 degrés est en constants mouvements de gauche vers la droite par des processus de subduction. A peine sortie des quelque 15 km de cheminée magmatique, elle cesse de rougir avec le contact atmosphérique (la température baisse fortement puis repart très vite par convection dans les entrailles de la terre. La lune arrive. Les rougeurs sont flamboyantes avec des motifs que les mathématiciens pourraient peut-être expliquer. Je prends des photos, je filme ... dans tous les sens. Durant la nuit, le lac de lave déborde jusqu'au fond de la première terrasse. Trois fois, le processus se produira mais seulement au cours de la nuit. La nuit dans la cabane avec le guide Innocent pour co-habitant sera tumultueuse en raison du vent très violent qui a soufflé sur les toles de la toiture. 5h, le réveil sonne pour aller admirer le lever de soleil. Le lac de lave est toujours magique. On se déplace de quelques centaines de mètres vers l'est jusqu'à l'endroit où l'on a installé un treuil et les cordes pour descendre dans le coeur du cratère. Une pensée émue pour les pionniers qui ont osé cet exploit. Mais ça fume de partout dans la paroi et jusqu'à l'endroit où nous sommes pour le lever de soleil. C'est bigrement impressionnant ! C'est à la fois chaud et acide, comme si l'activité du volcan se passait là sous nos pieds ... Imaginons le reste ... Lever de soleil somptueux avec les volcans Karisimbi et Bisoke (que j'avais gravi en 2008). Enièmes photos. Petit déjeuner avec thé et pomme. La descente est décidée. Le temps est toujours très beau. La descente directe sera un peu longue pour certains du groupe peu habitués probablement à ce genre d''exercice un peu en déséquilibre permanent. On finit par arriver à l'entrée du parc où les voitures étaient déjà arrivées. Retour par les coulées de lave qui ont traversé une grande partie de Goma. Impressionnant comme les gens reconstruisent sur la coulée : c'est tout noir, pas une herbe, c'est archi peuplé ... Frontière à nouveau avec les mêmes formalités à l'envers d'hier. La douane Rwandaise fait du zèle en nous demandant de vider tous les sacs. Séparation du groupe. Innocent me reconduit au lodge non sans avoir acheté des bananes, quatre pommes, du cocacolac, à des prix jamais vus dans tous mes voyages. C'est le business m'a dit Innocent. Deux personnes avec lesquelles j'ai échangé pas mal : l'espagnol et l'allemand qui est journaliste de la TV publique allemande. Je lui ai donné pas mal d'idée de reportage sur la région, et je lui enverrai les films donnés poar Françopis Le Guern, compagnon de toutes les aventures d'Haroun Tazieff. Arrivé au lodge vers 13h : plat de spaghetts, bière, douche, sieste. Calme tranquille : spectacle u-ni-que de la Nature ...
Lundi 6 février 2012
SMS reçu : Volcan Nyiragongo fabuleux retour 7 aprem, demain velo pour Ruhengeri
Mardi 7 février 2012
Départ matinal ce matin car je voulais pédaler le plus possible à la fraiche. Petit déjeuner omelette, café au lait, fruits. Le Mulet est assez lourdement chargé surtout sur la roue avant qu'il faudra que j'examine un peu. Arrivée à Gisenyi depuis le lodge calme et avec un éclairage du matin très spécial du coin probablement. De part et d'autre de la chaussée asphaltée, un foule ininterrompue de gens vont à la ville souvent très lourdement chargés le plus fréquemment avec tout sur la tête ou sur le dos avec un bandeau sur la tête qui va porter le poids en grande partie sur la nuque. Certains ont quelques outils précieux dans la main : niveau et scie égoïne, scie à métaux, tenaille, moulin à mortier ... La sortie de Gisenyi est dure : ça monte sec mais il fait bon, la températuire est clémente. Ca va toujours monter pendant environ 40 km. Partout des gens marchant de part et d'autre de la chaussée. Des copains cyclistes m'accompagnent un moment : c'est l'équipe rwandaise de vélo de compétition qui s'entraine ! Un patineur à roulette m'accompagnera durant au moins 20 km, et finira par lacher prise avec le pouce levé ... Curieux : des pyjamas roses sur la route. Des prisonniers encadrés par des militaires et des gardiens de prison marchent en rigolant. J'ai quelque peine à les regarder imaginant ce pourquoi ils sont dans cet état ... Au bout de cinquante km, la pente s'atténue. La lente progression devient plus rapide avec les plats et les descentes qui conduisent à Ruhengeri appelé maintenant Musanza. Je m'arrête à l'hôtel où j'avais logé en 2008 pour saluer les patrons. Trois petits nains sont là, cravatés avec chemise blanche et pantalon gris anthracite. Ce sont trois frères me dira la patronne. Ils ont plus de 50 ans. On leur en donne dix fois moins. La patronne accepte que je pose ma tente dans l'enceinte de l'hôtel. Deux frères rwando-congolais m'offrent une verre : j'ai droit à leur récit de vie. L'un est propriétaire d'un lodge, l'autre est médecin, marié à une suisse, directeur pour le Rwanda de toute l'épidémiologie. Il me propose de passer un moment lorsque je serai à Kigali dans trois jours.
7h-14h 64 km +1423 -1085
Mercredi 8 février 2012
Sympa la nuit sous tente dans la propriété de l"hôtel Muhabura, pour 5000 FRW soit 7 euros. La soirée de la veille a été très loquace avec le nouveau gérant de l`hôtel qui fut, comme le monde est ... petit, gérant pendant deux ans à l`hôtel des chutes à Ciangugu, là où, en 2008, je n'avais pas voulu passer une nuit de plus et .... la nuit suivante, il y eut un terrible tremblement de terre de force 6.8 avec dans Ciangugu une trentaine de morts. Etonnants ces parcours de vie qui font aller d`un site à un autre, d'un pays à un autre, en laissant la famille pour espérer travailler et gagner un peu d'argent coûte que coûte ... La route de Ruhengeri à Kigali est à l'image de celle de Gisenyi à Ruhengeri : très bonne - les chinois la termine juste - très populeuse et ... très 1000 collines ! Comprenez bien : ça monte et ça descend et ça ... remonte ! Un point que j'avais un peu négligé : la chaleur ... un mot un peu provocateur alors que la France se gèle les pinceaux depuis quelques jours ! Le trafic est beaucoup moins dense qu'escompté. Vers 12h, je parviens à un endroit insolite : un immeuble des plus modernes à plusieurs niveaux avec une couverture totale de glaces bleutées. Etonnant dans cette succession de verdure arborée ! Après information, c'est un entrepreneur qui a décidé de construire, avec tout une floppée de magasins attenants, et, bien sûr, un bistrot avec ... une bonne Primus bien fraiche (vous avez deviné ... c'est la bière indispensable à un parcours vélo !) Prix étonnant : bien 30% moins cher qu'ailleurs. Je m'attable pour une bonne platrée de spaghettis bolognaises. Un convoi de semi-remorques du HCR s'arrête. Depuis le début, je note une présence très marquée des ONG liées à l`ONU. Après interrogation, leur efficacité est pas mal mise en doute par les locaux. La pluie survient ... Je me mets à l'abri d'un coin de maison, entouré de bon nombre d'habitants des lieux qui regardent, touchent le Mulet avec des signes de marque de connaisseur ... Je poursuis ma quête vélocipédique jusqu'à un endroit où, normalement, je dois trouver une paroisse recommandée plusieurs fois à Ruhengeri pour l'accueil des bipèdes errants ! Oui ... mais, il faut quitter la si belle route asphaltée pour gravir au moins 500 m de dénivelée sur une piste tout orangée de terre et de ... très beaux cailloux ! Hardi mon gars ! On y va. Le Mulet flageole un peu moins de l'avant. Je lui ai resserré les boulons de ... l'axe de la roue que j'avais, dans la précipitation de la gare routière de Gisenyi, pas très bien vissés. Au bout de quelques km de cette piste difficile sur laquelle j'ai tout basculé à gauche (dérailleur et plateau), j'arrive au bout du chemin de croix tout la-haut dans le ciel sur la colline. Très beau panorama ! La route tout en bas est toute petite. Des enfants, un religieux ... je demande si je peux planter ma tente. Bien sûr, et je suis conduit à la cuisine pour ... une bonne soupe de légumes frais, puis une bonne douche chaude, et, bien entendu, une chambre avec tout ce qu'il faut : draps, serviette, savon et ... de multiples clefs car ... on ne sait jamais ! En réalité, c'est plus qu'une communaute religieuse : il y a des soeurs, des moines, mais aussi les prêtres de l'énorme paroisse très étendue de Rulindo et une école secondaire. Les enfants montent tous à pieds, en uniforme comme dans beaucoup de pays au monde, jusqu'au sommet de la colline où se trouve l'école. Tout le monde est très fier car les scolarisés de Rulindo ont tous été recus à leurs diplômes academiques : bien sûr, l'enseignant que je suis, apprécie. De très nombreux batiments de brique, un atelier pour le travail du bois avec une très belle machine combiné de marque francaise (SICAR) qui ferait baver les connaisseurs, des dortoirs, des salles de réunion, de cours, une grande et ancienne chapelle (des années 1930 avec une très belle charpente en bois. Les toitures sont en tuiles canal locales mais malheureusement de plus en plus remplacées, comme pour les maisons, par de la tole et du bac acier. Quelques beaux meubles faits à la main ne semblent plus faire partie du patrimoine ... Un italien est là, architecte de métier, venu aider les religieux pour la restauration et un meilleur agencement des batiments. Très critique est son appréciation du pouvoir de l'église catholique au Rwanda tout particulièrement depuis la présence de la Belgique (années 1930). Le repas du soir est émaille de pas mal d`interrogations sur ce que je fais, qui je suis, et ... sur les thèmes inévitables de l'apport de la Belgique dans la phase coloniale, le role et la mission de l'église catholique, les questions politiques sur l'avenir présidentiel en France, sur l'évolution du Rwanda .... le tout venant bien sûr après le match de foot à la TV qui, je pense, est tout aussi important que la messe quotidienne ... Coucher tardif.
7h-15h 68 km +1875 -1695
Jeudi 9 février 2012
Très bonne nuit près des étoiles ... La mer de nuage est là ce matin en dessous de moi. Petit-déjeuner avec l'architecte italien vraiment très sympathique. Ciao ! La descente de la piste orange truffée de creux, de bosses, de cailloux en relief, se fait tout doucement. L'asphalte est là ! Ouf, c"est tout de même mieux un bon goudron ! Ca monte toujours, encore un peu, toujours un peu (ça forge le caractère m'a-t-on dit), les fonds de vallons sont très occupés par les cultures, et ... quelques cultures en terrasse font leur apparition. Une technique nouvelle qu'ils ne pratiquaient pas. La terre était remonté tous les ans à dos d'homme. Un petit défaut encore semble-t-il : les pieds des terrasses ne sont pas empierrés, la terre est à nu, parfois un peu enherbée mais ... bonjour les dégâts de la pluie ! Ce sera pour l'étape suivante ... Le chantier chinois apparaît, tout proche de Kigali maintenant. Dans quelques jours, la route Kigali - Gisenyi/Goma sera toute neuve, bien enroulée autour des collines : vive le vélo ! Bien sûr, je me paume dans la capitale et je remonte des pentes qui, je le croyais, devaient me raccourcir les distances pour traverser la ville et rejoindre l'hôtel Le Printemps. Je rallonge énormément en réalité (et pourtant j'ai emporté GPS et boussole). Je finis par utiliser le système D : "Où est le stade ?" Ca au moins les gens connaissent. Je finis par m'attabler tout à côté pour avaler ... devinez ! .... des spaghettis bolognaises (mais je crois qu'ils ont mal compris le qualificatif bolognaise) et une super Primus grand format ! Il est 13h, le soleil est au plus haut. Le chapeau en feuille de choux de Dominique me sied fort bien ! Plongée ensuite vers l'hôtel Le Printemps. Le patron Aaron (vous vous rappelez l'ancien ministre et ancien député) m'accueille en me posant mille questions mais ... direction la douche. Maissss... l`eau de la douche n'arrive pas .... alors internet, maisss ... internet ne marche pas. On me dit qu'il faut un ... peu de temps. Je vais alors taper le message suivant adressé à Dominique, à Laure, à Thomas :
e-mail reçu:
Je suis arrivé à Kigali tout à l`heure : très chaud et bonnes côtes à vélo ! Hier pas de possibilité internet ni téléphone. Aujourd’hui je suis revenu à l`hôtel Le Printemps mais internet est en panne. Je suis allé à côté. J'espère que demain ce sera réparé. Je mettrai mes chroniques.
Je vais aller demain matin à la gare routière pour essayer de trouver un bus de Rusumo à Singida. Je rappelle que ce tronçon en Tanzanie est réputé pour les bandits. Donc je veux le passer en bus (600 km). Mais je sens que ça ne va pas être évident malgré tout ce qu'on m'a dit. Je repars de Kigali à vélo normalement samedi pour être à la frontière Tanzanienne à Rusumo dimanche soir ou lundi selon les horaires et jours du bus espéré.
En revenant à pied à l'hôtel : "Prof !" J'entends des voix dans la rue. Je me retourne et reconnais Gaspard Gaparyi qui a été doctorant à Pau et qui m'a reconnu de sa voiture en compagnie de sa fille et d"une cousine. Le soir à l'hôtel, alors que je sirotais ma bière devant une assiette de ... spaghettis bolognaises, Gaspard, géant gaillard, commande une brochette de chèvre et des bananes. Peu après, le patron de l'hôtel Aaron - l`ancien ministre - l'ancien député - se joint à nous. Gaspard et Aaron se connaissent : retrouvailles avec francais pour témoin ...
7h30-14h 73 km +1450 -1560
Vendredi 10 février 2012
Chasse au bus ce matin. Il faut que j'arrive à trouver un bus qui me fera éviter la zone des bandits c`est-à-dire le secteur après Rusumo (frontière avec la Tanzanie). Et, j'ai prévu que ce bus passe lundi 13 dans mon planning ... Direction, une nouvelle fois, la gare routière de Kigali à 15 km. Kampalacoach a des bus superbes mais l'agence m'indique qu'ils ne passent pas par ... Rusumo. Toutes les indications glanées ça et là m`orientent vers la compagnie Takwa. Et ... je vois un grand bus Takwa qui part de la gare routière. C'est ce qu`il faut pour le Mulet ! Après moultes palabres, explications avec schéma et calendrier à l'appui, il y a bien un grand bus Takwa qui part de Kigali et qui passe par Rusumo et Singida, cette localité tanzanienne où je compte reprendre ma marche à bicyclette. Ce bus part demain samedi ou mardi prochain. Je comptais lundi. J'opte pour un billet pour mardi prochain pour Rusumo où je mettrai le vélo en travers pour qu'il s'arrête et "nous" embarque. Car je vais à Rusumo en vélo en deux jours. Mais le prix du billet est le même si je pars de Kigali ou de Rusumo (pas de petits bénéfices avec les Muzungus). Coût total 20 000 Francs rwandais pour le Muzungu et 5000 pour le Mulet. Je ressors de l'agence avec un très beau billet plein de couleurs. Je fais bien vérifier que c'est pour mardi et non pour demain samedi, que le vélo est inscrit dessus ... Espérons que tout ça marche : imaginez le Musungu avec son vélo à la frontière tanzanienne faire mille gestes de singe pour finir par voir passer le bus plein pot devant son nez et ... resté planté ... là ... au milieu des chutes de ... Rusumo !
Après avoir réglé cette question du bus, je suis monté au mémorial du génocide de Kigali, situé sur une colline au nord de la ville. On y a entassé 250 000 corps et morceaux de corps dans des fosses communes. Ce ne sont que ceux de la ville de Kigali. Je rappelle qu'en un peu plus d'un mois en 1994, on s'accorde à évaluer à près d'un million de personnes les tués du génocide dans tout le pays. Le mémorial est relativement soft c'est-à-dire qu'on présente une série de panneaux avec photos et documents, un raccourci de l'avant, pendant, après le génocide. Marquante est l'absence de réaction des organisations internationales pourtant informées de la situation regulièrement par les militaires non rwandais présents alors. Une grande salle d'archives est accessible au public mais en fait c'est seulement un accès par internet à un site permettant de visionner des témoignages et quelques documents. A noter que l'interpretation toute journalistique de la guerre entre Tutsi et Hutus est assez contestée, les Tutsi ayant été ceux qui étaient considérés comme les plus fortunés. Notamment, on devenait Tutsi lorsqu'on possédait au moins dix vaches, est-il écrit sur un panneau. On note encore les réactions ambiguës et surtout les absences de réactions de l'église catholique rwandaise. En parlant avec une haute personnalité du pays, j'ai pu entendre que lors des massacres, on a pu donner la communion à des hommes aux vêtements souillés de sang avec machette au poing ... Il est certain que le dernier résultat consigné par le juge francais venu à Kigali avec des experts en balistique, atténue quelque peu le différend franco/rwandais ... Toutes les personnes m'ont confirmé un certain apaisement des tensions entre la France et le Rwanda. On m`a encore dit que la vérite serait connue d'ici 50 ans. Pourquoi 50 ans ? Mystère ...
Au fait, Monsieur Matata - vous savez le Masai de l'agence du même nom avec qui j'avais communiqué en anglais par internet pour faire le volcan Lengai près du lac Natron - vient de me dire par mail que c'est sa seigneurie Matata soi-meme qui sera au rendez-vous prévu au Fig campsite de Mto Wa Mbu le 18 fevrier en fin d'après-midi. Croisons les doigts que le bus de Rusumo me prenne et que les 4 jours de vélo qui suivent se déroulent normalement pour trinquer avec ... Matata le !8 après-midi, et partir pour le Lengai le lendemain.
8h-15h 54 km +180 -158
Samedi 11 fevrier 2012
Grasse matinée : lever 7h30. Je reste donc un jour de plus a Kigali, le bus de Rusumo me prenant mardi au lieu du lundi escompté. Matinée très agréable surtout quand je pense à la froidure et surtout à la neige qui vous assaillent dans les Alpes, les Pyrénées, et peut-être même dans la région toulousaine.
En prévision de mes deux jours de vélo avant la frontière tanzanienne, je dois reflechir pour bien éviter de me faire piéger par la nourriture, le couchage, le vélo, l'argent à changer - puisqu`il me faudra des shillings tanzaniens, et ... à ne pas me tromper de jour ! Heureusement Dominique veille ! Je dois aller changer des dollars US contre des shillings tanzaniens. "Oui, bien sûr, on a des shillings" mais lorsque je veux mettre en pratique alors ... ah! mais non, on n'a pas ... Quatre fois dans quatre forex c'est-à-dire quatre bureaux de change. "Il faut aller dans le centre-ville". Re-vélo dans le centre de Kigali. Un forex se pointe. "Pas de problème". Combien le change ? Il me tape quelques chiffres sur la calculette et je lui dis que je ne suis pas d'accord (je n'avais aucune idée du change bien sûr !). Le collègue vient à son secours avec une autre calculette. Je vois que ça correspond à peu près. D'accord pour 100 dollars US que je lui ... donne. Puis, hésitant, il regarde le collègue, met les 100$ dans une liasse de billets. Toujours rien. Je flaire le coup fourré et hausse très vite le ton. Il finissent par me dire qu'ils n'ont pas de shillings tanzaniens. Ils me rendent les 100$ en s'excusant ... Ouf! ... et me demandent de les suivre jusqu'à un autre forex où, là, l'échange se fait avec la même contre-valeur : 1$US pour 1375 shillings tanzaniens. Chaud ... j'ai eu ... dans tous les sens du terme. Naif que je suis ! Direction l'Ambassade de France pour dire bonjour. Le quartier est très résidentiel c'est-à-dire qu`il n`y a que des grandes propriétés avec de grands parcs dont celui du Président du Rwanda pas loin du ... drapeau francais. Barricadée - comme une ambassade, l'entrée est filtrée mais aucun francais. On me dit que c'est samedi et demain dimanche ... Je ne suis donc pas très étonné de n'avoir reçu aucune réponse à mes deux propositions de conférence sur la gestion comparée des parcs nationaux francais et rwandais ... Il commence à faire très chaud. Je retourne vers mon bistrot favori et ... me fais invontairement payer à manger par Leon, un sud-africain travaillant pour une compagnie pétrolière qui me dit que c'est le meilleur coin de Kigali pour échanger. Je lui dis que le poulet qu'il a choisi ne vaut rien (on ne voit que les os comme pour moi hier). Il me prend par les sentiments en me disant que le Bordeaux est le meilleur vin du monde ! Aussi, commande-t-il deux flacons de vin rouge de ... l'Ouganda voisin mais c'est ce qu`il y a de mieux dans ce bistrot. Il me fait l'éloge des brochettes de poisson. J'exécute ... et nous voila papotant en franglais lorsqu'une vision inédite nous surprend : deux Masaïs en vraie tenue d'origine arrivent, nous font un peu d'ombre un moment, et s'assoient pour siroter deux bières avec ... l'inévitable smartphone en action. Vision étonnante de ces deux êtres sortis de nos meilleurs films qui sont là les pieds en éventail (et quel éventail !) regardant avec passion un match de foot à la ... télé ! On les salue bien bas, ils nous répondent de même mais ... au bout d'un moment, le soleil les atteignant un peu trop fort, ils décident de changer de lieu pour ... plonger dans l'ombre d'un petit réduit voisin. Sont-ce bien de vrais Masaïs ? Le sud-africain Leon est aussi "espanté" que moi ! Mais que font-ils donc au Rwanda ? Et comment sont-ils arrivés dans ce lieu pour initiés où les échanges verbaux vont bon train au rythme des commentaires des footeux de la télé ! Le statut de Prof est pas mal finalement car je dois très mal le porter puisque Leon me dit être très honoré de partager la table d'un ... Prof, et veut absolument payer l'addition. Encore un qui s'est fait piéger par la douceur du climat local puisqu'il me dit avoir un deuxieme bureau au Rwanda ! ... Avant de rentrer taper ces lignes, je passe à l'épicerie du coin acheter ma dose journalière de Coca, du fromage de vache rwandais, une boite de sardines à l`huile pour ... au cas où ... demain et les jours suivants ! Car je dois bien tout calculer pour être au rendez-vous du volcan Lengai avec Monsieur Matata (un Masaï un vrai) qui m'attend à Mbo Wa Mtu le 18 fevrier après-midi. Car, avec le retard d'un jour pour le bus de Rusumo à Singida, je n'ai plus de jour d`avance.
Dimanche 12 février 2012
Kigali à Ngoma, une centaine de km. Un jour de plus que prévu pour joindre Rusumo, la frontière tanzanienne, le bus de Takwa ne passant que mardi prochain au lieu du lundi prevu. Il faudra mettre les bouchées doubles pour pédaler et être au rendez-vous ... lointain ... en km de Mto Wa Mbu avec Matata pour le volcan Lengaï ! Ce matin à la fraiche, départ tout doux vers l'aéroport de Kigali qui doit bientôt devenir un aéroport militaire, un nouvel aéroport civil devant être construit un peu plus au sud. Je pense bien sûr aux évènements de 1994 en passant la colline de Kanombe d'où, d'après le rapport du juge français Trevidic, aurait été abattu l'avion de l'ancien président rwandais. Et ... bien sûr, je me trompe de route. Heureusement la vraie route de Kayonza n'est pas très loin. Je descends une raide piste bosselée et retrouve assez vite la bonne route. Curieuses, ces maisons neuves sur la gauche qui font penser à une résidence de riches avec gardiennage. A droite, des grandes réserves d'eau qui doivent être des piscicultures. Tout est au carré. Les bassins sont alignés. Beaucoup de maïs partout. Le Rwanda (et, plus loin, la Tanzanie itou) va bientôt concurrencer les Landes ! De très grosses différences entre le Rwanda de l'ouest, du nord, et le Rwanda de l'est. Ici, vers la Tanzanie, l'ambiance est très différente : apparemment moins peuplé, moins accueillant ... Beaucoup de cyclistes me suivent et m'accompagnent. C'est presque la course du Rwanda ! Des montées bien sûr encore et toujours, quelques trop rares descentes ... J'arrive sous la chaleur énorme, à Kayonza, grand carrefour routier nord - sud - ouest. Pause bière et casse-croute avec riz et un squelettique morceau de poulet très cuit. Bonne la bière ! Sous le cagnard, je reprends la route vers le sud pour gagner quelques km supplémentaires. Toujours des montées et descentes avec les enfants qui trottent à côté de moi. Je finis par arriver à Ngoma. Une fanfare défile au pas cadencé pour une fête religieuse anglicane d'après ce que j'ai compris. Un lieu pour loger ou planter ma tente ? Les réponses à mes questions sont, bien sûr, contradictoires. Je fais des va et vient pour finir par revenir à la route principale qui conduit à la frontière tanzanienne. Là, un lodge m'est signalé mais ... en réalité un vrai bouiboui ... la douche est cassée, les wc sont hors d'usage ... un grand lit néanmoins avec une moustiquaire ... trouée. Un réduit tout noir. Je m'en contente pour cette nuit après plus de 100 bornes sous le cagnard. Repas frugal le soir. Nuit correcte. Matin ... difficile pour trouver le cook qui doit me faire l'omelette demandée. Ca ira quand même. A déconseiller toutefois pour les touristes normaux !
7h-16h 110 km +933 -840
Lundi 13 février 2012 : de Ngoma à Rusumo, la frontière tanzanienne
Départ vers 7h. La route est ombragée. C'est bon de pédaler par cette température matinale. Des marques sur la route. Peu après, un énorme camion de carburant ... renversé. Impressionnant ! C'est dans une descente en virage ... De l'autre côté de la chaussée, des hommes discutent et rigolent en me voyant passer. Toujours plein d'enfants en uniforme pour l'école m'accompagnent. Les adultent rigolent, les enfants courent et font la course avec moi. De futurs coureurs de fond à n'en pas douter car ils tiennent longtemps ! Des cyclistes prennent le relais avec toujours les mêmes vélos sans dérailleur qu'ils poussent comme des forcenés. Ce sont des vélos-taxis. Ils portent un riche bipède, certainement, qui depuis le porte-bagage tient la discussion avec moi, de temps en temps en français, le plus souvent en anglais. Les fonds de vallons sont très cultivés, avec des parcelles au carré. Descente vers ... Rusumo c'est-à-dire la frontière avec la Tanzanie. Une frontière avec passage très étroit, bourré de camions arrêtés de part et d'autre, tant côté rwandais que côté tanzanien. C'est la rivière Akagera qui fait frontière. Juste au sud, on voit à quelques centaines de mètres la confluence de la rivière Ruvubu (qui prend naissance au Burundi dans le parc national du même nom) avec la Nyabarongo river qui arrose le Bugesera au Rwanda. Comment passer la frontière ! Mon vélo à la main, je sollicite des personnes qui semblent pouvoir me renseigner. Je tombe juste. J'apprends qu'il y a 80 personnes rwandaises payées par l'Etat pour faciliter les passages. Bien sûr, une bière doit être payée. Deux personnes donc se font rincer gratis mais ... elles me font une bonne transaction pour le change en shillings tanzaniens (bien meilleur qu'à Kigali puisqu'ici j'ai eu 1500 shillings pour 1 dollar US alors qu'à Kigali ce fut 1370 shillings pour ... 1 dollar !). Je passe la frontière entre les camions et finis par trouver une chambre bouiboui tout là haut pour dormir. Mon vélo est monté avec les sacoches. Maintenant ce sera l'attente jusqu'au lendemain matin pour le bus Takwa ! Cet endroit est infame, noir, bruyant, plein de bestioles. Je finis par trouver un bout de nourriture acceptable. Le bureau Takwa n'est en réalité qu'une cabane en bois de 1 m2 à peine sans aucune indication. L'employé Takwa n'est pas là ... J'attends ... des heures durant. Il finit par se montrer, me regarde le billet de bus pris et payé à Kigali. Good ? Yes, to morrow in the morning at 6h ... Je commence à être un peu plus rassuré. Dure attente psychologique jusqu'au lendemain. Allez, dodo ...
7h-14h 64 km +852 -1109
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