(suite de Goma Nairobi 2012 - 1)
Goma - Nairobi 2012 - 2
Mardi 14 février 2012 : de Rusumo - Singida avec un speedy bus
La descente des escaliers très raides avec le vélo et les sacoches dans la nuit du matin fut assez chaotique mais ... je n'ai pas chaviré ! Nuit noire, personne à 6h. Les camions stationnés partout dorment. Pas d'employé au bureau Takwa ... le jour pointe son nez. Pas de petit déjeuner bien sûr. 8h, pas de bus. La frontière est encore fermée. On me dit qu'il y a une queue très importante de camions côté Rwanda. Et si le bus ne passait pas ... Je fais taire les pensées stupides ! L`Afrique c'est toujours comme cela ! Akuna Matata ... Et, de fait, à 10h, le bus Takwa pointe le nez. Ils savent apparemment que l'umuzungu français a un vélo. On ouvre un coffre à l'arrière. Les sacoches sont démontées. Le vélo finit par rentrer, coincé un peu par les sacoches. Je monte dans le bus plein ... Ouf ! J'y suis ! Je vais enfin partir de cet endroit immonde ! Et .... c`est un bus digne du Paris-Dakar ! Impressionnante la conduite ! On a toujours l'impression que le bus va casser. La vitesse est excessive. Mais ce doit être la seule solution pour ne pas trop sentir les trous. Combien de fois tous les passagers ont sauté de leur siège ! Je pense au Mulet et compatis ! ... Arrêts multiples ... La campagne tanzanienne défile : mais, mais ... La journée passe ... Des vendeurs à la sauvette nous proposent des cacahuètes (oui, les singes muzungus à la fenêtre du bus !), des bananes ... Des marabouts sont pités sur des poteaux électriques : impressionnantes grosses bêtes ! Des baobabs ! ... La soirée arrive ... il y a 600 km de Rusumo à Singida ! ... Singida : arrivée vers 20h. La nuit est noire mais ... pleine de monde et de bruit. La gare routière ... le Mulet sort de son trou ... il me manque une sacoche ! Dans le noir, à la frontale, je cogne vite la caisse du bus. Ouf ! on m'entend. Le chauffeur sort, je le félicite pour sa conduite sportive à la Schumacher ! Il m'ouvre le coffre et ... la cinquième sacoche est là ! Le bus repart vers Dar es Salam. Je remonte tout sur mon vélo. Je suis entouré de monde, chasse les envies beaucoup trop agressives ... Hôtel ? Yes ... Stanley hotel. Avec un nom pareil, je me dis que ce doit être pour moi. Deux jeunes bipèdes me conduisent à la nuit noire. J'ai ma frontale. Deux km après, il est là ... Les bipèdes demandent chacun 1000 shillings. Je suis trop fatigué pour discuter. Stanley, un lodge à peu près correct. La douche est hors d'usage. Le lit est là. Repas correct. Fatigue psy ... je me couche sous la moustiquaire ... trouée. Le vélo est à côté de moi. A demain ...
Mercredi 15 février 2012 : de Singida à Katesh
Petit déjeuner très correct à l'hôtel Stanley. Départ vers 7h. La route vers Katesh est assez facile à trouver - directiion Arusha. La route est vite très bonne, très calme, avec très peu de circulation. Une route de rêve avec assez peu de montées. Très sympa de pédaler ainsi. Ca change des terribles chaos du bus d'hier. J'arrive à Katesh sans problème. Il fait chaud certes mais que c'est bon de pédaler ! Une guest house ? Oui, entre deux commerces le long de la route principale. Mais ... une chambre infestée de cafards ! Pas moyen d'avoir mieux. Je ne peux pas planter ma tente au milieu des noires flaques d'huile de vidange ... Le coin toilette s'allume. je le laisserai allumé toute la nuit car je me suis rendu compte que les cafards restaient planqués avec la lumière. Lunch chez Mama ! Il faut bien se ravitailler un peu ... La bière bien sûr ... double ! La Kilimandjaro est une bonne bière qui ressemble bien à la Primus. La nuit est ponctuée par les moustiques et les cre cre ... des supposés cafards. Ma lampe frontale est souvent allumée ... C'est plus psychologique que réel ... la lumière allumée du coin toilette doit faire effet. Le matin arrive. A la nuit noire, sans petit dejeuner bien sûr, je m'échappe vite de ce satané lodge de Katesh ...
7h-14h 99 km +685 -882
Jeudi 16 février 2012
Je suis enfin arrivé à Babati ! Aujourd'hui, 70 km mais 45 km de sacrée piste ...
Au départ de Katesh, la route est bonne, bien asphaltée. Mais ... les chinois sont bientôt là ! Ils refont la route comme presque partout en Afrique. Et ... ce sera 45 km de piste-galère avec de la tole ondulée, de la poussière, des bus et des camions qui vont à fond de train avec des chauffeurs qui doivent trouver un malin plaisir à faire gueuler les cyclistes et les piétons envahis bien évidemment par l'énorme poussière. On a l'impression que ces travaux ne finissent jamais. On peut tout à fait voir toutes les étapes pour réaliser une route. Tout le matériel est chinois. les ouvriers sont africians, les chefs sont chinois avec .... mais oui ... des gants blancs alors que l'on est en train de placer le bitume fumant ! Je n`ai pas pris la photo car trop excédé par la poussière et le cagnard chauffant ! But it`s true ! Des contrôles de police aussi ! Pauvres policiers qui font ce travail en pleine tempête de poussières ! Pchiiii ..... Dans une descente, gros bruit à ma roue arrière. Un gros morceau de fil de fer s'est planté au beau milieu de ma roue. La crevaison est nette, grosse. Des enfants m'aident à réparer. Je colle une rustine, gonfle, repars. Le paysage devient beau quelques km avant Babati, la ... grosse ville du coin. Les troupeaux de vaches, mélangés de chèvres et d'ânes, ont l'air plus importants. Les cultures se font sur des surfaces plus grandes. On a l'impression que quelques tracteurs sont là. Ce sera confirmé plus tard : des Ford et des Massey-Ferguson. A Babati centre, beaucoup d'animation mais pas d'hôtel. Je reviens en arrière, non sans avoir pu trouver un endroit pour adresser des mails à la famille, et acheter une bouteille de Coca. Je finis par trouver un très sympathique hôtel dans la campagne environnante. Une bonne nourriture, une chambre correcte. Mon planning pour le rendez-vous du Lengaï est tenu pour le moment. Mais je ne dois pas me déconcentrer. J'ai encore pas mal de km.
7h-14h 75 km +555 -898
Vendredi 17 février 2012
Je ne suis plus qu'à 85 km du rendez-vous avec Matata demain pour le volcan Lengaï, mon deuxième gros objectif de ce périple. Il fait très chaud et la bière est bonne ! Quelques passages avec travaux. On entre au coeur du pays Masaï. Mto Wa Mbu est ce gros village bordant le lac Manyara qui signifie rivière aux moustiques. Un homme averti en vaut deux. J'ai la bombe spray à portée de main. Les habitations pour toutous s'égrènent le long de la route. Le Fig campsite est le lieu de rendez-vous avec Matata. Mais où se trouve ce campsite ? Aie ! mon pneu. Mon vélo est à plat ce matin ! Crevé ! Le bon petit-déjeuner fini, je pensais pouvoir tranquillement partir ... Devant les yeux curieux des employés de l'hôtel, je fais une démonstration réussi d'un changement de chambre à air à la roue arrière en un temps record. Curieuse cette crevaison ... car, hier, je suis arrivé sans encombre. La suite me montrera que le pneu n'était que dégonflé ... Ce fut donc un petit malin qui, dans la nuit ... très bruyante, a du me jouer un petit tour. La route vers le carrefour de Makuyuni est très bonne et très agréable dans le petit matin tranquille. C'est vraiment désertique. La chaleur arrive vite, vers 10h. Toujours les relais vélo qui m'accompagnent tantôt avec les bicyclettes locales tantôt et le plus souvent avec la course à pied des petits écoliers ... Ah! des ruches horizontales pendues aux arbres ! Les buissons qui longent la route sont envahis par le cardinal, ce très bel oiseau rouge vif à la tête noire (le male) et à l'oeil jaune. Magnifique oiseau que j'avais pu maintes fois photographier au Burundi. Le carrefour de Makuyuni arrive. C'est là que se fait la déviation vers le Ngorongoro et le Serengeti. Autrement dit ... la route infestée de 4x4 venant d`Arusha et de Moshi. Lieu semblable aux carrefours routiers, avec des prix exorbitants pour les Muzungus. Je suis en avance sur le planning maintenant. Plus que 35 km à faire demain pour le rendez-vous avec Matata - convenu par internet depuis la France voici maintenant 25 jours. J'ai été gonflé tout de même car ... prévoir ainsi à l`avance était quand même très risqué ... Je finis par trouver une petite chambre sans douche certes, sans wc mais avec ... un lit et une moustiquaire à peu près en état. Le patron m'invite à partager avec lui un excellent agneau. J'en ai redemandé pour le soir !
7h-14h 97 km +237 -422
Samedi 18 février 2012
SMS reçu :
Je suis à MTOWAMBU. J'attends Matata. J'ai crevé 2 fois. Natron demain puis LENGAI, départ à minuit.
Départ tranquille au petit matin. Direction plein ouest par la touristique route des parcs tanzaniens. Ma roue arrière devient toute molle ... Crevaison encore ! Hop ! Mulet, les roues en l'air ! Je répare encore avec une nouvelle rustine. Mais ... à nouveau à plat ! Il fait un cagnard infernal à supporter. Re-pattes en l'air pour le Mulet. Excédé, je lui mets une chambre à air neuve. Le village Mto Wa Mbu pointe son nez. Je finis par trouver le Fig Campsite. Je suis arrivé 2h avant l'heure convenu du rendez-vous. On connait Mr Matata. On sait que je devais arriver. On sait que je dois planter ma tente ... Ouf ! J`y suis donc ! Une bonne Kilimandjaro s'impose !
Alors que je finis de monter la tente, j'entends "Andrea" ... c'est Matata qui arrive avec une heure d'avance. I'm happy to see you ! Et nous faisons le point pour les jours à venir avec l'ascension du volcan. Le cuisinier est avec lui. Départ demain matin avec un land conduit par Dodo (sic !), avec Djafar le cook qui sera aussi mon guide-chef pour toutes les transactions et ... il y en aura ! ...
On va faire les courses ensemble avec Djafar pour acheter de la nourriture qui me convienne pour les trois jours. Le soir, diner très copieux préparé par Djafar. C'est bien parti pour le Lengaï !
7h-11h 36 km +125 -120
Dimanche 19 février 2012
La nuit au Fig Campsite fut très bruyante. Etonnant ce besoin permanent de gueuler et de faire brailler de la soi-disant musique ! Réveil matinal. Le vélo restera au Fig Campsite. Par précaution, je prends avec moi toutes les sacoches dans le land hors d'âge mais fort bien conduit par Dodo. J'apprendrai que Dodo est le mécanicien-secours connu dans tout Mto Wa Mbu. La piste est vite abordée, très dure, très éprouvante pour le matériel. On est en plein pays Masaï, avec ... les barrages routiers où il faut payer pour continuer. De grandes gazelles bondissent, les zèbres sont très rigolos avec leurs pattes peintes comme des chaussettes de gosse. En arrivant au lac Natron, après trois heures et demi de piste à fond la caisse (tout est déglingué dans le land mais ... on avance !), une nouvelle barrière. Problème ... Il y a un Umuzungu (moi), donc ce sera encore plus cher. Le cook Djafar est consterné car il y a quelques mois le péage était de 5$ US. Matata a compté 15$ qu'il m'a fait payer d'avance. Maintenant, le portier a refermé la barrière car il veut 20$ ! Je refuse de payer puisque le deal était que les fees étaient compris. Le cook finit par lui donner les 5$ demandés (que je lui rembourserai bien sûr après). Ah! les Masaïs ... et ce n'est qu'un début ... On pointe le lac Natron avec le Land. On s'arrête dans la vase. On continue à pied avec Djafar. Mais force est de constater que nous ne pourrons pas aller très loin, la marche devenant impossible. La vase est trop envahissante. Les flamants roses sont bien là mais très loin ! Derrière, une énorme tâche blanchâtre : c'est le sel que le gouvernement a refusé d'exploiter pour maintenir les flamants roses. On monte un peu pour s'installer dans un très beau campsite dénommé Oldoynio Lengaï. Vous l'avez deviné : le volcan Lengaï est là, juste en face de nous. Accueil très agréable. Très belle douche, wc avec cuvette et chasse d'eau digne d'un trois étoiles. La nuit sera courte.
Lundi 20 février 2012 Volcan OLDOYNIO LENGAI
Réveil à minuit ! Il a fait très très chaud avec même de l'orage, au point que j'ai dormi la tête hors de la tente. Rapide café et départ avec le Land pour 45 minutes de trajet. Un jeune guide Masaï de 26 ans plus Jafar le cuisto et le chauffeur Dodo sont là. Piste de nuit, dure mais le reste le sera encore davantage. Sac bouclé - je refuse que le cook porte mon sac - nous nous alignons derrière le jeune Masaï Manuel. Montée sans problème car c'est tout droit ! Sauf que le Masaï va trop vite. Le cook a du mal à suivre. Je ferme la marche. Je dis au guide de ralentir un peu. La pente est de plus en plus raide. On fera ainsi un peu plus de 1500 m de dénivelée. On rejoint un groupe de trois français (un père psy Didier et ses deux filles). On atteint le sommet du cratère dans la nuit. On aura mis environ quatre heures. Ca gèle un peu au point du jour. On devine un énorme trou : le cratère n'est plus le dome blanc avec les cheminées, vu sur toutes les photos mais un énorme trou béant. Tout s'est complètement effondré. Cet effondrement a eu lieu en 2008 (cf. http://dominique.decobecq.perso.neuf.fr/Lengai.html). Pour avoir une idée d'avant l'effondrement regardez la séquence http://www.curiosphere.tv/video-documentaire/0-toutes-les-videos/107737-reportage-les-laves-multicolores-du-volcan-ol-doinyo-lengai.
Notre position sur le bord du cratère est tout en équilibre : on ne peut pas trop circuler. Et dire qu'hier nous avons rencontré un groupe de belges avec un espagnol qui nous ont dit que l'espagnol, spécialiste professionnel du parapente, s'est envolé du pied du volcan et, après avoir réussi à monter par des pompes comme les rapaces jusqu'au haut du Lengaï (+1500 m), s'est posé au sommet du cratère ! Quasiment impossible sans risquer la chute dans le cratère ou ... dans la pente du cône du volcan qui présente un a-pic de 1500 m ! Et pourtant il l'a fait : un espagnol un peu ... basque ? Les laves blanches faites de carbonatite sont visibles à l'intérieur du cratère - on dirait parfois des stalactites. Mais on les voit surtout dans les strates du cône du volcan. A environ 30 m du bord du cratère - juste en-dessous de nous - se trouve une longue et fumeuse fissure qui, lors de la descente, m'a foutu la trouille car, à l'évidence, l'endroit où nous étions faisait partie d'un énorme morceau de cône qui, un jour ou l`autre, rejoindra les entrailles tout là bas au fond du cratère. Il semble qu'il y ait tout au fond un petit lac liquide mais difficile de préciser plus. L'heure de la descente arrive. Le guide Masaï de l'équipe des trois français est très habile pour sécuriser les pas de ses clients. Je passe en dernier. Peu à peu, à tout petits pas, la troupe finit par perdre de l'altitude. A l'évidence, je comprends maintenant pourquoi les agences de voyage ne le proposent plus. Il faudrait au minimum installer un très bon point de fixation en haut du cône du cratère avec une très longue main courante, au moins pour sécuriser un peu la descente. On passe devant les trois français, plus lents. On finit par atteindre la voiture vers 10h. Un regard en arrière - en plein jour - montre l'impressionnante face de 1500 m montée et ... descendue ! Retour au Campsite Oldoynio Lengaï. Douche, nourriture, boisson et ... petite sieste ! Je donne un pourboire au guide Masai ... qui a pris les dollars sans un regard sans un merci ! alors que le pourboire d'après le cook était largement suffisant. Chaleur étouffante à nouveau. La tente est pliée. Le land est rechargé. Le stop est ici monnaie courante, et obligation est faite de s'arrêter pour prendre ... cinq personnes qui s'entassent dans la partie coffre. A nouveau les problèmes de péage ... La pluie diluvienne (on est sous les tropiques) s'est abattue sur notre véhicule. Les essuies-glaces tout déchirés balaient un tout petit peu le pare-brise. Et ... un péage non prévu nous a fait attendre et parlementer plus de 45 minutes. L'eau est entré par les interstices des multiples rivets de la carrosserie. Les stoppeurs pris - en fait des guides locaux fort intéressants qui parlaient assez bien le francais - ont fini par donner de la monnaie : la barrière a fini par se lever. Dodo le driver a rattrapé le temps perdu : piste longue de plus de 150 km qui traverse des villages Masaï. On a fini par arriver à Mto Wa Mbu au Fig Campsite. Pourboire de rigueur pour le chauffeur. Pour le cook également, avec en prime mes chaussures achetées pour gravir les deux volcans. Le cook ne faisait que glisser avec ses tennis pourris. Au moins pourra-t-il peut-être mieux assurer ses montées. Il avait l'air content. Le patron du Fig Campsite m'a offert une nuit en chambre dans le dur. Sympa ! Belle et longue journée ! Même si le lac Natron et ... le volcan Lengaï effondré, m'ont un peu laissé sur ma faim.
Mardi 21 février 2012
Journée de repos aujourd'hui et ... de lessive générale. Un petit déjeuner très classique pour un prix extravagant. Je refuse de payer, fais appeler la gérante Mme Pia qui me baisse le prix de 40%. Je vais acheter un petit sachet de lessive et ... en avant les frottis/frottas. L'eau est ... pas mal coloré. Je rince, j'étends tout ça devant la tente remontée pour la dernière nuit à passer là. Puis, direction internet ... Plein de personnes veulent me guider. Premier endroit : il y a un workshop. Deuxième endroit : 5000 shillings de l'heure avec une connection très lente. Je lui dis que ce n'est pas correct, les francais n'étant pas américains. Troisième endroit : Red Banana (sic) avec, là, une connection pour 2000 de l'heure. Mais, seule la messagerie est accessible, le site etchelec n'était pas accessible. Un très beau lieu de rencontre ce red banana qui fait tout à la fois la promotion des activites culturelles, de la formation à la protection de la nature notamment pour les guides touristiques locaux, de la formation informatique pour les Masaïs. L'heure de déjeuner arrive : brochettes de boeuf avec frites et bière : très bon jusqu`au moment où un jeune que je croyais être de la maison, me donne la note à payer... et s`en va. Bien sûr, la vraie serveuse est furibarde. Un autre jeune s'en mêle. Bilan : je fais comprendre que je veux retrouver l'auteur du larcin pour lui envoyer un plomb ! Tout s'est alors curieusement apaisé ... Je n'ai rien payé de plus ! ...
Mercredi 22 février 2012
C'est l'heure du départ ! Le vélo s'est bien reposé pendant trois jours. Je l'ai un peu nettoyé. Tout est harnaché à l'habitude selon un ordre et un rituel bien établi. Le temps est bon, il fait même un peu frais - c'est un peu avant sept heures. Au revoir au personnel du Fig Campsite. Direction est, avec ... le soleil levant en plein dans les mirettes. Je sors les lunettes de soleil (faut penser à tout !). Quelques Masaïs opinent de la main avec le pouce levé. Je rejoins Makayuni après 35 km de route assez bonne. Et je m'arrête au lodge où j'avais passé une nuit, pour prendre un pot. Je reste là ou je continue ? Je sais que j'ai maintenant trois jours d'avance sur mon planning. Mais, je préfère continuer, ce carrefour de Makuyuni ne m'ayant pas laissé de très bons souvenirs. Direction Arusha donc : la route est celle des processions de 4x4 se rendant au Ngorongoro et au Serengeti. Toute cabossée, cette route ressemble un peu à celle d'Eysus à Escot (allez-y en vélo, vous sauterez comme un cabri !). Cela dure des dizaines de km. Le paysage est très ouvert. Les côtes sont encore présentes mais plus douces. Les troupeaux de vaches, zébus, chèvres, ânes sont globalement plus étoffés que vers Singida/Babati. La culture mécanisée fait son apparition avec ça et là un tracteur Ford ou Massey-Ferguson. Et ... ridicule du ridicule, des jeunes Masaïs sont là, sur le bord de la route, tout maquillés de peinture noire et blanche formant un masque guerrier sur le visage pour ... attendre les 4x4 de touristes et ... se faire photographier - moyennant money money - avec un Umuzungu au milieu d'eux : souvenir, souvenir ... La première fois, j'ai crû à une sorte de cérémonie. Le phénomène se répétant, j'ai fini par leur envoyer un borborygme lorsque je passais à leur hauteur et ... ils repondaient de la même façon. Stupide ! Le pire et le meilleur se trouvent chez les Masaïs. Class mais aussi ... ridicules ! "Money, money"... répétaient à l'envie les petits enfants au bord de la route, harnachés avec le costume de guignol ! ... Il faisait très chaud sur cette route qui partait vers le nord. Une bière bien sûr ! Une guinguette Masaï avec le costume bien sûr, me tente. Le prix demandé est le triple du prix habituel le plus cher ! Je n'en peux plus et vocifère dans une langue qu'ils finissent par comprendre. Je m'échappe en prononçant tous les jurons que je connais. Quelques km plus loin, encore des Masaïs mais là, plus raisonnables : la bière est à un prix ... normal ! Comme quoi, la ... chaleur peut faire un peu péter les plombs chez... tout le monde.
Et ... là bas, au loin, le ciel devient tout jaune. La route plonge dedans. Les camions en sortent tout repeints à neuf. Ca gronde un peu. La pluie commence à tomber. Je m'arrête ou je continue ? Un abri mais ... où ? Je prends le parti de rechercher mon poncho, donc ... je m'arrête en contrebas de la route sous un arbre plein de piquants. Les voitures et les camions sont maintenant phares allumés. Je me rends compte que la visibilité est très réduite. La route est ... bien sûr sans bas-côtés suffisamment larges. Donc, je décide d'attendre, jugeant beaucoup trop dangereux de continuer dans ces conditions de visibilite à vélo : c'était le rentre-dedans assuré par l'arrière. La tempête de mélange de sable et de terre se déplace un peu. La visibilité s'améliorant, je décide de reprendre un peu et tout doucement ma progression. Bien m'en a pris. La visibilité s'est améliorée finalement assez rapidement. Mais, le bonhomme, le vélo, les sacoches sont copieusement repeints ! Les faubourgs d'Arusha arrivent. Je finis par trouver le Meru Inn que m'avait recommandé Matata. Impeccable pour moi, avec une vraie chambre, un vrai lit, une vraie douche ! Mais ... pas d'eau chaude, l'électricité ne fonctionne que le soir à partir de 19 h et s'arrête le matin à 8 h, avec, dans la journée, quelques plages horaires de fonctionnement. C'est propre (finis les cafards). Une télé permet de voir France 24 (lorsqu`il y a du courant). Je suis sale. J`ai faim, j`ai soif. L'hôtel accepte ce drôle de bonhomme avec sa drôle de machine qui dort ... bien sûr dans ... sa chambre à l'étage !
7h-16h 115 km +835 -454
Jeudi 23 février 2012
Ah! si vous saviez comme c`est bon un vrai lit dans une vraie chambre ! Nuit reposante ... Petit déjeuner copieux ... Good, good !
Samedi 25 février 2012 - Vendredi 24 février 2012
Le luxe d'une presque grasse matinée ! Arusha est une ville très cosmopolite avec notamment beaucoup d'indiens. Une ville où les règles de circulation sont, comme souvent en Afrique, hors normes habituelles. On a l'impression que tout est possible sans d'ailleurs savoir comment ! Plusieurs fois j'ai interrogé les gens sur le Tribunal pénal international qui est chargé de juger les génocidaires présumés du Rwanda : personne ne connait !!! Comme quoi l'information est une chose toute relative ! Sortir dans la rue est une chose assez pénible ici à Arusha car on est accosté en permanence ! Qu'est-ce que ça serait si j'étais une jolie fille ! Hier soir, une personne bien renseignée m'a dit que la corruption était assez générale en Tanzanie. Il a pris pour illustration le fait qu'il y a des coupures générales d'électricité inopinées tous les jours. Il paraitrait que la raison n'en est pas due au manque d'énergie potentielle (il y aurait d'importantes possibilités avec notamment le gaz) mais au fait qu'un des plus gros vendeurs de groupes électrogènes est aussi à un poste très influent, et n`aurait donc pas intérêt à moderniser le réseau d'électricité ... Le soir, énorme bazar lorsque les groupes électrogènes de tous les immeubles se mettent à hurler dans la rue ...
J'ai pu localiser le Tribunal pénal international pour le génocide du Rwanda : énorme bâtiment sous l'égide de l'ONU qui est aussi le lieu de Grandes Conferences Internationales. Interdiction de photographier : on se demande les raisons ... La prison est proche de l'aéroport, à une dizaine de km. Le marché local est ... très chaud à traverser. Tout est noir (sic), plein d'une foule énorme. On vend de tout, en particulier des milliers de chaussures dépareillées entassées ... Les brouettes sont gigantesques faites en bois avec des roues de voiture. On cuit dehors avec du bois ou du charbon de bois, des frites, des brochettes ... On est hélé de toute part. Be careful ! entends-je ... je suis étonné, puis ... your camera ... bon, j'ai compris. C'était un blanc certainement expérimenté en la matière. Je rentre dans un supermarché pour acheter des bananes pour demain. Je prends des petites au bon goût sucré, les pèse avec une balance automatique comme chez nous. Le prix ne correspond pas à ce qui est sur l'étiquette des bananes. Je fais venir un employé qui me dit que l'étiquette sur le rayon n'est pas bonne ... Je conteste un peu mais bon ... je finis par accepter. Je passe à la caisse : cela faisait 1250 shillings. Je donne 1300 et ... pas de monnaie. Je m'étonne mais la reponse est encore bien sûr évidente : no money ... Il faut s'y faire à ce système tanzanien ! Demain donc, je remonte sur le Mulet ... pas trop tôt ! J'ai encore quatre jours pour atteindre Nairobi.
Dimanche 26 février 2012 : en route pour la frontière kenyane
J'en ai un peu assez d'Arusha, ville qui cumule à peu près tout ce que l'on peut trouver de dérégulations (le terme est ... très beau !). Je quitte le très correct hôtel Meru Inn après un bon petit déjeuner à 7h. La sortie est plein ouest à travers un labyrinthe de rues pour rejoindre une pseudo rocade, en fait la route Arusha - Moshi. Direction gauche avec un carrefour indiquant Nairobi road à gauche encore. Ca me surprend un peu mais, après interrogation auprès d'une personne de la ville d'Arusha, pas de problème, c'est bien la bonne direction. 2 km après, voyant que cette route partait plein sud, je repose la question sur la "route de Nairobi". Réponse : bien évidemment dans l'autre sens ! Je retourne et au pif file plein nord. C'est la bonne solution ... Le petit vent du nord a la délicate attention de me fouetter le visage, en plein dans le nez ... Les pentes interminables se succèdent, pas trop raides mais suffisamment montantes pour me faire baisser ma moyenne jusqu'à passer le petit plateau. Crevaison au pic de la chaleur sur une longue et déserte ligne droite. Toujours la roue arrière. Je retourne le Mulet après lui avoir enlevé les sacoches. La manipulation est maintenant bien rodée. La chambre à air, neuve, est percée à la même distance de la valve que pour la précédente crevaison. L'examen de l'enveloppe me donne la solution : un beau morceau de verre est resté coincé dans les crampons de l'enveloppe et ... traverse celle-ci juste suffisamment pour que, la chambre à air gonflée à 4 bars, soit percée. Rustine, remontage du vélo, mise à l'endroit, sacoches ... La chaleur est étouffante. Je rencontre quatre allemands équipés comme moi qui vont dans le sens inverse. Ils veulent rejoindre l'Afrique du sud en passant par la Tanzanie et le Malawi. Pas de problème pour le passage de la frontière kenyane, la route est excellente jusqu'à Nairobi ... Namanga est la localite frontalière Tanzanie/Kenya. Un bazar innommable avec des camions arrêtés dans tous les sens, des mutiples bâtiments en cours de destruction, des mares d'huile noire ... Une guesthouse ? Je finis par trouver une chambre noire avec de l'eau, une douche froide, des toilettes turques. Ca ira ... Je finis par rencontrer Emmanuel qui ... connaît tout le monde (je lui ai suggéré de se présenter aux élections), avec un sourire perrmanent, qui est embauché par l'Etat tanzanien pour s'occuper des enfants les plus misérables de 3 a 5 ans. Il veut aller compléter sa formation à l'étranger, me sollicite pour faire les démarches. Je lui indique que la solution la plus réaliste pour lui est d'écrire un projet pour justifier sa demande et de l'adresser par voie hiérarchique à son ministère avec copie à l'organisme choisi pour la formation. Mais, je lui ai dit que si j'étais son chef, je refuserai sa demande tellement sa présence semblait nécessaire pour ces populations si délaissées par la Vie. Photo, échange mail. Un coup à boire bien sûr aux frais du volcanocycliste. Je finis par réussir de le convaincre que je suis fatigué de la route, casse un bout de croute (pas assez ...) et me couche aux heures des poules ! ... Toute la nuit, ce fut la musique plein pot avec les fréquences graves de la percussion qui faisaient vibrer mon lit.
7h-17h 117 km +976 -1076
Lundi 27 février 2012 : Namanga - Kajiado, terrible ...
Réveil aux aurores à l`habitude. Départ sans petit déjeuner pour la frontière. Je change de l`argent. Comme par hasard, il manquait la monnaie. Au contrôle visa, le policier fait une lecture attentive de tous les visas inscrits sur mon passeport quasi plein. Sans doute suis-je peut-être inquiétant ! J`ai droit, non pas comme les allemands me l'avaient indiqué, à un passage rapide, mais à une photo de ma tronche regardant bien droit la caméra, à un relevé des empreintes digitales ("végétales" dirait un de mes anciens voisins) de tous les cinq doigts de la main droite. Pan ... un coup sec tombe sur le passeport : Ouf ! Ca y est, je peux pédaler au Kenya ! Namanga a sa partie kenyane comme Goma a sa partie rwandaise appelée Gisenyi. La route est caillouteuse au début puis superbe asphalte mais ...toujours rectiligne et en pente ascendante puis légèrement descendante puis re-montées ... ainsi pendant des km et des km de ligne droite. Epouvantable sous la chaleur terrible ! Le vélo se met à couiner de tous les cotés, les vitesses passent très mal. Je rudoie le Mulet jusqu'au moment où je sens le big problème qui va arriver : la fringale ! C'est vrai que la veille je n"ai mangé que quelques bricoles le soir et que ce matin, le petit déjeuner est passé à l'as ! C'était trop sale (un peu style Rusumo). La tête va et vient, le soleil est chaud, très chaud. Vite, je dois m'arrêter et boire. Long, très long. Je demande si je suis loin encore de Kajiado ? On me répond bien sûr que non. Et ça continue de ... monter. J'ai mis le tout petit petit pour rouler à 6 km/h sous le cagnard du diable. Une antenne-relais au loin. A coup sûr, le village est là, pas loin. Les premières maisons apparaissent. La population grouille. J'y suis. Où est le centre ? Là, bien sûr, me montrant l'arrière du vélo ... Noir, c'est horriblement noir de saleté. Les "ruelles" sont sans évacuation souterraine des eaux usées. Plein de détritus partout. Je finis par trouver une guesthouse avec une chambrette correcte. Et puis ... ça suffit pour aujourd`hui. Je réussis à avaler des spaghettis et à ingurgiter presque d`un trait un demi-litre de bière (bien moins bonne que la Serenguetti et que la Kilimandjaro en Tanzanie). Il est 18h. C'est l'heure de mon repas du soir. Filet de tilapia avec frites : pas mal ! En fait, j'ai eu droit à un tilapia entier tout froid tout dur qu'on a voulu me faire payer le double du prix affiché sur la carte, car ce n'était pas le filet mais le poisson entier. Fatigué de la journée et excédé par tant de tricherie, j'ai refusé de payer, ai demandé le chef, suis allé à la caisse avec probablement un regard qui devait en dire long, ai dit que je partais sans payer s'ils maintenaient l'addition présentée. Les serveurs rigolaient. J'ai haussé le ton. Ils ont rectifié l'addition ... Dehors, s'abattait une pluie diluvienne qui a duré une bonne heure avec des éclairs partout. Les ruelles étaient des torrents. Avantage : ça nettoyait un peu les rues ! J'ai acheté deux bidons d'eau et de jus d'orange car j'avais vidé toutes mes réserves. Chaud la journée, dans tous les sens ... Nairobi n'est plus bien loin.
7h-16h30 97 km +871 -510
Mardi 28 fevrier 2012 : Kajiado - Kitenga ... glisser vers la capitale
Excellent petit déjeuner ce matin ! Il faut bien compenser un peu les erreurs de la veille. Départ un peu tardif, mais la journée doit être courte. Je suis en avance sur mon temps prévu pour le rendez-vous avec le chauffeur de Christian Thibon demain mercredi dans l`après-midi (il ne reste plus que moins de 100 km). La route est très roulante et descendante en grande partie. Régal de laisser aller le Mulet en roue libre. Je décide d'arrêter vers midi pour me reposer un peu de la veille. Kitenga arrive, une bourgade-rue le long de cette route Nairobi-Arusha. Beaucoup de petits commerces. Une guesthouse ? C'est complet. Un hôtel qualifié "Nomade" se trouve de l'autre bord de la chaussée : ce nom, ça me va, et de la place, il y en a ! Prix élevé sans trop de confort : chambre donnant sur un garage intérieur pour voitures avec impossibilité de fermer les ouvertures (de la chambre, bien sûr). Plat de spaghettis, bière. Il est midi. Il me faut du change. La Banque nationale est présente, gardée par énormément d'employés dont de vrais militaires casqués avec pistolets mitrailleurs. Change correct à environ 80 shillings pour un dollar (100 shillings pour un euro). Je fais passer le temps en allant voir les échoppes des vendeurs, cherche internet, et finis par trouver une étonnante galerie marchande climatisée avec internet possible mais ... seule la messagerie est accessible. Pas de possibilité d'aller sur le site etchelec. Un SMS à Christian Thibon et à son épouse Beatrice pour avertir que ... demain, je serai bien au rendez-vous prévu à l'aéroport de Kenyatta à la porte des arrivées internationales.
8h-11h 55 km +150 -190
Mercredi 29 février 2012 : Nairobi ... la désirée !
La nuit fut encore un peu mouvementée mais pas pour les raisons habituelles de bruit. Vers minuit, ronflement de voiture dans le garage (ma chambre donne sur le garage avec un seul sas grillagé). Ca me réveille bien sûr, la voiture fait du sur place, le moteur tourne toujours. Les vapeurs d'échappement commencent à emplir la chambre. J'ouvre la porte et vois une dame hors de la voiture en train de discuter au téléphone, son chauffeur restant au volant. Mon sang ne fait qu'un tour. Je lui dis que des gens dorment dans les chambres et qu'on reçoit toutes les fumées de sa voiture. Voyant qu'elle s`en fout (et qu'elle ne comprend pas bien mon anglais écorné, je vais au volant et ... le chauffeur comprend très vite qu'il doit arrêter le moteur. Je remercie tout le monde ... La dondon a continué à discuter ... La voiture finit par sortir du garage - maintenant ouvert ... A 5h du matin, même fait mais à l'envers : une grosse mercedes rentre et se gare ... juste devant ma porte (heureusement que j'ai rentré le Mulet dans la chambre, sinon je crois qu'il aurait subi une sévère cure d'amaigrissement). Le vombrissement ne dure pas trop longtemps. Finalement, dans cette chambre j'étais fier d'avoir eu la meilleure douche de mon périple. Je n'avais pas prévu la pollution ... On ne peut pas tout avoir ! Petit déjeuner avec omelette espagnole, et hop ! en piste en slalomant au milieu des triporteurs-taxis. La route pour Nairobi se poursuit au nord toujours droite. Quelques bosses, ... on finit par rejoindre Athi River et la route de Mombasa, route à grande circulation s'il en est avec ... énormément de camions. Direction ouest pour Nairobi, route à deux fois deux voies. Ca monte, ça fume, noir, très noir. Le vélo renacle sans arrêt. Je ne peux plus passer sur le grand plateau. Tiens bon encore quelques km ! ... Tout là-haut au fond, les moteurs peinent et fument encore plus. Un avion me survole assez bas ... l'aéroport international approche. Là, à droite, la tour de contrôle. Pour rejoindre l'accès à l'aéroport, on doit faire un grand détour, une grande boucle, traverser les deux voies pour gagner la seule bretelle à droite vers l'aérogare. Je commence à reconnaître les abords. La police est nombreuse, les herses sont de sortie. Contrôle évidemment : "Avez-vous de la nourriture ?" Réponse négative avec I'm a meeting point with my driver. Le policier doit me prendre pour un dingo. Les explications sur mon périple finissent par satisfaire sa curiosité, et finissent toujours par motiver d'excellentes "congratulations !". Je file vers mon lieu de rendez-vous aux arrivées internationales. Il est 9h. J'ai rendez-vous à partir de 16h ... Pas mécontent d'être arrivé ! J'ai maintenant du temps ... Je me renseigne sur la possibilité d'avoir quelque part un carton pour emballer le vélo pour le vol : pas de carton ... J'erre dans les divers endroits de l'aéroport suscitant toujours des interrogatioins amusées. Une dame directrice d'agence de tourisme me voyant là attendre sous un soleil de plomb, finit par me demander qui doit venir me chercher. J'explique et finis par indiquer le téléphone de Stanford. Il est 15h. La dame réussit à avoir Stanford et lui ordonne (sic) de venir me chercher ... de suite ! J'ai gagné deux heures. Stanford arrive avec un pick up 4x4. Il avait ma photo. Le Mulet est chargé. Ouf ! On s'est trouvé, grâce à Christian, ami et collègue dirigeant l'IFRA à Nairobi.
Jeudi 1er mars 2012- vendredi 2 mars 2012
Le reste sera deux journées de repos chez les Thibon. Je finis par trouver un semblant de carton avec un emballage de lit que je récupère dans une grande surface. Replié aux dimensions du vélo, avec force ficelle, l'ensemble sera scotché définitivement. Zut ! j'ai oublié de dégonfler les pneus ! Eclatement assuré, me dit-on ... Achats de quelques cadeaux pour la famille. Nourriture abondante et excellente chez Christian et Béatrice. Les embouteillages à Nairobi ... c'est du jamais vu nulle part ! Je pars à l'aéroport vendredi en début d'après-midi avec Stanford. Stress pour ... l'acceptation de l'emballage très sommaire du vélo dans ce carton déjà bien usagé ... Première pesée (je tenais le carton ...) : 15 kg. Je suis un peu surpris ... J'ai droit à deux fois 23 kg. Deuxième bagage comprenant deux sacoches de vélo jumelées : 11,5 kg. Je suis rassuré. et vais me caler dans un coin de l'aéroport pour attendre l'enregistrement 4 heures plus tard. Le superviseur de KLM arrive. Re-pesée du vélo : 25,9 kg (je ne tenais pas le vélo ...). Je conteste la pesée. On met le vélo sur une autre balance : idem 26 kg. Ca dépasse de 3 kg. Je signale que le deuxième colis ne fait que 11,5 kg pour 23 kg autorisés : rien à faire "Ca dépasse de 3 kg" me répète-t-on. Je comprends ... et dis : combien vous voulez ? tout en expliquant que je viens de Goma en passant par le Rwanda, la Tanzanie ... "Really ?" ... et d'ajouter encore qu'à l'aller je n'avais eu aucun problème pour l'enregistrement du vélo avec KLM. "Wait a moment"... Au bout de trois quarts d'heure, l'employé revient tout sourire. No problem ! Akuna Matata ! Le problème est réglé : pas de surcoût pour le vélo. Tout est en ordre ... L'aérogare de Nairobi est toujours aussi étouffante. L'attente est longue, l'avion est en retard. Il sera plein comme un oeuf. Le vol sera sans problème.
Samedi 3 mars 2012
L'arrivée à Amsterdam s'est faite avec un froid de canard. Passer de 35°C à quelques degrés au-dessus de zéro surprend. 4h d'attente pour l'avion suivant Amsterdam-Toulouse. Le Foker est garé loin. L'accès se fait en bus. Beaucoup de bagages sont en attente de chargement : mais pas de carton vélo visible. Je m'inquiète auprès d'un employé : peut-être est-il déjà dans la soute ? Son regard amusé me rend confiant. 2h de vol jusqu'à Toulouse, 2h de ... sommeil. A l'arrivée, Pierre, mon gendre, est là, tout sourire. Et ... sur le tapis roulant, miracle ... le carton vélo arrive. On charge tout dans la 307. Direction Léguevin. Tout est bien. Les pneus ont tenu le coup. Les chambres à air n'ont pas éclaté. ... Quand je vous disais que mon Mulet était un bon ... vélo !
Bilan après cette combinaison volcans/vélo
Après mes voyages vélo dans les Pyrénées, les Alpes, en Asie, en Amérique du sud, au Maroc, je dois dire que ce voyage de Goma à Nairobi a peut-être été le plus éprouvant, non pas physiquement mais psychologiquement. J'ai dû emporter du matériel nouveau pour gravir les volcans (principalement un sac à dos et une autre paire de chaussures montantes) mais ce ne fut pas un handicap trop fort puisque j'ai laissé dans le même temps le réchaud, les gamelles, le thermos, les recharges d'essence. Les épreuves physiques (vélo, grimpette) furent plus une forme de libération qu'une contrainte. Car, j'ai eu beaucoup de prises de tête pour arriver à boucler tous les rendez-vous que j'avais prévus pour être "à l'heure" pour gravir le Nyiragongo et le Lengaï. Il fallait que je me rende à ces rendez-vous en vélo et en bus. Or, les bus furent pour moi finalement les défis les plus sérieux car jusqu'au dernier moment je ne savais pas pas si je pourrai ou non prendre le bus avec le vélo. Beaucoup d'épisodes de chaud et froid psychologiques. Et, comme j'avais réservé les dates depuis la France pour gravir les volcans, il fallait à tout prix que les km séparant les deux volcans soient franchis. Je reconnais que j'avais vu un peu juste pour le Lengaï. Le fait que le bus ne put passer à la frontière rwando-tanzanienne qu'avec un jour de retard sur le planning que j'avais prévu, m"obligea à ne pas perdre une minute - donc à pédaler tous les jours - pour être au jour et à l'heure fixés à Mto Wa Mbu en Tanzanie à environ 1500 km du Nyiragongo, même avec 500 km fait en bus. L'intérêt principal de ce périple fut bien sûr l'ascension des deux volcans. Le Nyiragongo est vraiment un monument de la Nature que je mettrai même avant l'Erta Ale, pourtant exceptionnel ! Le Lengaï est délaissé par les agences de voyage. On comprend bien pourquoi ! La descente est vraiment très piégeuse, même pour des habitués de la montagne ! Et le haut du volcan ne présente plus du tout l'attrait qu'il avait avec toutes ses morphologies de surface en lave blanche. Tout s'est effondré et ... on voit un énorme trou béant. Il faudrait au minimum sécuriser au moins les trois cents premiers mètres de la descente en plaçant de temps à autre une possibilité d'assurance. La jonction des deux volcans par le moyen de la bicyclette permet de découvrir à vitesse d'homme et les paysages magnifiques du Rwanda et de la Tanzanie et les habitants des lieux. A noter l'excellent accueil fait toujours par toutes les personnes rencontrées qui vous prennent pour un ovni la plupart du temps mais qui ne cessent de lever le pouce en signe de félicitations. Les effets du tourisme automobile dans les parcs nationaux en Tanzanie et au Kenya sont pour moi très négatifs sur les Masaï qui jouent avec la bêtise et l'argent des Muzungus et qui en demandent toujours plus avec des péages de plus en plus fréquents et des tarifs imprévisibles. Une chose nouvelle : la pression de la forte chaleur ! Après 13h, pédaler devient extrêmement épuisant. Les moindres côtes deviennent des montagnes à franchir. Une soif permanente diminue la capacité à pédaler du bonhomme. Un air très sec et la forte poussière fatiguent énormément le vélo ... Les prix sont souvent fantaisistes. Par exemple, une même bière peut avoir un prix du simple au quadruple, c'est selon ... Mais une chose est sûre : quand le Blanc n'est pas content, il réussit souvent à obtenir gain de cause. Le marchandage des prix semble plutôt habituel. Le Rwanda est un pays qui a beaucoup évolué et qui est devenu très sûr. La Tanzanie, en revanche, est manifestement beaucoup plus délicate à prévoir dans les réactions des gens. Voyage à recommander ? Dans l'esprit, oui. Dans la pratique, pas mal de détails matériels - qui peuvent bouffer la vie du bonhomme ! - peuvent être améliorés particulièrement dans la logistique, en particulier pour l'organisation de l'ascension du Nyiragongo ... Etonnante nouvelle expérience néanmoins ...
André, 7 mars 2012