Pérou 2010 - 1
Après le périple Tashkent - Kashgar et la suite chinoise imprévue de l'automne 2009 (http://tashkentpekin.free.fr), changement de continent en 2010
C'est un retour non plus pour gravir quelques volcans mais pour une magnifique combinaison vélo de Lima à Santiago.
Il y aura d'abord le Pérou avec une mise en jambe sur la panaméricaine, en bordure du Pacifique, de Lima à Nazca, puis une longue montée jusqu'à Cuzco, avec un détour au Machupichu, pour ensuite rejoindre le lac Titicaca. En Bolivie, après avoir atteint La Paz, il faudra rejoindre le Salar d'Uyuni ... le traverser durant 100 km après bien sûr avoir posé la tente durant une nuit au milieu de l'immense étendue blanche de sel... Arrivée à Uyuni pour un bon nettoyage du vélo (attention au sel !) et ... pour une pause avec une bonne bière car, alors, il y aura une dizaine de jours à bien calibrer. La traversée du Sud Lipez peut être redoutable. Selon mes souvenirs, ses pistes désertiques doivent être abordées avec beaucoup de préparation en raison du cumul de difficultés possibles : le sable (très meuble parfois), le vent (souvent dans le nez), la soif (très rares points d'eau), l'altitude (entre 3800 m et 4900 m, bonjour l'oxygène !). Mais le Sud Lipez c'est aussi ... la féerie des couleurs avec les lagunas Colorada, Verde, Blanca, les flamants roses, les volcans soufrés, ocres, blanchis de neige ! ... C'est passé, la frontière arrive. On peut souffler un peu au Chili en traversant l'Atacama, très beau désert mais avec le havre de San Pedro au milieu pour reprendre des forces et ... du ravitaillement. Alors, ... ce sera l'heure des choix car je dois être à Santiago le 27 juin pour prendre l'avion du retour. Deux solutions pour joindre Santiago : la plus probable, par la côte Pacifique 1780 km (tracé en rouge mais pas toujours évident sur plusieurs centaines de km), par l'Argentine et le versant oriental des Andes (tracé en rose) peut-être plus beau mais ... 2500 km. Tout dépendra ... du bonhomme, du vélo, du temps ! ... Au pire, il devrait y avoir la solution du bus. On y va ? ... Départ 23 avril. Mais oui, petit volcan, fais en sorte de nous laisser un créneau pour passer dans le ciel !
J'ai réparti textes, photos, cartes en trois ensembles par pays. Pour vous donner envie, j'ai mis juste là en dessous un choix de quelques-unes de mes photos préférées. Amusez-vous à cliquer dessus, à les mettre en plein écran (cliquer en bas à droite), à naviguer d'une photo à l'autre avec le clic gauche de la souris, à rapprocher ou à reculer avec la roulette de la souris ...
Vendredi 23 avril 2010 : Et oui ... C'était pourtant bien parti à l'aéroport de Toulouse avec un enregistrement rapide, sans payer quoi que ce soit en supplément. Le départ de Toulouse a été parfait. On est passé devant les hangars de l'A380 avec un Concorde qui trônait là comme le vieux papa qui veille sur le "petit" A380.
On est arrivé dans les temps à Amsterdam. Une anecdote révèle l'état de psychose affectant certaines personnes: un passager a appelé une hôtesse pour l'avertir qu'il y avait un vilain nuage gris-noir à l'ouest en lui disant que c'étaient les poussières du volcan qui étaient là ... Une heure et demi de battement, et j'embarque pour Lima dans le Boeing 777 plein comme un oeuf, qui a décollé avec plus de 30 minutes de retard. La montée en altitude s'est faite à fond les manettes et on s'est très vite stabilisé entre 10 000 et 11 000 mètres. Service parfait (mais ils ne proposaient pas le champagne comme dans le Pékin - Paris). Arrivée à Lima avec 45 minutes de retard sur l'heure prévue. Sortie assez rapide mais ... sans le vélo ! "Mañana a la misma hora" ... Kike, mon hôte d'un soir (de deux maintenant car il faudra que je dorme une deuxième nuit à Los Olivos près de Lima) avait une pancarte à la main avec un gros "ETCHELECOU". Diner très agréable et très bon, préparé par Myriam, son épouse. Il est maintenant plus d'une heure du matin en France ... je commence à avoir les petits yeux. Vite au dodo !
Le vélo n'est pas encore la mais bon c'est déjà bien que je sois à Lima aujourd'hui. En espérant que Monsieur le volcan ne fera pas des siennes demain ... car alors la situation deviendrait assez cocasse avec un cycliste sans vélo ! ... N'y pensons pas. Attendons patiemment demain soir ...
Samedi 24 avril 2010 : en attendant que le vélo arrive
... Aujourd'hui, j'ai suivi un couple canadien qui est parti avec Kike (le propriétaire du B&B à Los Olivos) dans le centre de Lima. On est allé bien sûr à la plaza de Armas puis visiter l'ancienne église San Francisco avec des catacombes où sont déposés des dizaines de milliers d'os de ... riches qui payaient pour être dans ces catacombes. J'ai pu m'approvisionner en victuailles et en boissons, au cas où ...
... 18h30, je récupère enfin LE vélo ! Le carton n'est pas explosé comme à Tashkent, donc c'est bon signe ! Tout a l'air OK. Il fait chaud. Je vais tout remonter et charger pour partir demain de bonne heure (vers 7h) essayer de trouver la panaméricaine depuis la commune où je suis, Los Olivos au nord de Lima.
Dimanche 25 avril 2010 : C'est parti ... enfin ! Parti ce matin à 7h, je suis évidemment allé dans le sens opposé. 15 km de trop. C'est ça le basque, toujours à l'envers mais l'important est de s'en rendre compte assez ... tôt. Les 50 km que j'ai fait dans Lima sont une véritable épreuve : accélération, freinage brutal, se faufiler dans les voitures et les bus, éviter les petits bus qui guettent les clients et se rabattent brusquement sur la droite ... Après Lima, c'est du gâteau, la panaméricaine est superbe. Reste le problème des grands bus et des gros camions qui ont du mal à comprendre qu'un vélo ça aime aussi le goudron et non le bas-côté. Un faucon crécerelle a foncé sur sa bien-aimée et l'a honoré sur le fil électrique en un beau cri ... rapido ! J'ai pris le temps de déjeuner avec du bon poisson frit, du riz, des papas, et une bière. J'ai trouvé à San Vicente de Cañete un hospedaje où normalement je dois avoir une douche qui fonctionne, avec l'eau chaude, mais sans doute dort-elle encore un peu, peut-être tout à l'heure ? J'ai finalement pu faire 173 km en partant à 7h et en arrivant à 17h.
Los Olivos- Lima - San Vicente de Cañete 173 km, +950 m, -950m, 7h-17h
Lundi 26 avril 2010 : Chaud ! Dans tous les sens aujourd'hui ! Dans la tête d'abord, car un malin camionneurm'a serré de trop près, et le compagnon à sa droite a eu l'excellente idée de me taper sur le casque en passant ! Surprise et peur bleue immédiate car j'étais à 30 cm du camion. Rien de plus. Chaud ensuite dans le désert que j'ai abordé après San Vicente de Cañete avec un soleil de plomb et peu ou pas de vent, avec des montagnes russes ... Chaud en voyant le Pérou, terre des agro-industries, avec tout ce que nous ne voulons pas chez nous. Chaud en voyant que tout le littoral pacifique est propriété privée avec des clôtures hautes partout. Chaud en constatant que des dizaines de milliers de poules sont dans des élevages industriels en bordure des plages du Pacifique. Chaud de voir la panaméricaine en véritable chemin de milliers de croix en bordure de la route avec des milliers de petits reposoirs un peu abandonnés, d'accidents mortels de surtout cyclistes et piétons ... Sympathique l'ambiance ! Chaud de voir que les rois de la route sont les gros camions et bus, le cycliste n'a droit qu'au bas-côté ... Je suis à Ica.
San Vicente de Cañete - Ica 163 km +960 m, -580 m, 7h - 17h30
Mardi 27 avril 2010 : Pourquoi n'avez-vous pas une moto ? J'ai répondu que j'étais un peu dérangé (loco), alors les dames n'ont plus rien dit ... Aujourd'hui, dure journée : départ 6h, arrivée 18h à ... Nazca, soit encore beaucoup de km, beaucoup de dénivelées. Toujours le fort trafic sur les portions de la panaméricaine qui sont en réalité des voies urbaines, donc sans bas-côté. Je vous passe les détails du slalom permanent. Nouveau : 60 km de désert sans aucun point d'eau ou d'habitation. On regarde bien ses sacoches pour les réserves de liquide et ... on y va ... sous un cagnard de plomb, bien sûr à la plus belle heure (entre 12h et 15h). Je suis arrivé au pylône d'où l'on peut voir les géoglyphes, des traces d'animaux, d'hominoïdes faites sur le sol avec des dimensions que l'on ne peut voir que si on prend les ailes d'un oiseau. Mais il était 16h et j'avais encore 25 km pour atteindre Nazca. L'éclairage était sublime, les avions (de touristes) volaient, mais il a fallu que je me force à partir car la nuit tombe ici à 18h. S'en est suivie une sorte de course contre la nuit avec mon bon Mulet qui n'en pouvait plus beaucoup. Le vent de face s'est mis de la partie ! Je suis arrivé ... juste, avec les klaxons d'approbation de quelques camions qui faisaient : - - ... - - ... (comprenne qui pourra !). Je dois dire que je ne suis pas fâché d'être à Nazca car, après, je prends la route de Cusco. Je suis dans un hôtel où j'ai enfin de l'eau chaude à la douche. J'ai fait Lima - Nazca en trois jours (493 km). Donc, demain matin, un peu de repos. Je verrai si je pars vers les altitudes ou si je passe encore une nuit à Nazca.
Ica - Nazca 163 km, +1035 m, - 865 m, 6h - 18h
Mercredi 28 avril 2010 : Ouf, la panaméricaine est finie pour le Pérou ! ... Mais c'est oublier un peu vite que la carte du Pérou, même refaite à partir de Google Earth, comporte beaucoup beaucoup de lacunes et d'erreurs (il suffit de zoomer fort sur les photos de Google Eartth pour s'en apercevoir dans certaines portions dont ... celle de Nazca à Cusco). Et je suis parti tout content d'avoir la route pour moi tout seul. Oui, sauf que c'est le vrai désert, en un peu plus vert que le long de la Côte Pacifique. Pas de petit commerçant qui propose des fruits, des boissons. Pas de bistrot, pas de point d'eau. Et cela dure tout le temps ! Heureusement, j'avais fait un peu le plein au cas où ... mais cela ne m'a pas empêché de montrer ma gourde vide à plusieurs automobilistes et camionneurs, et ... oui, miracle, j'ai eu droit à un litre de coca gratis de la part des ouvriers qui entretenaient la route. Mais ... quel cagnard ! Un vrai calvaire à supporter tout en montant très très lentement entre 5 et 6 km/h le plus souvent. En fin d'après-midi, je finis par comprendre qu'une tienda n'était pas loin au lieu-dit Alouata (tiens, curieux pour les basques !) et je tombe sur une petite boutique noire avec des bouteilles ! je finis par me faire faire un petit diner (toujours la même chose : un peu de poulet, quelques morceaux de pomme de terre et du riz). Je couche sous la tente. Mais quelle chaleur et quelle montée pour cette journée !
Nazca - Alouata 48 km, +1775 m, - 20 m, 10h - 17h15
Jeudi 29 avril 2010 : C'est la journée du chaud et froid. La tente et les affaires sont rangées très tôt. Pas de petit déjeuner (la dame d'hier soir était partie, et son mari ne savait pas faire ...). Ca monte et ça monte jusqu'à plus de 4000 mètres. Puis, descente. Enfin un peu de roue libre mais avec un climat totalement différent : j'enfile la polaire et le coupe-vent jaune. J'arrive dans un village qui n'est pas le bon. Je continue, on me promet un hospedaje (gite) à Lucanas, un village que l'on atteint en grimpant fort, et qui est complètement occupé par les ouvriers pour les travaux de réfection de la route. Accueil très correct. Mais je me rends compte que les péruviens ont besoin de parler fort, de mettre de la musique en permanence partout, de mettre la télé à fond. J'ai pu envoyer les SMS à Dominique, Laure, Thomas, alors que la veille rien ne passait. Douche style chaise électrique. Méthode : ouvrir le robinet d'eau et allumer l'interrupteur électrique associé audit robinet, ne pas mettre trop de pression d'eau car l'eau reste froide. Donc .https://ddvagabondages.fr/index.php/dede-velo/voyages/amerique-du-sud/2010/perou-2010-2.. diminution du débit et l'eau chauffe, la résistance électrique émettant toujours plein pot !
Alouata - Lucanas 89 km, +1980 m, - 1080 m, 6h20 - 17h
Vendredi 30 avril 2010 : Ce fut une journée un peu folle. Toujours la pente forte à 5-6 km/h. Ca ne va pas vite. On fait évidemment moins de km que sur le plat. On part de 3260 m pour finir à 4160 m et ... dans quelles conditions ! Chaleur moyenne au début, tout allait normalement. Puis le vent, dans le nez, puis la pluie, puis le froid, puis le tonnerre avec des nuages partout, puis de la grêle, on ne voyait presque plus rien mis à part les quelques mètres devant la roue. Et il fallait avancer pour aller où ?? Les voitures et les camions qui me dépassaient, me klaxonnaient, et moi j'essayais de sortir mon nez du poncho que j'avais mis, mais qui, avec le vent, la pluie, la grêle, n'avait plus qu'une fonction : celle de m'empêcher de voir puisque, bien sûr, le capuchon se mettait sur le visage. Je finis par débouler à la nuit dans ce qui était marqué restaurant sur une pancarte, tout heureux de trouver un toit alors que j'étais frigorifié et que tout était absolument trempé. Heureusement, la dame m'a donné une soupe chaude. Dehors, la pluie redoublait, et la neige était sur le bas-côté de la route (on était à plus de 4000 m). Où coucher la nuit ? Car, en réalité, c'était insupportable de saleté. La dame a voulu me donner une espèce de bas-flanc avec une peau d'animal qui séchait. Ca sentait trop fort, je ne pouvais pas ! Je lui ai dit que j'allais mettre deux bancs de la salle commune côte à côte, avec l'accord de son mari. Mais ! alors que j'étais au plumard dès 8h du soir, la musique était à fond pour les camionneurs qui faisaient halte pour prendre leur consommation avec de l'ambiance ... La nuit, toujours la musique et en plus comme il faisait un temps exécrable (la pluie et la tempête sans cesse), les gros 48 tonnes se garaient avec le moteur allumé juste à côté de la porte ... et ... je recevais tous les gaz d'échappement en cadeau. Inutile de vous dire que ma décision était prise : je devais dégager absolument le lendemain, mais comment ?
Lucanas - Auberge 4100 m 67 km, +1330 m, - 470 m, 6h30 - 14h30
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