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Andes Argentine Chili 2012 - 2

Mardi 18 septembre 2012

Dans la nuit, j'ai aperçu quelques nuages. Pourtant, la nuit, le vent s'arrête normalement. Le réveil sonne. Dehors, total changement d'ambiance. Le vent n'a jamais été aussi fort. A l'ouest, une grosse barre noire dans le ciel. A l'est, le soleil commence à pointer dans un ciel bleu, limpide. Ca va aller. J'ai encore deux cols à passer puis c'est la descente dans l'après-midi vers San Pedro. J'ai énormément de mal à plier la tente. Je me suis mis dessus toutes les couches chaudes. Pas de petit-déjeuner dans de telles conditions. Il faut avancer. Je suis seul sur ce ruban de goudron. Trop tôt pour voir des camions. La montée devient très très dure avec ces rafales de vent qui me prennent en écharpe. Les barres noires du ciel gagnent. Le soleil va bien nettoyer tout ça ! Pas de problème. La méthode Coué pour garder le moral. Je finis par passer le premier des deux cols. J'ai passé le col F à 4713 mètres. La descente est là mais le vent est tel de face que j'ai beaucoup de mal à avancer en appuyant sur les pédales à 5 km/h. Ca devient dément. Le ciel est maintenant gris-noir en totalité. Le soleil n'est plus qu'une boule comme la lune le soir. Tout évolue très rapidement. Je n'en peux plus. Je ne peux plus avancer. Je pose dix fois mon vélo, et vais essayer de m'abriter dans un creux de terre. Pas une cabane, pas une ruine à l'horizon. Pas un camion, pas une voiture. Je vois maintenant sur le bitume de drôles d'écharpes blanches qui finissent par envelopper toute la montagne autour de moi. Rien de tel dans les Pyrénées ou dans les Alpes. La neige arrive par le bas ! La visibilité devient nulle. Je décide de poser mon vélo au milieu de la chaussée de façon à ce qu'un véhicule passant le voit. Je mets mon poncho fluo orange et me blottis le plus possible dans un maigre creux de terre. Une heure, deux heures passent. Rien. Le grésil est de plus en plus cinglant. Une voiture passe et ... me fait signe avec le pouce levé ... et continue. Un pick up monte. Le chauffeur sera mon sauveur. Guillermo est un guide qui conduit des clients au salar de Tara. Je crois comprendre qu'il redescendra et me prendra très vite. En fait, avec la tempête qui fait rage, il ne pourront pas aller au salar de Tara. Ce sera ma chance. Une petite heure après, la voiture revient. Au même moment, un pick up de la police monte. Je suis sauvé. Le vélo est prestement monté dans le pickup de Guillerùmo. Ca y est, je sors du cauchemar. Je retrouve la descente faite il y a deux ans après le sud Lipez. Le Licancabur est là, énorme. Guillermo se pose au petit pueblo artisanal de San Pedro. Il est passionné d'archéologie. Il ne veut pas d'argent ... Le temps est totalement différent. Ici, le soleil, un peu de vent mais que du bonheur. Trouver une chambre est difficile car c'est la semaine de fêtes au Chili, et San Pedro est plein à craquer. Je retourne à l'hospedaje qui m'avait accueilli il y a deux ans. Tout est plein. Je finis par trouver une auberge pour touristes (alojamiento Casa de Huespedes). C'est 7000 pesos pour une chambre avec possibilité de se faire la cuisine. C'est bon pour quatre nuits. Je pose mes affaires, le vélo, et m'affale sur le lit. Un SMS pour la famille. Je file à la douane pour régulariser ma situation. Change d'argent. Restaurant avec gros plat de lasagnes accompagné de vraie purée et d'un verre de rouge. Retour par la très belle église. Une messe est en cours. J'y assiste après cette mémorable journée. Douce était la pomme dégustée avant de me coucher. Qui a dit que les miracles n'existaient pas ?

Mirador 4587 m - San Pedro de Atacama, 7h30 - 16h, 10 km à vélo, 74 km en véhicule (altitude maximale en vélo : 4713 m)

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Mercredi 19 et jeudi 20 septembre 2012

Deux journées passées à récupérer tranquillement. San Pedro est tout à la fête nationale. Grosse évolution depuis deux ans : la bourgade s'étend de plus en plus ; le commerce touristique marche fort. J'ai vu la maison où il y a deux ans j'étais accueilli. Elle a triplé de capacité d'accueil. L'ambiance est toujours très baba-cool. Les gens sont calmes. Les chiens sont toujours aussi nombreux. J'ai entendu beaucoup de jeunes français et françaises (d'âge étudiant) qui se sont installés à San Pedro pour des motifs de qualité de vie et de fantastiques paysages. C'est vrai que c'est unique au monde. Il fait quasiment toujours beau avec un ciel bleu rutilant. San Pedro est à 2500 m et, bien sûr, ne subit quasiment pas les mauvais temps captés par la ligne des volcans là où j'ai biciclété depuis le Paso de Jama à plus de 4000 mètres d'altitude. L'aménagement central de San Pedro est assez bien organisé avec une propreté agréable. Ici, les employés travaillent à la main comme autrefois chez nous : pas d'engins à moteur pour nettoyer les rues, mais des personnes qui balaient avec énergie les rues, ramassent les poubelles. La commune a installé un wifi public sur la place principale de San Pedro. Très agréable pour ceux qui disposent de tablettes ou de petits ordinateurs. De nombreux bancs, de beaux arbres, des terrasses de café ... Revers de la médaille : beaucoup de jeunes et moins jeunes pas très nets, et des chiens nombreux. Car, San Pedro - je l'avais observé il y a deux ans - est la commune des chiens. Tout leur semble permis, et ils sont ... très nombreux mais tranquilous sauf ... la nuit où il doit y avoir pas mal de combats de territoire si l'on en croit les hurlements nocturnes qui, parfois, couvrent la musique. Un petit problème avec les cartes bancaires. Deux banques de retrait mais les distributeurs sont souvent vides et surtout la carte Visa premier ne permet pas de retirer de l'argent à la Banco de la Nacion. Il vaut mieux avoir pas mal de liquidités en poche. Le change est assez variable : j'ai changé entre 425 et 465 pesos pour 1 dollar US. Beaucoup de restaurants, de la nourriture en général bonne parfois de très bonne qualité. Il me semble que les prix sont moins chers qu'il y a deux ans, ou alors je suis plus riche !

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Vendredi 21 septembre 2012

Volcan ! Oui ! Aujourd'hui ! J'avais ça dans la tête depuis bien longtemps, un peu comme j'ai fait en Afrique. Il y a au Chili un sacré Lascar (c'est le nom du volcan) qui est en activité permanente, qui se trouve à portée de voiture et de jambes de San Pedro de Atacama, et qui fume en plus tout le temps. Rien de mieux pour me faire redonner du tonus pour aborder la seconde partie de mon périple qui commence ... demain ! Je n'ai pu trouver que la date du 21 septembre pour un départ avec une agence spécialisée de San Pedro. Il faut dire que c'est une montée au cratère très facile puisqu'on n'a que 650 mètres de dénivellation à monter à pied. Le volcan est un stratovolcan donc est explosif, mais il est surveillé en permanence. Pour accéder à la ligne de départ, on est tenu de prendre un 4x4 - même un vélo ne passerait pas. Donc, pour me remonter le moral après l'épisode de la tempête à 4800 mètres qui me fait croire aux miracles, j'ai cherché et j'ai trouvé une excellente agence Cumbres 6000 qui m'a été recommandée par Claudio, un chilien qui a passé 20 ans dans la région de Clermont-Ferrand, et avec qui j'ai pu longuement discuter à San Pedro. Un guide, trois autres touristes payants, un excellent 4x4 qui n'est pas pour une fois Toyota mais Chevrolet, un accueil exceptionnel et la mise à disposition gratuite du client par exemple de chaussures ou d'un sac à dos (pour moi qui n'ai que mes sacoches de vélo), la nourriture, bref un tout compris pour 90 000 pesos (en gros 200 dollars) pour gravir un volcan actif de 5500 mètres. Vendu, j'y vais ... Ce matin à 6h, le beau 4x4 passe me prendre à l'alojamiento où je loge (alojamiento Casa de Huespedes, excellent repère pas cher et très propre où l'on peut se faire la cuisine). Le guide s'appelle Mariano. On charge ensuite la nourriture, un jeune couple et une étudiante en chimie, trois amis de Santiago venus en bus pour Le Lascar. La piste commence après le village de Toconao. On passe le village de Talabre et on gravit une très longue mais facile piste pour le 4x4 (ça secoue fort mais les amortisseurs sont excellents). On monte, monte, les quatre roues motrices assurent ! Camp de base : on petit déjeune, on prend le gros sandwich à la mayonnaise, salade, viande, et on commence la montée, raide comme toujours pour les volcans. Au bout de 15 minutes, l'altitude commence à produire ses effets : l'étudiante s'arrête tous les 20 mètres, mal de tête, puis tête qui tourne. Mariano le guide diagnostique les premiers symptômes du mal aigu des montagne, et lui demande de descendre à la voiture. Il l'accompagne et me demande d'assurer la montée au volcan pour les deux autres. La petite dame du couple devient assez vite d'une blancheur de visage qui fait pâlir. Son mari est en pleine forme. On s'arrête souvent, mais on finit par arriver au bord du cratère. Impressionnant comme souvent. De nombreuses fumerolles fusent de toutes les parois du cratère. Le vent nous est favorable heureusement, sinon ce serait insupportable compte tenu de l'acidité. Très beau, et, comme pour chaque volcan, ce volcan est différent de tous ceux que j'ai vus. Un cratère énorme de l'ordre d'un kilomètre de diamètre, des paliers en forme d'entonnoirs mais on ne peut voir le fond, des fumerolles nombreuses, alignées mais pas toujours, parfois éphémères. On n'est pas inquiet outre mesure. Le guide nous rejoint au bout de quelques minutes, me remercie, et nous finissons par une gentille descente en piquant tout droit vers la voiture tout en bas. Le retour nous ménage une très belle surprise. Le guide nous fait découvrir d'étonnantes structures rocheuses que les photos pourront rendre je l'espère. Retour à San Pedro pour 16h30, donc circuit assez rapide, pour prendre une bonne douche ... écrire un peu sur le site. Bonne journée pour le cycliste qui a vu que les effets de l'altitude ont été totalement gommés par les longues journées à plus de 4000 mètres de la première partie du parcours, et, pour la nième fois, on a encore demandé quel âge j'avais pour faire tout ça. Bref, après la retraite, peut-être voudrait-on me mettre le doigt sur autre chose ? En fait, ce sont des jaloux, non ?

Je reprends le vélo demain samedi pour le retour vers Salta par le passage frontalier au Paso Sico. Encore quelques bosses. Par sécurité, j'ai supprimé le décrochage par la laguna Miscanti pour me donner un jour de battement de plus car je dois avoir plus de 200 km de pistes non goudronnées. Pas d'inquiétude si je n'écris plus avant le retour à Salta car je vais retourner dans une zone sans possibilité de connection. J'essaierai tous les jours d'envoyer des SMS a la famille et Thomas fera une News sur la page d'accueil lorsqu'il recevra un SMS mais je ne garantis rien pour les SMS : tout dépendra du réseau.

(les textes des jours suivants ont été écrits à l'arrivée à Salta à partir des notes prises chaque jour sur mon carnet)

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Samedi 22 septembre 2012

Ouverture à 8h de la douane. Il faut tamponner la sortie du Chili ici à San Pedro de Atacama, sinon ils refoulent à la frontière au Paso Sico, et il y a ... plus de 150 km à se refaire à l'envers ! Il y a déjà plus de 30 personnes en attente, des transporteurs routiers pour l'essentiel qui passent la frontière au Paso de Jama et non au Paso Sico. On comprendra pourquoi dans les jours qui suivent. Il fait froid, tout le monde est encagoulé. Je commence à discuter avec un des tout premiers de la file d'attente, un chauffeur plutôt gentil et qui, au bout d'un moment, comprend que je veux lui demander de me laisser passer. Le policier arrive vers 8h15. Il est pressé de salutations. Apparemment, il est ... connu. C'est un jeune. Le tampon ne pose pas de problème. Je lui dis bien que je passe le Paso Sico dans quatre jours. Il est plutôt étonné que je veuille faire cela en vélo. Je comprendrai bien pourquoi ... dans les jours qui viennent. La route de Toconao est toute droite. Je la connais pour l'avoir remontée il y a deux ans. Du goudron magnifique. Que ça dure ! Mais plus de trace des cadavres d'ânes très nombreux vus il y a deux ans. Pas âme qui vive sur cette route de 39 kilomètres. Certes, c'est tôt mais ... je comprendrai pourquoi plus tard, les gens optent pour le Paso de Jama. A 25 kilomètres de San Pedro, le désert est coupé par une très belle barrière végétale : une beau boisement longiligne. Une nouveauté : Toconao est annoncé par de très beaux panneaux laissant entendre un village à visiter absolument. En réalité, l'entrée au village se fait toujours par le passage devant un ensemble bâti de la police mais, après, c'est un amas de bidonvilles puis le franchissement un peu délicat d'un énorme ravin qui donne accès à ce qui semble être le nouveau Toconao avec ... un superbe stade aux tribunes couvertes. La route continue, toujours aussi déserte. On laisse la bifurcation vers Talabre (le village près duquel se trouve le volcan Lascar gravi la veille). J'ai l'impression que cette route du Paso Sico est beaucoup moins emprunté par les véhicules que celle du Paso de Jama. Je longe pendant de très longs kilomètres le salar d'Atacama. La route devient en travaux pour "volcanisme". On fait un énorme busage sur lequel passera la nouvelle route. En attendant, une grande déviation est faite, en terre bien sur. Je me dis que le vélo doit s'affranchir de cette déviation. Gagné mais de justesse. Le passage des énormes buses est de la dimension des deux roues. Toujours le désert total et au plan paysager et sur la route. Il ne faudrait pas tomber en panne ! Des exploitations se font jour sur le désert d'Atacama, de sel mais aussi de lithium (panneaux). La montée des 30 derniers kilomètres vers Socaire est rude sous le soleil. Un plan de développement de l'agriculture est en cours avec la captation de sources d'eau et la création de bassins de rétention d'eau d'où serpente un réseau de canaux empierrés alimentant des cultures en terrasse. A l'entrée de Socaire, un hospedaje la Casa de Huespedes, un peu comme à San Pedro de Atacama. D'un bel aspect extérieur, tranchant bien avec le reste des habitations du village, je tombe sur un couple de gérants fort aimables. Je demande deux oeufs au plat avec une bière. L'intérieur de la salle commune est vraiment très propre avec une petite fleur dans un verre d'eau sur chaque table. La chambre, l'accès à une salle de bain commune avec douche chaude, le dîner, le petit-déjeuner, les oeufs et la bière font 18200 pesos soit un peu plus de 30 euros. Mais ... il faut que je prévois la nourriture pour les jours à venir sous tente. Contrairement à toute attente, il n'y a quasiment rien de disponible à acheter. C'est la surprise et ... un peu l'angoisse. Une première alimentation est fermée. La propriétaire, malgré mes demandes, ne daigne même pas lever les yeux et refuse de me vendre quoi que ce soit. A la deuxième alimentation, je trouve trois pommes mâchées que nulle part on ne vendrait, deux boites de thon, deux bouteilles d'eau, une bouteille de Coca, un petit paquet de biscuits pour ... 8000 pesos tout ronds (environ 15 euros !). Point intéressant : l'ancienne chapelle du village toute tordue est superbe. Mais l'ordonnancement du village, très longiligne de part et d'autre de la route, révèle une probable grande difficulté des gens de ce village à s'accorder sur une vision commune du développement de Socaire qui pourrait être une base touristique essentielle de ce secteur de l'Atacama, aux grandes richesses comme on le verra dans les jours suivants.

San Pedro de Atacama - Socaire, 92 km, 8h15 - 16 h, + 1114 m - 217 m (altitude maximale en vélo : 3274 m)

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Dimanche 23 septembre 2012

Je pars de Socaire un peu angoissé car Socaire est le dernier village avant le Paso Sico, la frontière avec l'Argentine, à deux nuits de tente. L'asphalte s'arrête à Socaire. Après, c'est de la bonne piste d'après ce que l'on m'a dit. Mais si c'était de la bonne piste, pourquoi cette absence de trafic d'autant que le passage le plus haut est 300 mètres plus bas que celui de l'itinéraire par le Paso de Jama ? C'est vrai que la piste est très bonne à la sortie de Socaire. C'est de la terre compactée avec du sel comme j'en ai trouvé de nombreuses fois lorsque je suis "descendu" vers Santiago du Chili il y a deux ans. Il fait frais ce matin après ce petit-déjeuner bien sympathique pris aux aurores avec une excellente confiture de cerises un peu trop cuites qui lui donne une saveur "tatin". La piste est roulante, montante. Toujours pas âme qui vive. Le paysage devient très coloré, un peu comme ce qu'on trouve en Bolivie. La piste salée laisse la place à la piste en terre/sable classique. Tiens ! une ligne à très haute tension avec des formes de pylônes assez originales (les pylônes sont montés sur un seul point d'appui mais élingués en carré). Trois cols sont franchis à 4040 mètres (col J), à 4089 mètres (col K), à 4137 mètres (col L). La piste a été très bonne pendant 25 kilomètres puis c'est de la tôle ondulée durant 40 kilomètres. Vue surprenante sur l'entrée du Salar Aguas Calientes depuis le dernier col avec comme premier plan ... la ligne THT. Sublime évidemment en faisant abstraction de cette structure artificielle. Les cables de la ligne sont marqués de boules rouges. Entre les boules, la lune en plein jour. La descente au Salar est ponctuée par quelques visions de vigognes, peu farouches. Le vent a commencé à pointer son nez il y a quelques heures mais il reste supportable car, cette fois-ci, plutôt favorable. Où poser la tente ? A l'abri du ... vent si possible. Mais, aucune ruine, aucun mur, aucun refuge, aucun rocher n'est suffisamment important pour faire office de coupe-vent. Je finis par positionner mon abri de toile derrière un ensemble de rochers en pleine vue du Salar Aguas Calientes. La tombée du jour sera belle ce soir ! Au menu, ... du lyophilisé, pas très appétissant car sans trop de goût. Et pourtant, il faut que je m'alimente un peu n'ayant rien mangé de la journée.

Socaire - Salar Aguas Calientes, 65 km, 8h - 15 h, + 1077 m - 413 m (altitude maximale en vélo : 4235 m)

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Lundi 24 septembre 2012

Que ça caille ! Tout est gelé. J'avais pourtant pris soin de mettre la bouteille de Coca et la bouteille d'eau dans la tente. Des glacons ! Je me passerai du petit-déjeuner. Pas envie de mettre le réchaud en route. Le soleil arrive assez vite. La tente a pu être pliée. Ciao les flamants ! La piste est ... dure, cassante, sablonneuse, glissante ... 33 kilomètres ainsi jusqu'à El Laco, un ensemble de bâtiments pour mineurs. Je ne m'arrête pas car je sais que je ne céderai pas à la tentation de me poser là. Or, le chemin est encore long. Le vent est présent depuis quelques heures. Je plante le vélo plusieurs fois. Puis, le vent le fait tomber tout seul alors que je buvais un coup de Coca. Le moral n'est pas terrible. Piste horrible avec tôle ondulée, cailloux pointus, sable imprévisible. Un pick up me rejoint, s'arrête. Les deux occupants sont inquiets pour moi. Quelle tentation cette caisse à l'arrière qui est vide et qui serait un endroit idéal pour reposer le Mulet. Mais non, je réponds que ça va ... Les deux cols M et N sont franchis respectivement à 4077 mètres et à 4570 mètres. Très belles lagunas Tuyato et et Sico, celle où se trouve le poste de carabiniers chiliens. Car, malgré tout ... j'avance. La piste de descente sur le poste de police est caillouteuse à souhait. Un jeune policier me demande les papiers. Je lui dis en rigolant que c'est mon anniversaire. Pas un geste de compassion. Je pensais pouvoir trouver un abri pour la nuit dans un recoin du poste de police. Au diable, là-bas à 500 mètres entre deux conteneurs, ce sera, d'après ce que me dit le bipède chapeauté en uniforme, un excellent abri contre le vent. Heureusement, le soleil est encore là. La tente sera secouée toute la nuit comme on secoue un prunier. L'effet Venturi ... j'aurai dû m'en douter. Nouvel épisode de lyophilisé : non, ce n'est vraiment pas appétissant, et pourtant ... il faut s'alimenter un peu quand même !

Salar Aguas Calientes - Carabiniers chiliens, 52 km, 8h25 - 14h30, + 682 m - 354 m (altitude maximale en vélo : 4570 m)

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Mardi 25 septembre 2012

Très froid encore ce matin. Coca et eau pourtant dans la tente font des icebergs ! La reprise vélo est dure sur une piste toujours aussi dure. Mais la frontière est bientôt là. Peut-être que côté argentin ce sera plus sympa ! Je franchis le col O à 4452 m. Le paysage est toujours exceptionnel : paysage de haute altitude sans un poil de vie apparente, mais un éclairage fantastique que seuls peuvent apprécier les lève-tôt. Curieusement, ledit Paso Sico (4079 m) n'est pas à proprement parler un col. La frontière se franchit sur un grand plat. Le poste douane/police argentin est 15 kilomètres plus loin à 3822 m. C'est un énorme ensemble bâti à l'intérieur luxueux. Douaniers et policiers semblent faire bon ménage. Pas une seule voiture ni camion aujourd'hui. Au total, depuis quatre jours sur cette "route internationale" un seul véhicule ! Dur, le travail des fonctionnaires ! Ils sont un peu plus sympas que les policiers chiliens d'hier. Ils me donnent deux litres d'eau et me disent de ... filer ! Il faisait pourtant bon dans ce beau bâtiment chauffé ! Deux directions possibles : soit rejoindre Olacapato par une nouvelle piste avec branchement sur la droite, soit rejoindre Catua par l'ancienne piste avec branchement à gauche. J'avais prévu de coucher à Catua, ce petit village minier où, normalement, je dois pouvoir trouver gite, couvert et alimentation. La piste est à peine meilleure. La tôle ondulée, les cailloux, le sable mou sont toujours là. Un nouveau petit col (col P) est franchi à 3977 mètres après 15 kilomètres depuis le poste de police, puis j'arrive assez rapidement au village minier. Village assez imposant, très étendu, une église à la peinture extérieure provocante, des habitants qui se cachent. Trouver une alimentation est ma première préoccupation. J'achète du coca, puis je demande deux oeufs. Deux petits vieux, des frères, me prennent en charge et me conduisent dans un labyrinthe qui aboutit sur un tronc d'arbre qui sert de chaise au pied d'une caisse renversée qui sert de table. J'ai trop faim. En guise d'oeufs, on m'apporte une plâtrée de riz avec quelques millimètres de viande. Je demande une bière. Un litre m'est apporté avec trois verres. Je comprends vite que je dois partager le super brevage. Un verre fini d'un seul trait ... pas par moi mais par mes convives. Je remplis à nouveau - au diable l'avarice - et il me reste a peine de quoi boire la moitié d'un verre. Le tout pour 45 pesos. Une chambre ? Bien sûr, avec douche chaude, me promet-on. Les deux frères me conduisent à ce qui est considéré comme un hospedaje. Un dortoir, un lit avec des draps propres, la douche dans un réduit crasseux, avec les toilettes et une poubelle pleine à ras bord. Eau chaude, si, si, dans une heure ! Bien sûr, j'attendrai l'eau chaude qui n'arrivera jamais. Pour la chambre sans petit déjeuner, c'est 25 pesos. Pour la douche, on me demande 15 pesos. Je dis au monsieur que je suis français pas américain, que le prix de la "chambre" inclut toujours la douche. Il n'insiste pas. Je suis trop fatigué, je me couche quelques quarts d'heure. Un des deux frères me propose le repas du soir, du poulet pomme de terre pour 15 pesos. Bien sûr, j'accepte. A 20 heures. De acuerdo ! La nuit arrive, le village devient un peu fantomatique. 20h15, toujours pas de poulet. Je retrouve le labyrinthe qui me conduit chez les deux frères. Ils discutent autour d'une bouteille de ... bière. Me voyant, le plus ancien bondit vite et comprend ce que j'attends. Il se lève et ... titube, sort et va chercher le ... poulet. Cinq minutes passent, dehors, nuit noire. Je file à mon dortoir pour attendre le précieux aliment. Un quart d'heure passe. Toujours rien. Je repars faire le labyrinthe et retrouve le frère aîné ... assis autour dune table discutant autour d'une nouvelle bouteille de bière. En me voyant, le titubant se redresse et ... file dehors dans la nuit noire pour chercher le ... poulet. Même scénario : je file à mon dortoir. 15 minutes plus tard, toujours pas de poulet. Je reviens et hausse le ton : ils discutent toujours autour de la bière blanche. Excédé, sentant que je ne mangerai pas ce soir, je sors en les maudissant. Il me reste à trouver une solution. Je vois une lumière. Je tape au carreau et demande du ... poulet ! La brave dame a pitié et finit par me proposer, dans un quart d'heure, du steak de boeuf avec des frites. Bien sûr : de acuerdo ! Et là, ce fut la bonne. Un quart d'heure après, elle me portait dans mon dortoir un excellent et copieux steak frites. 15 pesos. Muchas gracias ! Il avait fallu que dans ce village perdu, je tombe sur les poivrots du coin ...

Carabiniers chiliens - Catua 62 km, 8h15 - 16h, + 340 m - 715 m (altitude maximale en vélo : 4452 m)

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Mercredi 26 septembre 2012

Réveil à 7h30. bonne nuit sans douche chaude. Petit déjeuner chez la brave dame d'hier. Tout est propre chez elle. Une vraie table avec une vraie chaise. Café-lait avec pain et pâté. Le mari m'indique la piste pour Olacapato : pas de problème, ça monte un peu au début puis ça descend toujours. A peine 40 kilomètres. Confiant, je file, le soleil levant en plein dans les mirettes. En fait, ce sera la plus mauvaise piste que j'aurai franchie ! Et pourquoi croyez-vous donc cher français cycliste que l'on fit la nouvelle piste pour rejoindre Olacapato depuis la maison des policiers/douaniers ? En bon basque, il a fallu que je choisisse le mauvais côté. Infernal cet espèce de magma sableux pendant les 20 premiers kilomètres. Et ça montait en plus. Je poussais le vélo très souvent par la force des choses car le sable était mou. Une seule voiture 4x4 vint de face. Le chauffeur me dit que la piste est ... de l'autre côté parce que celle-la est trop difficile. Il me donne un verre de jus d'orange. Quelques lamas observent cet espèce de bipède qui marche avec des roues. Un vrai col oublié est franchi à 4310 mètres. Puis, descente ... ouf ! le salar de Cauchari est en vue. Je le traverse. Que c'est agréable une piste salée. Mais ... le cauchemar continue après. Je finis par rejoindre la nouvelle piste. Là, ... des camions, des voitures, des motos, mais en petit nombre, semblent sortir de nulle part et rejoignent Olacapato dans des nuages de poussière. Tiens, des rails ! C'est la voie ferrée du Train des nuages qui, aujourd'hui, n'est plus utilisée qu'une fois par semaine de Salta jusqu'à San Antonio de los Cobres - où je serai demain - par les touristes. Je pousse très souvent le vélo et finis par voir poindre les maisons d'Olacapato. Village de mineurs encore avec de l'or, du borax, du cuivre, du lithium. Une grande et belle école accueille 70 élèves. Son directeur me propose d'envoyer un message par internet. Bonheur de pouvoir dire où je suis par liaison satellite - le téléphone ne passe toujours pas. Un hospedaje m'accueille avec une vraie douche. Que buena ! Bonne nourriture ... j'en avais bien besoin. Je décide de chercher un véhicule pour me monter au col prochain à 4550 mètres durant les 30 kilomètres de piste de sable demain. La journée a été trop dure aujourd'hui.

Catua - Olacapato, 49 km, 8h15 - 17h, + 352 m - 394 m (altitude maximale en vélo : 4310 m)

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Jeudi 27 septembre 2012

Le petit-déjeuner, c'est juste du pain sec et un peu de café au lait. La voiture pour les 30 kilomètres de montée au col, c'est 100 pesos. Je n'ai pas le choix. Un seul véhicule possible, et ... quel véhicule ! une "camionnette" comme l'appelle le directeur du collège. En fait, un 4x4 hors d'âge où tout est métallique, même la planche de bord. Un énorme moteur à essence qui fait ... solide. Le moteur ronronne comme un chat enrhumé. Au moins un bon huit cylindres ! L'heure promise était 9h30. J'ai attendu jusqu'à plus de 11h. La montée au col s'est faite sur cette foutue piste sableuse. Bien m'en a pris de prendre un véhicule. Deux cyclistes descendant poussaient leur vélo les pattes au sol ! Arrivés au col, le chauffeur me propose de me conduire directement à San Antonio de los Cobres. J'hésite fort. Mais ... non. Point trop n'en faut. La descente semble faisable à vélo. Adios ! Beau soleil, beau paysage. La descente se fait sur une piste de plus en plus dégradée mais au moins ça passe sans mettre pied à terre. De nombreux engins de travaux publics essaient d'aplanir un peu les passages. Descente de 28 kilomètres. Aucune habitation mais de très belles ruines tout en pierres avec des astuces de construction assez belles. A n'en pas douter, il y a eu là un artisan talentueux. L'arrivée à San Antonio de los Cobres se fait en passant sous un énorme viaduc ferroviaire du Train des nuages. Sur les conseils judicieux de précédents voyageurs, je file à l'hospedaje Sumaq Samay. Excellent accueil de Nabor, l'homme au prénom mondialement unique m'a-t-il dit. Impeccable de propreté ! Quel changement ! Digne d'un bon hôtel. Certes, la salle de bain est commune, mais il y a tout pour être "tranquilo" comme dit Nabor : possibilité de se faire la cuisine, internet gratuit, petit-déjeuner. 75 pesos. On y resterait la semaine ! A recommander fortement. C'est le meilleur rapport qualité/prix de tout mon périple. Demain, normalement, je vais retrouver l'asphalte. Good, good !

Olacapato - San Antonio de los Cobres, 30 km en voiture, 45 km en vélo, 11h - 16h, + 600 m (voiture) - 800 m (altitude maximale en vélo : 4550 m)

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Vendredi 28 septembre 2012

Impeccable le Nabor ! Soigné comme un milord ! A 7h30 pétante, le petit-déjeuner est servi dans une pièce chauffée avec une douce musique. Tranquilo ! Café au lait, dulce de leche, beurre, pain. Il manque juste le jus de fruit. Piste encore pendant 28 kilomètres. Ca monte dur mais l'espoir de trouver bientôt l'asphalte me donne des jambes. Quelques poussées vélo. On suit la voie ferrée souvent. Le col R n'est pas à 4096 m mais à 4200 m. Et ... la piste se termine brutalement. Goudron, que tu es bienvenu ! Abra blanca, un col que je n'avais pas prévu à 4100 m. Un vent à décorner les imbéciles ! Une brave dame tout encapuchonnée propose des bonnets à vendre. Qui voulez-vous qui s'arrête là ! Mon vélo tombe tout seul sous les coups de boutoirs d'Eole. Vite, dégageons ! La descente est splendide. Cette vallée du Rio Toro est magnifique par les formes de la montagne et les couleurs. Arrivée à Santa Rosa de Tastil. Beaucoup d'étals de bibelots artisanaux. J'ai faim. Dans un réduit tout noir, un jeune me sert des spaghettis avec une sauce, un verre de vin rouge, pour 26 pesos. Que c'était bon. Il manquait une peu de rappé de parmesan ou, à la rigueur, de gruyère ... Pas de possibilité de chambre. Je file plus bas. Alfarcito est une sorte de station à la fois pour touristes mais aussi pour un collège catholique qui accueille autour de 100 élèves qui viennent des alentours. Belles constructions modernes qui font la part belle au solaire. J'y ai vu même des murs passifs qui emmagasinent l'énergie pour la restituer à l'intérieur. Très belle petite chapelle. C'est un lieu-dit très prisé des autocaristes. Quelques lamas cabotins. Sympa le lieu. Je trouve une chambre chez les maîtres des lieux, une famille qui a fait don des terrains pour construire le collège religieux. Tout est un peu sommaire mais très authentique. La famille m'accueille pour le repas du soir, très typico, dans une pièce qui sert à tout. Chauffage par une cuisinière qui brûle du bois de cactus. L'Ancien est là, 82 ans, très admiré de ses enfants. Il a du sang de condor, m'ont-ils dit.

San Antonio de los Cobres - Alfarcito, 75 km, 8h05 - 15h, + 472 m - 1387 m (altitude maximale en vélo : 4200 m)

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Samedi 29 septembre 2012

Petit-déjeuner prévu à 7h30. Tout le monde dort ! La Señora finit par sortir son bonnet, tape aux différentes portes pour réveiller son monde. Un quart d'heure après, l'Ancien pointe le nez. C'est finalement lui qui me préparera le petit-déjeuner. Pas grand chose : café avec du pain sec. Je pars en descente tranquillement vers Campo Quijano, la porte de sortie de mon tour Salta/Salta. De la vraie route ! Tout est tranquille, la vallée est bardée de boisements de cactus. Au bout de 30 kilomètres, horreur ! de la ... piste ! Oui, un dernier morceau de 25 kilomètres. Quel morceau ! La piste serpente dans une partie étroite de la vallée du Rio Toro. Le paysage est très beau avec de temps à autre des éclairages de couleurs magiques sur les flancs érodés de la montagne. L'éclairage en biais souligne des formes géométriques assez uniques. Je croise et recroise la voie ferrée. Aujourd'hui samedi, le train devrait circuler mais il y a eu un problème de machine, alors ! C'est la tornade blanche quand les bus, les camions remontent la vallée. Peu consentent à ralentir leur allure à mon passage. Toujours la piste. Un très beau viaduc ferroviaire barre la vallée. Un morceau de goudron, c'est la sortie de la piste ! ... Non, pas encore. 10 kilomètres avant l'arrivée à Campo Quijano, brutalement le goudron bienfaisant est là ! Finie la galère. La petite ville est un un peu bizarre pour l'étranger. Pas d'information sur les possibilités de logement sinon une indication policière pour un camping tout proche, et une totale ignorance de la tenancière du camping qui ne me propose qu'une place pour la carpa (tente). Je trouve une chambre, mais dans une pièce où tout est noir, pas très propre pour 90 pesos. Pas question. Je finis par trouver une très belle chambre avec un grand lit et tout le confort pour 100 pesos. C'est vendu. Ouf ! Curieusement, alors qu'on n'est qu'à une quarantaine de kilomètres de Salta, les deux cybercafés ne permettent pas l'accès a la messagerie : problème de fin de réseau, m'a-t-on dit. Une grosse et ancienne et authentique machine à vapeur du Train des nuages est exposée en centre-ville.

Alfarcito - Campo Quijano, 76 km, 8h - 12h, + 86 m - 1319 m (altitude maximale en vélo : 3000 m)

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Dimanche 30 septembre 2012

C'est le bout ! Après une très bonne nuit - l'altitude doit y faire - départ au soleil avec une banane. Les vêtements chauds restent de mise. La route est certes goudronnée mais devient un peu dangereuse car étroite avec une circulation qui n'est plus nulle. Mon esprit divague un peu pensant aux bonnes choses que je vais pouvoir maintenant avaler. Hier soir déjà, ça a bien commencé avec des pâtes, de la sauce, du gruyère rappé, et un bon verre de vin rouge. Ne relâchons pas l'attention, mon cher Mulet. Hier déjà, il m'a donné des signes de lassitude avec des craquements de chaîne inquiétants. Pourtant, il a bénéficié d'une chaîne toute neuve, de pignons et de plateaux rutilants ! Mais ... peut-être les quelques 280 kilomètres de pistes poussiéreuses ont-ils fatigué ses crocs ? On est à 1500 m d'altitude. La respiration est redevenue normale. C'est la campagne, verte, avec des élevages de bovins, de chevaux. Pas trop de cultures. Les abords de Salta pointent du nez. Une grande station-service. C'est l'heure du nettoyage du Mulet. Impossible de le présenter tout blanchi de poussière. La Casa de Borgoña m'interdirait l'entrée. Un seau, une serpillère, de l'eau chaude avec un peu de produit. Ouaouh ! Du coup, vélo et sacoches sont à la même enseigne : à l'eau ! 10 kilos de moins ou presque. Tout léger, je fais trois fois le tour de la ville avant d'arriver rue d'Espagne. Il est 11h. Je me pose devant la belle porte ancienne en bois de la Casa de Borgoña. Je sonne. Aude et Sebastien viennent m'accueillir, contents de me retrouver ... vivants, m'ont-ils dit. Sympas, non ?

Campo Quijano - Salta, 37 km, 8h - 12h, - 254 m (altitude maximale en vélo : 1664 m)

30/09/12: La boucle est bouclée! Il est de retour à Salta

Vendredi 5 octobre 2012 : De retour à Eysus avec vélo et sacoches grâce à Ross et à Cécile, son épouse, qui sont venus me cueillir hier à l'aéroport de Barcelone, et qui m'ont fait découvrir la sierra de Monsant à environ 80 km au sud de Barcelone, un havre de paix, de confort et de bonne chère (excellent hôtel-restaurant).

Et si je faisais un premier bilan ...

De tous mes voyages à vélo, c'est le plus engagé qu'il m'ait été donné de faire. Non pas physiquement (il suffit de trouver le bon réglage de vitesse pour faire monter le bonhomme et les quelques 50 kg de vélo/bagages), mais mentalement du fait de l'ensemble des éléments de risque qui étaient réunis : l'altitude avec 12 journées de pédalage à plus de 4000 mètres (5 consécutives dans la première moitié du parcours, 6 consécutives dans la deuxième moitié) avec 16 cols franchis dont 15 à plus de 4000 m avec un maximum à 4830 m, l'absence de possibilité de ravitaillement imposant par précaution un minimum de trois à quatre jours de réserve d'aliments et surtout de liquide (12 litres mais, à l'expérience, c'est deux fois trop), l'inconnue de la météorologie locale (s'engager à plus de 4000 m pour 3 jours de vélo sans aucun refuge, aucun abri autre que la tente) qui, comme je l'ai vécu, aurait pu me jouer un sale tour avec la tempête subie, la qualité des routes (très bonne pour la première partie par le paso de Jama, souvent très difficile dans la deuxième partie par le paso Sico avec 281 km de pistes réellement faites à vélo + 30 km de pistes faites avec un 4x4). Ceci sans compter qu'il faut veiller en permanence à ne commettre aucune faute compte tenu qu'on est seul (vélo en parfait état et mené avec douceur, éviter les chocs et les chutes, anticiper les évènements (notamment avec les véhicules rencontrés), rester très modeste face aux envies (éviter d'aller au-delà des traces car certaines portions de terrain sont minées parait-il). Bref, toujours rester lucide et anticiper (froid, manque d'oxygène, surprises de toute nature). Au total, un sacré morceau (ceux qui ont fait la boucle complète à vélo Salta/Salta par Paso Jama et par Paso Sico ne doivent pas être légion). Un excellent souvenir : le volcan Lascar.

 

Une curiosité : un impact de météorite ?

Voilà ce que j'ai pu observer après avoir gravi le volcan Lascar : une forme circulaire quasi parfaite que l'on repère bien sur Google Earth. Je ne résiste pas à mettre ici photos et coordonnées.

J'ai interrogé des collègues sur l'origine de cette forme circulaire :

"J'ai localisé le cratère. Il est 60 km au nord de Monteraqui. Il a une "bonne tête", mais il y a beaucoup de volcans dans le coin ... Il faudrait l'échantillonner pour savoir ce qu'il en est. Si c'est un nouveau cratère, c'est excitant ! Causé par le même bolide que Monteraqui ?" (Professeur Matthieu Gounelle, Laboratoire de Minéralogie et Cosmochimie du Muséum National d'Histoire Naturelle)

"Impressionnant !! Dommage que tu n'aies pas pensé à ramener un échantillon de roches, car, en géol, il est finalement assez simple de reconnaitre un impact météoritique car on y retrouve des minéraux particuliers marqués par la violence du choc (mais en vélo !!!). En tous cas, son état de conservation est magnifique ; il est peut-être très jeune quoique le climat de l'Atacama est parfait pour conserver ce genre de formes." (Professeur émérite Jean-Jacques Lagasquie, géographe, Université de Pau et des Pays de l'Adour)

"Concernant le supposé point d’impact, il y a au voisinage en liaison évidente avec lui, un champ de roches noires (laves ou blocs épars), dont la disposition quelconque n’évoque pas un épandage issu d’une collision (que l’on supposerait plus ou moins rayonnante). Aussi me suis-je posé la question de savoir si la forme parfaite observée n’était pas le résultat d’une «éruption phréatique», ayant produit quelques coulées.. Par analogie avec un autre édifice subcirculaire que je connais. Ceci, pour ce que je crois savoir, supposerait un processus plus ou moins explosif à proximité de la surface, localisé, dans le contexte d’un épisode éruptif plus large. Par contre, on voit bien à la périphérie immédiate de la dépression un rempart (noir) formant liseré continu, tel qu’en construirait un impact. Un astroblème est habituellement confirmé par la présence dans les débris du minéral coesite, qui est (comme le quartz) une forme de silice mais de haute pression. La coesite peut être détectée sur échantillons dans un laboratoire de minéralogie équipé d’une chambre d’analyse aux rayons X." (Professeur émérite Michel Clin, géologue, Université de Bordeaux)